Association  BPSGM          Les Basses Pyrénées dans la seconde guerre mondiale         64000 Pau

BERETTE Jean

BERETTE

 

M. Jean Berette

ARROS NAY

Témoignage recueilli le 30 octobre 2012..

 

  • Né le 26 mars 1926.
  • Ce témoignage d’un évadé de France en 1943 outre quelques données sur les motivations, les conditions de départ, concerne pour l’essentiel sa participation à la 2ème D.B. du Maréchal Leclerc et à son odyssée de la Grande Bretagne à l’Autriche entre 1944 et 1945.
  • En 1940, à 14 ans, le témoin a le certificat d’ études et commence à travailler dans un restaurant puis, en 1941, comme apprenti maçon. Il ne parle pas d’un milieu familial particulièrement porté sur la vie politique. Il vit à Pau où il est frappé par l’afflux des réfugiés. A partir de 1942, avec d’autres camarades, il est particulièrement révolté par la présence des Allemands. De leur propre initiative, ce petit groupe d’adolescents coupe même une ligne téléphonique reliant la Kommandantur sur le boulevard des Pyrénées en mars 1943.
  • C’est dans cet état d’esprit anti-allemand qu’ils vont voir leur ancien instituteur, M. Baradat, dont l’enseignement passé a pu leur faire penser qu’il était proche de la Résistance. Le projet d’évasion vers l’Espagne est alors évoqué et M. Baradat leur propose, à l’insu des parents, guides et itinéraires. Du fait de leur jeunesse ils ne sont pas concernés par le S.T.O.
  • L’ évasion :

Elle commence le 3 mars 1943 par Mauléon sous la conduite de M. Blaskies. Ils rejoignent un groupe d’environ 70 personnes de natures et d’origines diverses dont un petit nombre de jeunes locaux entre autres fuyant le S.T.O. C’est à cette occasion qu’il rencontrera M. Lucien Boyrie (témoignage recueilli sur le site). Le trajet s’effectue dans la neige pour la partie haute ; le groupe passe par la forêt d’Irraty et le Pic des Escaliers. L’évasion est difficile: rencontre d’une patrouille allemande, cache nécessaire, division temporaire du groupe etc.……

Arrêtés par la garde civile, ils finissent à la prison de Pampelune, à 12 ou 13 par cellule, ils se regroupent par affinités, Lyonnais, Palois, Oloronais mais les conditions d’internement sont difficiles : peu de nourriture, pas d’informations sur leur devenir, pas de colis, pas de service de la Croix Rouge. Après cette détention de 2 mois, ils sont conduits en train dans les environs de Vigo puis vers Madrid où ils sont pris en charge par la Croix Rouge. Ils s’embarqueront pour l’Afrique du Nord sur le bateau « Sidi Brahim » début novembre 1943, après 7 mois d’internement. Un autre bateau est souvent utilisé pour ces transferts (échange de phosphates et de nourriture contre des prisonniers),il s’agit du «Gouverneur Lépine »que prendra L. Boyrie.

  • L’Afrique du Nord :

Ils arrivent à Rabat en novembre 1943 et sont accueillis par musique militaire et recruteurs. M. Berette choisit la 2ème  D.B. du général Leclerc, attiré par une vision mythique, il rentre dans le 12ème Régiment de Cuirassés, fait « ses classes », passe tous les permis de conduire (il n’a pourtant que 17 ans), et devient conducteur de char, poste qu’il occupera pendant toute sa campagne dans la 2ème D.B. M. Bérette définit une ambiance très particulière dans cette unité, originale par rapport à d’autres unités ; il insiste sur l’humanité, la simplicité de Leclerc et une discipline dure mais librement consentie. Autour du 20 novembre 1943, ils sont transférés à Casablanca ; parmi leurs officiers, des républicains espagnols. De Casablanca, ils gagnent la Grande Bretagne en avril 1944.

  • La Grande Bretagne :

Ils débarquent sur la côte est, à Hull. Pendant plusieurs mois, ils s’entrainent au combat sous le contrôle d’officiers anglais, autour des villages proches, notamment avec des Polonais de la Division Anders. Fin juillet 1944, ils s’embarquent pour la Normandie.

  • L’odyssée de la 2ème D.B., la campagne de France.

La 2ème D.B. débarque près de Barville, à Utah Beach, M. Bérette est toujours conducteur de char, ici des Shermans, chars US robustes construits à un grand nombre d’exemplaires. Parmi les premiers villages traversés : Sainte-Mère-l’Eglise. La première ville libérée est Alençon, le témoin ne décrit pas le quotidien des combats. Il parle de l’inconscience enthousiaste de très jeunes soldats comme lui (18ans) et de leur soumission à la fatalité sans grande peur particulière. Il ne se met pas en valeur, son récit reste d’une grande sobriété. On le sent marqué par l’épisode où son chef de char, jeune père de famille, est tué sous ses yeux alors qu’il était penché à l’extérieur de l’habitacle. Plus tard, leur char sera détruit.

La 2ème D.B. se dirige sur Paris, appuyée par l’infanterie U.S. et des fusillers marins, la capitale est atteinte le 26 août 1944. Il se rappelle de la liesse populaire de cette libération, conforme à l’imagerie traditionnelle. Ils vont rester 8 jours dans la capitale au Blanc-Mesnil. Après un blocage dans la forêt de Meudon, la division se dirige vers l’Alsace : libération de Strasbourg.Il participe avec le Lieutenant F. Garnier à la prise de la Kommandantur. Dans l’impossibilité de passer le Rhin, ils font mouvement vers le sud (Fessenheim) puis remontent sur Strasbourg pour le franchissement du Rhin. Rencontre avec la 1ère armée, accueil enthousiaste et liesse de la population particulièrement marquée par ses années de guerre et reconnaissante à l’égard de la 2ème D.B.

Voir dans les pièces jointes, le récit « nous avons pris Strasbourg » écrit par F. Garnier qui cite le témoin.

Après l’épisode alsacien, sans en comprendre vraiment la raison, son unité est transportée par train vers la poche de Royan. La ville est détruite, ils ne combattent pas, « c’est une promenade » (mai 1945).

Nouveau mouvement vers le nord après cet épisode « inutile », un mois en Allemagne (mai, juin 1945) au milieu d’une population servile qui ne manifeste pas d’hostilité.

  • L’Indochine.

Pour M. Bérette et ses camarades, la guerre va se poursuivre en Indochine, au Nord Vietnam et au Tonkin. Démobilisé en 1947, il restera dans ce pays jusqu’en 1950.

La 2èmeD.B. démobilisée, notre témoin se rengagera dans l’armée en 1951 et y restera jusqu’en 1964 : Afrique, Madagascar… Blessé, il finira dans l’administration militaire.

  • La mémoire de la 2ème D.B. jusqu’à aujourd’hui.

L’amicale de la 2èmeD.B. survivra évidemment au Maréchal Leclerc. M. Bérette en restera jusqu’à aujourd’hui un membre actif. L’association des anciens de la 2ème D.B. restera fidèle à l’esprit de la division , pour tous ses membres : aide et fraternité, réunions, commémorations, anniversaires, une « famille ».

  1. M. Bérette reste aujourd’hui particulièrement sensible aux commémorations alsaciennes célébrées environ tous les 5 ans où la population des témoins a été remplacée par leurs descendants pour rendre aux anciens survivants de la division des hommages et une reconnaissance dans une ferveur unique qui l’émeut encore aujourd’hui. En 2012, il reste 23 survivants de cette aventure.
  2. M. Bérette revenu à la vie civile restera fidèle à son engagement pour la collectivité puisqu’il sera maire de son village d’Arros Nay pour deux mandats de 1983 à 1995.

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