Association  BPSGM          Les Basses Pyrénées dans la seconde guerre mondiale         64000 Pau

LAULHE Benoit. Résistances C.F.P. 57: LE C.F.P. SE MET EN ORDRE DE COMBAT – PRINTEMPS 1944 –

LE C.F.P. SE MET EN ORDRE DE COMBAT (PRINTEMPS 1944).

 

Benoit LAULHE – La Résistance dans les Basses-Pyrénées – Master U.P.P.A. – 2001 –

Fiche n°57.

 

 

LE C.F.P. SE MET EN ORDRE DE COMBAT (PRINTEMPS 1944).

 

          Période de calme et de préparation au niveau des actions menées, le début de l’année 1944 reste pour le Corps franc Pommiès marqué, dans les Basses-Pyrénées par une série d’arrestations et par un profond renouvellement des cadres.

          Avec toujours cette échéance du jour J, date du déclenchement de la lutte ouverte, le bataillon essaye de parfaire son organisation, de compléter son quadrillage du terrain et d’éviter tout contact avec les Allemands ou tout danger pour ses maquis.

          Il assure ainsi en partie à bien sa mission, le 6 juin 1944, sa structure étant complète, ses effectifs en progression, même si au niveau logistique de grandes lacunes restent présentes.

          Si l’année 1943 semble être assez calme pour le Corps franc Pommiès, avec une action qui se limite principalement à la collecte de renseignements sur l’ennemi et au recrutement d’hommes, l’année 1944 commence par une série de coups durs dans la région paloise. Ainsi, dès le 2 février, la Gestapo arrête à l’aube le commandant Camus à son domicile place Gramont. Le même jour, à Bielle, c’est au tour du commandant du maquis de Bilhères-en-Ossau (Pantin) et de ses deux adjoints (Proust et El Kaïm) de tomber dans les mains de la Milice.

          Chaque arrestation informe un peu plus les Allemands sur l’organisation du C.F.P.. Peu de temps après, c’est M. Bonnard, propriétaire de l’hôtel des sports à Bielle, mais surtout relais indispensable pour la fuite des aviateurs alliés qui est pris et déporté. Meininger lui-même échappe de justesse à un piège de la police secrète allemande. Caché dans le Gers, il achève ainsi son action dans les Basses-Pyrénées. La résistance continue toutefois pour lui dans le groupement Ouest. Avec le départ de Peillon en février 1944, c’est donc toute l’ossature du bataillon des Basses-Pyrénées qui est détruite, le reste des troupes étant paralysé par ce manque de cadres.

          Face à ce problème de commandement, le chef du Groupement Sud-Ouest, le capitaine Bénony, désigne un ancien officier du Deuxième hussard de Tarbes, activement recherché par la Gestapo, le commandant de Carrère.

          Dès sa prise de commandement, ce dernier s’entoure d’un état-major composé des adjudants Chapotet et Majesté, de Hugues Santot et de M. Moulié aux liaisons. Cependant, à la même époque, il doit également faire face au départ de quelques éléments pour diverses raisons. C’est notamment le cas du lieutenant Robert dont les hommes passent sous les ordres de Bourdaux et de Henry à Lembeye. En plus de rassembler ces troupes, ce dernier reçoit également le commandement de deux petits maquis, un à Samsons-Lions, l’autre sur la route de Lembeye à Escures, respectivement sous les ordres de Soisson et de Vanhoute.

          Par la suite de Carrère doit restructurer les éléments touchés par la vague d’arrestations : Geny prend au nord de Pau l’ancienne compagnie de Peillon et la section de Thèze. Galtier d’Auriac prend en charge le maquis de Bilhères et y nomme Albert Courbet, un réfractaire au S.T.O.

          Cependant, fin février, malgré ces nombreux changements et les multiples efforts destinés à relancer le bataillon, plusieurs dangers menacent le C.F.P. Le premier d’entre-eux concerne dès l’hiver 44 le ravitaillement des maquis, principalement celui de Bilhères. Malgré l’aide généreuse de quelques fermiers alliés, Mme Capdaspe notamment,  ou de fonctionnaires tels que de Riquier, ce groupement manque de vivres, de vêtements et de moyens pour survivre.

          Face à ces pénuries et aux recherches ennemies qui s’accentuent du fait de l’arrivée massive de réfractaires du S.T.O. Galtier d’Auriac décide de déplacer le maquis vers la région de Lucq-de-Béarn. Toutefois, informés de ce déplacement, les Allemands et les miliciens menacent et attaquent à plusieurs reprises le groupe. Quelques opérations de contre guérilla (le 17 mars par la milice et début mai par les Allemands), imposent ainsi aux hommes de Courbet et de Galtier d’Auriac de nombreux allers et retours entre leur refuge de Lucq-de-Béarn et de Bilhères-en-Ossau. Finalement, fin mai, en réaction à ces opérations ennemies, le maquis s’installe dans le bois de Saint-Christau (à 9 Km d’Oloron) où il reste quelques temps avec un effectif de soixante hommes et cadres.

          A présent, au-delà des problèmes liés à la pression ennemie, à l’intérieur même de l’armée de l’ombre départementale, des tensions entre C.F.P. et Armée Secrète affaiblissent et retardent les préparatifs en vue de la mobilisation. Ainsi, des prises de contact entre A.S. et unités du Corps Franc, sans consultation de la hiérarchie de ce dernier, font qu’à quelques jours des combats, une partie des hommes ne sait plus à qui obéir et où aller.

          Malgré ces multiples changements et ces différents coups durs, le C.F.P. à la veille du 6 juin 1944 semble être prêt à entrer dans l’action. Quadrillant efficacement le département, dirigé par des cadres souvent expérimentés et compétents, le bataillon des Basses-Pyrénées s’organise autour du commandant de Carrère et de ses adjoints  (Sautot et Chapotet), mais aussi autour de Moulié (officier de liaison), de Majesté et Briquez (responsables des effectifs). Entre ce petit état-major et le gros des troupes, la base du bataillon reste les compagnies. Au nombre de quatre, elles tiennent chacune une grande zone géographique du département :

– Henry dans la région de Morlaàs-Lembeye (Vic-Bilh) 

– Geny dans la région de Pau-nord et de Thèze

– Riquer dans la région dOloron (Haut-Béarn)

– Bèguerie dans la région de Mauléon.

 

          A ces quatre divisions militaires s’ajoutent également des éléments dans la région de Nay-Bourdette commandés par Vernet et un maquis dirigé par Courbet.

          Au total, le C.F.P. dans les Basses-Pyrénées peut mobiliser à la veille du 6 juin plus de cinq cent hommes et cadres. Si cette force semble imposante et structurée, dans la réalité, les problèmes d’équipement en armes, de ravitaillement, associés à la pression des Allemands et des miliciens font qu’au jour de la mobilisation, seule une partie de ces troupes est capable activement de prendre part aux combats de la libération.

 

 

 

 

ANNEXE.  Chronologie des actions, destructions, sabotages et parachutages du C.F.P. avant l’ordre de mobilisation générale dans les Basses-Pyrénées.  

 

Nuit du 17 au 18 octobre 1943 : parachutage sur le terrain du Faget, près d’Estialessq, pour une équipe commandée par Galtier d’Auriac

14 avril 1944 : sabotage de l’usine d’optique et de mécanique de précision (S.F.O.M.) rue Lapouble, à Pau. Destructions importantes avec trois tours spéciaux, cinq ordinaires,         une machine optique et une rectifieuse inutilisables, mais surtout avec l’effondrement de la toiture et d’un étage. (1)

15 avril : vol d’une voiture saisie par la Gestapo par le maquis Courbet

– Fin avril : parachutage manqué à Lembeye par la présence de barrages ukrainiens qui empêchent l’équipe Chapotet de se rendre sur le terrain

– Nuit du 3 au 4 mai 1944 : Parachutage reçu à l’ouest de l’Hôpital-Saint-Biaise pour l’équipe Bèguerie

– 5 mai : nouveau sabotage de l’usine d’optique (S.F.O.M.) avec d’excellents résultats : un transformateur central atteint et arrêt définitif de la production (l)

5 et 6 mai : vol par la compagnie Bèguerie d’un camion des PTT réquisitionné par les Allemands

– 12 mai : destruction de pylônes haute tension et de la ligne électrique Lannemezan-Jurançon à Gan (1)

– 13 mai : Sabotage de l’usine Dewoitine à Jurançon, destruction de trente machines outil et de treize moteurs d’avion Studebaker des forteresses volantes abattues et remises en état par les Allemands. Par ailleurs, effondrement de bâtiments et incendie de dépôts d’essence. (1)

– 15 mai : Vols de couvertures, vêtements et denrées au Chantier de jeunesse de l’école normale de Lescar

– Début juin : parachutage à Espechède reçu par l’équipe Henry

– 5 et 6 juin : parachutage à l’Hôpital-SaintBlaise pour la compagnie Bèguerie.

 

(1) : Les trois sabotages contre les usines et le sectionnement de la ligne haute tension sont le fait de l’équipe de destruction du CFP venue de Toulouse et commandée par Bernard Amiot.

 

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