Association  BPSGM          Les Basses Pyrénées dans la seconde guerre mondiale         64000 Pau

SEGOT Marie

IMGP3917Mme SEGOT Marie née Majesté Larrouy
4 rue Bernès Cambot 64000 Pau

Née en 1920 à Rieupeyrous ( près de Morlaas)
Témoignage recueilli le 19 mai 2011.

 

 

Triple intérêt du témoignage :
• Souvenirs personnels d’une jeunesse de jeune fille ordinaire (un peu lointains).
• Evocation du passé de son mari, Evadé de France, en service à Londres (1943-1945) dans « l’administration » du Général De Gaulle, après une évasion par l’Espagne, camp de Miranda, pour éviter le S.T.O. ; Jean Segot né le 4 juillet 1919 à Morlaas, carte d’évadé de France du 15novembre 1945.
• Témoignage concernant son père : Pierre Majesté- Larrouy, maire de Rieupeyrous de 1929 à 1960. A reçu, à titre posthume, le diplôme de « Juste » et la médaille Yadvashem pour avoir sauvé une famille juive d’origine autrichienne.
Episode déjà recueilli lors de la remise du diplôme de Juste (articles de presse) et pour la rédaction du livre de Virginie Picot.

 

Souvenirs de jeune fille ( 20 ans en 1940) de Marie Ségot du village Rieupeyrous :
Village de120 habitants, commune rurale du canton de Morlaas. Famille Majesté : exploitant agricole d’une propriété d’environ 20 ha. Famille de 8 enfants.
Le père Pierre Majesté , maire du village depuis 1929 ( perception qu’en donne sa fille en 2011) :
– Marqué par la 1° guerre, très anti-allemand ;
– Attaché à sa liberté, républicain, veillant à rester modéré en toutes circonstances, toujours prêt à aider, ce qui explique ses 2 attitudes comme maire :
1. Organisera les réquisitions selon les demandes des autorités de tutelles( ce qui lui vaudra une certaine opposition parmi ses administrés et rancœur après la guerre),
2. Accueillera dans sa commune une cinquantaine de réfugiés français et belges et cachera une famille juive autrichienne ( 4 membres) d’où son titre de « Juste » ;
3. Ravitaillera la résistance ,
4. S’opposera par les faits à l’instituteur secrétaire de mairie plutôt vichyssois ,
5. Par l’image positive laissée par Pétain après la 1ère guerre, la fille, comme le père, resteront respectueux du Maréchal, signataire de l’Armistice ; au moins jusqu’en 1942…. Sans doute. Marie se rappelle de la ferveur autour de Pétain à Pau (avril 1941).
Marie Ségot, jeune fille de Rieupeyrous pendant la guerre.
– Ecole primaire communale jusqu’au certificat d’études, rêve du métier d’institutrice, les ressources de la famille ne permettent pas de le financer, elle apprend la couture à Morlaas.
– Vers 1938, profitant de la présence de membres de la famille, concierges à Paris, elle part avec sa sœur pour travailler comme bonne à Paris. Elles y resteront jusqu’en 1940. La défaite les pousse à rentrer au village, les filles Majesté y font figure de « modernes ». Marie trouvera plus tard pendant la guerre un poste de professeur de couture à Mauléon.
– Dès 1940, deux de ses frères sont victimes de guerre : l’un est prisonnier, il le restera jusqu’à la fin de la guerre. Le second est blessé dans les combats, amputé d’une jambe, il reviendra en Béarn ( il est instituteur ayant eu ses études financées par un cousin gendarme à Pau).
– Perception de la guerre depuis la ferme de Rieupeyrous :
Peu de privations : à la campagne, on a les produits de la ferme ou du jardin malgré les réquisitions.
Il n’y a plus assez de bras pour travailler les terres (nombreux prisonniers) ce qui est compensé en partie par les réfugiés (une cinquantaines de Belges, de Français et aussi une famille juive) qui aident aux travaux des champs.
Contact avec les jeunes : compensation à la guerre pour la jeunesse : on cherche à s’amuser et à danser (contre l’avis du père, dès son départ pour les près, dans une grange, avec l’accordéoniste du village, on danse) .
Des résistants passent à la ferme (parfois avec un brassard à croix de Lorraine) à la recherche de ravitaillement ; des passants inconnus épient, méfiance accrue avec l’aide apportée à la famille juive.
– Mais, pour Marie Ségot,  le travail de professeur de couture dans un centre d’apprentissage fait passer l’essentiel du temps de guerre à Mauléon.
Souvenirs les plus prégnants : plus que des images de guerre, la nostalgie de la jeunesse, des scènes de rencontres, de bals, d’amusement : après l’occupation allemande et le couvre-feu, on danse toute la nuit entre les limites horaires de l’interdiction nocturne.
Sans doute vers l’année 1944  (fin de la guerre) image d’un jeune résistant jugé imprudent faisant le tour du village en moto, avec un casque allemand en guise de brassard.
– Pas de souvenir marquant de la libération ou de l’épuration.

 

Son père, Pierre Majesté  , qui sera plus tard déclaré « Juste »,  sera perçu avec suspicion par les « résistants » de la dernière heure qui lui reprocheront sa modération, sa participation aux réquisitions.
Son mari, après les services rendus auprès du Général de Gaulle à Londres entre 1943 et 1945, se verra refuser sa réinsertion à la Poste quittée en 1943, malgré les promesses faites. Il aura l’impression d’être considéré comme un fuyard,comme quelqu’un qui dérange ceux qui, restés sur place, ont récupéré les places. Ils paraissent se trouver « dans le mauvais camp » et iront chercher du travail à Paris.
Impression assez marquée d’une certaine amertume devant la non reconnaissance évidente des engagements courageux du père et du mari, surtout face aux mises en avant de « néo » ou « pseudo » résistants ou même de vrais.
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Evocation du passé de Jean SEGOT (mari) né en 1919, réfractaire du S.T.O., évadé de France (Mars 1943), interné à Miranda, au service de De Gaulle à Londres (1943 – 1945).

Voir « Mémoires d’un dissident »,Cliquer ici .

 

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