Association  BPSGM          Les Basses Pyrénées dans la seconde guerre mondiale         64000 Pau

Servir ou désobéir. Le dilemme des gendarmes. Un exemple à la brigade de Domezain.

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Servir ou désobéir ?

Jean-François Nativité a consacré un ouvrage à cette problématique qui voit « la gendarmerie, institution légitimiste et légaliste, déchirée entre son devoir d’obéissance à l’Etat et son souci d’être au service de la Nation, en une période où la scission entre Etat et Nation prend de la consistance. Chaque gendarme, individuellement, se trouve lui aussi confronté à cette situation inédite, ce qui explique l’éclatement des comportements individuels, attentistes ou engagés, surtout en 1943 et plus encore en 1944 ».
Préface de Jules Maurin in : Nativité Jean-François, Servir ou désobéir ?, Vendémiaire Editions, Paris, 2013, 479 pages.
Le document reproduit ci-dessous illustre le dilemme auquel les gendarmes furent confronté tout au cours de la seconde guerre mondiale.

Source : archives de l’association.

 

 

      FORCES FRANCAISES DE L’INTERIEUR                                                                                 MUNEIN St GLADIE  

      ETAT MAJOR 2° BUREAU

                                                                            Transmission, le 2 septembre 1944

                                                                                         RAPPORT

 

Du gendarme Guérenne Maurice de la brigade motorisée de Gurs détaché à l’Etat major de PAU, 2° bureau.

OBJET : Activités du chef JARDEZ Gilbert commandant la brigade de gendarmerie de DOMEZAIN (B.P.)

            Le 6 juin 1943, le jeune BRANA André Jean Marie quitte son chantier de jeunesse afin de se soustraire au S.T.O. sa classe étant convoquée pour l’Allemagne.

            Il se réfugie chez sa mère, au village de LAHITAUT, territoire de la commune de BARRAUTE-CAMI canton de Navarenx (B.P.) où je le vis le 8 juin. J’ai conseillé à sa mère ainsi qu’à lui-même de ne pas répondre aux injonctions que pourrait lui faire la brigade de DOMEZAIN. Or le 10 juin 1943 la dite brigade reçoit un officiel émanant du chantier de jeunesse et concernant le jeune BRANA au sujet de son départ du chantier.

            Ce même jour, à 10 heures, le chef de cette brigade, JARDEZ Gilbert, et le gendarme ROUGERIE François arrête chez sa mère le fils BRANA. Personnellement, je suis intervenu pour faire revenir le chef sur sa décision lui demandant de faire un P.V. de renseignements c’est-à-dire « Recherches infructueuses » et de relâcher BRANA.

            En outre, je lui ai spécifié le cas intéressant de cette famille. La mère étant veuve depuis deux années, et mère de 11 enfants dont le fils ainé est Jean André Marie.

            Le chef JARDEZ me toisa de son mépris et ne me répondit pas. Le 11 juin 1943 le jeune BRANA était transféré à PAU en vue de son départ pour l’Allemagne.

 

MUNEIN LE 1er AOUT 1944.

 

            Faisant suite au présent rapport j’ai l’honneur de signaler que le jeune BRANA André Jean Marie a été tué au cours d’une attaque aérienne qui s’est déroulée le 12 mai dernier ; ci-joint, la copie conforme de l’officiel du décès de BRANA qui me fut remis ce même jour.

            BRUX-MALTHEUERN (Tchécoslovaquie) 1er juin 1944.

Madame, un pénible devoir m’échoit, il m’appartient en tant que responsable de ce camp, de vous faire part d’une douloureuse nouvelle. Au cours d’une attaque aérienne qui s’est déroulée le 12 mai dernier, votre fils, notre bon camarade ANDRE JEAN MARIE BRANA a trouvé la mort avec 26 autres de ses camarades.

            Je voudrais Madame, trouver les mots qui consolent …………….

Signé : A. NORMAND

Délégué à la S.T.W.

 

ANDRE JEAN MARIE BRANA a été déporté du travail au complexe industriel de BRUX-MALTHEUERN qui faisait partie du complexe militaro-industriel  Reichswerke Hermann Göring. De nombreux prisonniers de guerre français (dépendant du Stalag IV C) travaillaient aussi dans ce complexe industriel. Le bombardement du 12 mai 1944 provoqua de nombreux décès dans leurs rangs.

Evocation du bombardement du 12 mai 1944

Prisonniers de guerre victimes du bombardement

 

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