Association  BPSGM          Les Basses Pyrénées dans la seconde guerre mondiale         64000 Pau

Policiers-résistants de la 17ème Brigade de Pau. MAYALI Roger.

portraitMAYALI Roger, Evariste.

Né le  2 décembre 1910 à GUYVELDE (Nord),

Fils de Jean MAYALI et de Eudoxie, Sidonie VERWAERDE

Marié à Angèle PASSEBON le 01/12/1934 à Paris (9ème).

Domicilié durant l’occupation : 5 rue d’Etigny à PAU.

 

 

Jean Mayali est d’origine corse , il est né à Piedicorte-di-Gaggio ; il est préposé des Douanes à Guyvelde  et s’est marié à une fille du Nord qui est ménagère.

En octobre 1914, la France est en guerre. L’attaque allemande commencée fin août a été fulgurante et la Belgique envahie. Jean Mayali, le père de Roger est affecté au 1er bataillon de douanier, 2ème compagnie. Le 24 octobre, il est tué d’une balle dans la tête. Il décède à l’hôpital temporaire N°5 d’Amiens.

Le petit Roger est orphelin de guerre ; il est pupille de la Nation (par jugement du Tribunal de Corte de 1918). Son enfance se passe dans le souvenir de ce père douanier Mort pour la France. Son acte de naissance stipule qu’il est né dans la caserne des Douanes de Ghyvelde.

MAYALI Roger s’est affilié au mouvement « Combat » dès l’année 1941.

Affecté au service des renseignements, il fut chargé entre autre, d’assurer certaines liaisons intra et extra départementales. Il contribue de la sorte à l’organisation du mouvement.

Il continue par la suite à servir le MUR départemental avec le même dévouement et la même abnégation.

En liaison permanente avec son chef direct SPOTTI, chef de la 17ème brigade de police judiciaire, il informe le tissu résistant local de toutes les entreprises répressives contre les maquis ou les hommes de la Résistance. Dans les cas d’urgence, il n’hésite pas à informer lui-même les intéressés des poursuites dont ils font l’objet.

Son action d’informations rapides et sures a sauvé un grand nombre de résistants de la répression vichyssoise ou allemande.

Naturellement, le 06 juin, il répond spontanément aux ordres de Londres et d’Alger, ainsi qu’aux appels de sa conscience républicaine ; il rejoint son maquis « Groupe Michel », participe à toutes les actions défensives de ce maquis et devient le secrétaire d’Ambroise BORDELONGUE, chef départemental des Mouvements Unis de Résistance

 

Lui aussi est révoqué pour abandon de poste du 10 juin 1944. C’est ce jour là vers 09h30 qu’il s’enfuit avec le commissaire SPOTTI par la cour qui donne sur l’hôtel Notre-Dame. Il gagne le maquis puis rejoint le P.C. de SAINT-FAUST et rejoint le commissaire afin d’organiser le départ et le cantonnement de ses autres collègues qui doivent  les rejoindre les jours suivants.

C’est pourquoi, comme ses camarades, il fait l’objet de la circulaire de recherches Pol. Sur.5 N°762 du 5 juillet 1944 éditée par le Ministère de l’Intérieur. Il est titulaire de la carte de police N°1085 et détient le pistolet MAB N° 26.267.

Le 28 juin 1944, le Directeur de la Police de Sûreté BUFFET désigne bien le trio SPOTTI, GERVAIS et MAYALI comme s’étant enfuis définitivement dès le 10 juin 1944. Il sollicite donc la révocation immédiate de ces trois policiers et préconise l’attente en ce qui concerne ce qu’il désigne comme étant le deuxième groupe défaillant du 12 juin.

Dans cette même note au Directeur du Personnel de la police à Vichy, il évoque des opérations des troupes allemandes dans les environs de Rébénacq, « l’arrestation le 15 juin des trois des inspecteurs  défaillants  et précise que leur sort n’est pas encore connu mais qu’il n’est pas impossible qu’ils aient été passés par les armes ».

Mayali reste au maquis jusqu’à la Libération où il mène des enquêtes pour le compte du chef départemental des Mouvements Unis de Résistance et assure son secrétariat.

Il reprend ses fonctions d’inspecteur de police à la 17ème brigade de Police Judiciaire fin août 1944, le jour même de la libération de la ville. Il sera nommé Commissaire de Police aux Renseignements Généraux.

 

Le 15 janvier 1945, Ambroise BORDELONGUE devenu chef du Comité de Libération atteste de sa Résistance en ces termes :

 

« Sans exagération aucune, je puis affirmer que MAYALI a été l’un des moteurs puissants de la résistance départementale et de l’action insurrectionnelle de libération.

 

Aussi bien, monsieur le Préfet lui-même qui en maints occasions avait pu juger et apprécier les éminents services rendus par ce fonctionnaire, alors inspecteur de police judiciaire, le désigna-t-il, au moment de sa prise de pouvoir, au grade de commissaire.

 

J’estime que la résonance de son âme fortement éprise de républicanisme et de démocratie, ainsi que son intelligence et son esprit de décision, le désignent à l’attention particulière de son chef hiérarchique pour de plus hautes fonctions.

 

MAYALI a bien mérité de la Résistance, de la France et de la République. »

 

Ce qui ne l’empêchera pas d’avoir quelques démêlés avec la Commission d’Epuration pour une lettre de félicitations de BUFFET (directeur de la police de Sûreté) celui-là même qui quelques mois plus tard demandait sa révocation au vu de son départ au maquis.

 

Il sera auditionné en janvier 1945 pour ces faits et expliquera avec force de détails l’obtention de ces félicitations du responsable national de la Police de Sûreté :

 

 

Vu la note « Epur-Pol » N° 451 en date du 22 décembre

                                                                                  1944 de Monsieur le Ministre de l’Intérieur concernant

                                                      certains faits reprochés à Mr MAYALI, ex-inspecteur de Police Judiciaire à la 17ème brigade Régionale de Police de Sûreté, à PAU,

 

Vu les instructions de monsieur le Préfet des Basses-Pyrénées,

 

 

Entendons M. MAYALI Roger qui sur son interpellation déclare :

 

—« Il est exact qu’en décembre 1942 j’ai reçu une lettre de félicitations de monsieur BUFFET, pour avoir, selon les termes exacts de cette lettre « réussi dans des circonstances dangereuses, à mettre en état d’arrestation, à Lourdes, le nommé HONDERS Jean, qui se livrait à la fabrication de fausses cartes d’identité »—

—« A noter que HONDERS Jean a été arrêté pour rébellion et non pour fabrication de fausses cartes d’identité »—

—« Voici dans quelles circonstances j’ai été amené à arrêter le sus-nommé »—

—« Le 27 octobre 1942, le service était avisé que les inspecteurs COSTES et SANNIER, en fonctions à la ligne de démarcation, avaient arrêté le sujet le sujet autrichien NEUSTADT Rudolf, titulaire d’une fausse carte d’identité de Français au nom de FOUSSE Michel, demeurant à LOURDES. Interrogé ce dernier reconnaissait que cette carte lui avait été donné par un nommé HONDERS demeurant à LOURDES »—

—« Je fais remarquer qu’au moment de cette enquête, j’appartenais déjà, depuis juillet 1941 aux mouvements de résistance des Basses-Pyrénées M.U.R. inscrit sous le pseudo de « Marion »—

—« Dès mon arrivée à LOURDES, je m’inquiétais tout d’abord de savoir si le nommé HONDERS appartenait à un groupe de Résistance. Le commissaire de Police PHILIPPE Jean, en fonction à TOULOUSE au 7ème arrondissements – en congé à LOURDES- (où il avait été central pendant un an, appartenant à la Résistance et travaillant pour le S.R. Belge) à qui je m’adressais et exposais le but de mon enquête me communiqua que le sujet belge HONDERS n’était pas « intéressant », néanmoins, connaissant moi-même un agent du S.R. Belge (M. CARDUEL ou CARDUET, demeurant à PAU et actuellement  je crois, en SUISSE), je lui demandais son avis sur le cas HONDERS – Il me répondit que son compatriote avait eu des démêlés avec la Gestapo en Belgique et qu’il était condamné mort – il me spécifiait qu’il allait avertir HONDERS de mon enquête (mon collègue LEYRISSE qui faisait l’enquête avec moi n’a jamais été tenu au courant de ces démarches – ou tout du moins il ne m’en a jamais rien laissé savoir »—

—« HONDERS, en effet avait du être averti, car à mon arrivée à LOURDES, il était absent et s’est caché dans les environs de LOURDES pendant trois jours—» 

—« A sa rentrée à l’hôtel où il logeait, HONDERS a été emmené au commissariat où avant son interrogatoire, je l’ai pris à part et lu ai communiqué intégralement l’affaire. Je lui spécifiais que vu les déclarations de NEUSTADT j ‘étais obligé de faire une perquisition dans la chambre – mais je ne trouverais rien, qu’il n’avait pas à s’inquiéter- que je connaissais sa situation en Belgique- pour le mettre plus en confiance, je lui disait que j’étais un flamand comme lui (je suis né, en effet à la frontière Belge à GUYVELDE) et que, comme lui, je haïssais les Allemands, ces derniers ayant tué mon père –ce qui également exact-»—

—«C’est donc complètement rassuré sur l’affaire que je me rendais en la compagnie de HONDERS à sa chambre pour effectuer une perquisition – alors que cette dernière allait prendre fin – sans résultat évidemment- HONDERS, je ne sais pour quels motifs voulu s’échapper. Je m’élançais sur lui, en lui disant « tu es fou, c’est fini, l’affaire est classée » mais HONDERS, d’un tour de reins se débarrassa de moi, me précipitant dans la cage d’escalier. Ceci se passait au 3ème étage. Heureusement à la hauteur du deuxième étage ma jambe accrocha la rampe de l’escalier et je retombais dans l’escalier, sur HONDERS qui, lui avait roulé dans l’escalier. »—

—« L’affaire était classée pour la fabrication de fausses cartes d’identité – ses dénégations étaient enregistrées et la perquisition n’avait rien donnée- mais ne pouvait l’être à la suite de ce dernier incident –presque accident mortel pour moi- HONDERS a été condamnée à deux moi de prison pour rébellion par le tribunal correctionnel de PAU »—

—« N’ayant eu que quelques contusions après ma chute, j’ai aussitôt repris mon service, bien qu’ayant obtenu par un médecin quinze jours de repos. C’est pour me récompenser de ce zèle que mon chef de service signala cette affaire à VICHY, qui ne voyant que l’affaire de fausses cartes d’identité me récompenser par une lettre de félicitations »—

—«Cette lettre de félicitations me classait évidemment auprès de certains comme un ennemi des patriotes – peu m’importait, cal allait me faciliter le travail car en effet, j’avais la confiance des Vichyssois. Je dois vous dire que c’est sur ordre de la Résistance que j’avais été volontaire pour faire partie de la Section des Affaires Politiques »—

—« J’ai d’ailleurs revu HONDERS après la libération de LOURDES – j’étais accompagné de M. ROUQUEROL (ancien inspecteur de police faisant également parti d’un mouvement de Résistance) – Nous lui avons conseillé de se rendre à NICE dans un hôtel que mon ami lui a indiqué, et où il pourrait se cacher »—

—« J’ignore où se trouve actuellement HONDERS, mais son audition confirmera mes dires. L’audition des autres témoins peuvent également être faites. »—

—« PHILIPPE a été arrêté par les Allemands – quant à CARDUEL qui est parti du service peu après cette affaire, il se pourrait qu’il se trouve actuellement à PARIS- Le S.R. belge pourra donner son adresse »—

—« Je tiens à ajouter qu’au moment où a été jugé HONDERS, j’étais également en contact avec son avocat, M. LAPUYADE, actuellement Maire de PAU, Chef Départemental du mouvement « Combat », dont je faisais également parti »—

—“ Je vous affirme avoir dit toute la vérité sur cette affaire.  Je n’ai jamais fait aucune action contre les vrais patriotes et ai toujours lutté contre les Allemands, tortionnaires de mon père »—

—Lecture faite persiste et signe,—

 

Voilà qui est dit ! le fait d’avoir été félicité par les autorités de Vichy ne pouvait pas faire de ce résistant incontestable un collaborateur malgré cette période de l’épuration parfois violente et souvent injuste.

Ce fonctionnaire modeste estimant sûrement n’avoir fait uniquement son devoir ne déposera aucun dossier au bureau « résistance » après la guerre. Il est naturellement nommé Commissaire au titre de la Résistance.

Mayali, Spotti, Petreschi, Colombani ont des origines corses et il n’est pas impossible, même si je n’ai rien établi formellement que cette appartenance à l’île de Beauté a sûrement renforcée une confiance tellement importante dans la clandestinité.

Roger Mayali meurt le 20 avril 1995 à METEREN dans le Nord, ville d’origine de sa mère et où il vécut enfant.

 

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