Association  BPSGM          Les Basses Pyrénées dans la seconde guerre mondiale         64000 Pau

LAULHE Benoit. Résistances C.F.P. 61: UN EXEMPLE D’ACTION MENÉE PAR LE BATAILLON CARRÈRE: DÉRAILLEMENT DU 13 JUIN 1944 A SAINT-CHRISTAU

UN EXEMPLE D’ACTION MENÉE PAR LE BATAILLON CARRÈRE : LE DÉRAILLEMENT DU 13 JUIN 1944 A SAINT-CHRISTAU.

 

Benoit LAULHE – La Résistance dans les Basses-Pyrénées – Master U.P.P.A. – 2001 –

Fiche n°61.

 

 

 

UN EXEMPLE D’ACTION MENÉE PAR LE BATAILLON CARRÈRE : LE DÉRAILLEMENT DU 13 JUIN 1944 A SAINT-CHRISTAU.

          L’ordre de mobilisation du 6 juin 1944 indiquant aux hommes du Corps franc Pommiès (C.F.P.) de s’attaquer en priorité aux axes de communication ennemis, le maquis de Bilhères-d’Ossau commandé par Courbet décide, en association avec les F.T.P. (Franc-Tireur Partisan) du chef André, d’attaquer le 13 juin 1944 un convoi de ravitaillement allemand sur la ligne ferroviaire Pau-Canfranc.

          Couronnée de succès, cette opération entraîne la destruction du convoi ainsi que son pillage par les résistants et les populations locales, mais aussi une série de représailles et d’opérations de contre-guérilla qui mène les deux maquis vers une inévitable disparition.

          Evoquer l’action du C.F.P. dans les actuels milieux de résistants entraîne souvent des polémiques assez fortes. Si les origines de ce mouvement et la portée de son engagement originel peuvent en effet être sujettes à débat, l’action de ses membres après le débarquement ne comporte elle aucune discussion.

          Relativement bien armés et équipés par rapport aux autres mouvements, bien encadrés et entraînés, les chasseurs du C.F.P. mènent après l’ordre de mobilisation de nombreuses actions répondant à des objectifs stratégiques, avec des résultats réguliers et significatifs. L’un des exemples les plus représentatifs de ces opérations du Corps Franc réside dans l’attaque d’un train sur la ligne Pau-Canfranc le 13 juin 1944.

          Décidé par le chef Courbet (commandant du maquis de Bilhères), et André, (commandant d’un groupe de Franc-tireur partisan français qui occupe un maquis proche de celui du C.F.P.), ce projet résulte de l’association des deux mouvements de résistance et d’une ferme volonté de réaliser une grande action spectaculaire et symbolique. Basés en vallée d’Aspe, les deux groupes ne mettent que peu de temps à trouver leur objectif : le train de ravitaillement allemand venant d’Espagne par la ligne internationale Canfranc-Oloron-Pau. Obtenant l’aide d’un conducteur de la locomotive (qui est également le père d’un des hommes de Courbet), l’opération est programmée pour le 13 juin.

          Regroupant une vingtaine de chasseurs et quelques hommes des F.T.P.F., un commando se positionne à cette date entre Lurbe et Escot,  au sud de Saint-Christau. Après avoir déboulonné les rails sur plusieurs mètres, les hommes se mettent en embuscade et attendent le convoi. Vers 17 h, la locomotive approche de la zone d’attaque. Comme prévu, le conducteur ralenti et saute du train et laisse ce dernier rouler vers le virage où il est censé dérailler.

          Tout se produisant comme prévu, les trois premiers wagons et la locomotive se renversent alors qu’une dizaine de voitures déraillent. Surpris par un tel accident, la section allemande de protection descend du train et tire dans tous les sens. Vite prise sous le feu nourri des F.T.P. et du C.F.P., ces hommes s’enfuient après une demi-heure de combats laissant aux résistants, mais aussi à la population locale, un train entier de ravitaillement rempli de vivres espagnoles (agrumes, jambons, bétail, huile…) originellement destinées à la Wehrmacht.

          Cependant, si cette opération se déroule sans grands problèmes et est rapidement considérée comme un franc succès, la suite des événements amène son lot de représailles et d’opérations de contre-guérilla allemandes.

          Dès le 19, les deux maquis sont attaqués. Courbet, par mesure de sécurité, refuse l’association avec André ainsi que le maintien de la position et préfère se replier vers Nay. Il laisse donc son récent allié seul face aux offensives allemandes. Cela pouvait pourtant être l’une des premières et rares lutte du maquis de Bilhères-d’Ossau, cette unité fusionnant peu de temps après avec la compagnie Vernet avant d’être complètement démobilisée.

          Illustrant les méthodes, les objectifs mais aussi les conditions d’action du Corps Franc Pommiès, cette opération terroriste contre la ligne internationale Pau-Canfranc nous permet donc de nous plonger dans l’univers de cette guerre qui n’avoue pas son nom, mais qui symbolise durant tout le conflit le désir d’engagement des forces de la résistance.

 

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