Association  BPSGM          Les Basses Pyrénées dans la seconde guerre mondiale         64000 Pau

SARRANCE. DESARMEMENT DE LA GENDARMERIE. 9 JUIN 1944.

 

Rapport établi par le Capitaine Commandant de la Section de Gendarmerie d’Oloron à la suite du désarmement des gendarmes de la brigade de Sarrance par « des individus » jamais identifiés précisément. Tout laisse à penser qu’il s’agit d’un groupe de résistants.

 

 

 

L’importance symbolique de l’action: le désarment d’une Brigade de gendarmerie justifie la rédaction de ce rapport par le Commandant de la Section locale et le large éventail des destinataires auxquels le rapport est adressé.

 

 

 

Copie du rapport du 21 juin 1944. 

 

 

GENDARMERIE NATIONALE                                                                                                                                                    A  Oloron, le 21 juin 1944.

REGION DE GASCOGNE

COMPAGNIE DES                                                                                               RAPPORT

BASSES-PYRENES                                                                                     du Capitaine VINCENT,

SECTION D’OLORON                                                          Commandant la Section de Gendarmerie d’Oloron

N° 704/2.                                                                 – sur le désarmement de la Brigade de Gendarmerie de SARRANCE.

 

 

REFERENCES : At. 52 et 53 du décret du 20 mai 1903 et D.M. N°28.558-T/Gend. Du 2      décembre 1943.

(suite à message téléphoné N°243 du 9-6-44- 2h30)

 

Le 9 juin 1944, vers 1 heure, le personnel de la Brigade de Gendarmerie de SARRANCE a été désarmé par une bande d’individus. Les agresseurs sont repartis en couvrant leur retraite par des rafales de mitraillettes. Il n’y a eu aucune victime parmi le personnel et la population.

L’opération a été conduite en trois temps par une bande de trente individus armés de mitraillettes.

En premier lieu, les agresseurs ont désarmé chez lui le gendarme DUPUIS. Celui-ci qui occupe dans le bourg un immeuble situé à 100 mètres environ de la caserne, a cherché à fuir par une issue dérobée en emportant ses armes, mais il s’est alors trouvé face à face avec quatre individus armés auxquels il a dû remettre son matériel.

Les agresseurs se sont ensuite présentés à la caserne seulement occupée par trois militaires. Après avoir coupé les fils téléphoniques, ils ont cerné le bâtiment dans lequel trois individus se sont introduits en soulevant de ses gonds la porte extérieure d’un logement. Ils ont surpris couché le gendarme BARSAC, Commandant provisoirement la Brigade. Sous la menace, celui-ci a dû remettre ses armes, puis ouvrir la porte d’entrée de la caserne et conduire les agresseurs auprès des deux autres militaires qui furent ainsi successivement désarmés.

En possession de toutes les armes, les agresseurs s’éloignaient de la caserne et tiraient quelques coups de feu contre la porte d’entrée et dans les rues de la localité.

Enfin, les individus ouvraient la maison isolée située à l’entrée nord du bourg et à 300 mètres environ de la caserne, occupée par le gendarme BERNOT. Celui-ci alerté par les coups de feu se disposait à quitter la maison par une issue dérobée afin de rejoindre la caserne, mais il se trouvait en présence de quatre individus armés qui le sommaient de remettre ses armes et qui le ramenèrent dans l’immeuble que six autres individus commençaient à fouiller.

Quelques instants plus tard, les agresseurs s’éloignaient sur la Route Nationale 134 en direction d’Oloron.

De l’enquête faite, il résulte que :

                1°- L’action a été dirigée par des individus connaissant parfaitement les lieux si l’on en juge par les dispositions prises tant dans l’attaque  des deux maisons isolées que par la façon dont ils se sont introduits dans la caserne.

                2°- Le personnel ne pouvait dans ces conditions opposer aucune défense aux agresseurs.

                3°- Parmi ces derniers figuraient les auteurs de l’agression commise à LURBE le 14 mai contre une patrouille de la Brigade de Gendarmerie de SARRANCE.

                4°- L’action revêt un caractère de représailles exercées contre la Brigade de SARRANCE, trop vigilante au sens des agresseurs ainsi d’ailleurs qu’iles l’ont exprimé.

                5°- Le matériel d’armement enlevé comprend :

  • 5 mousquetons – 20 chargeurs – 100 cartouches
  • 5 pistolets – 15 chargeurs – 135 cartouches
  • 5 courroies de mousqueton
  • 5 cartouchières.

NOTA : A l’issue d’un engagement survenu le 19 juin entre des réfractaires armés et les troupes d’opérations, les autorités douanières allemandes d’OLORON, ont déclaré qu’elles se proposaient de remettre à la Gendarmerie de SARRANCE les armes retrouvées dans une grange de montagne.

DESTINATAIRES :

-M. le Chef du Gouvernement – Direction de la Gendarmerie Nationale

Bureau technique à VICHY

-M. le Préfet Régional à TOULOUSE

-M. le Préfet Départemental à PAU

-M. le Général Inspecteur Général de la Gendarmerie de la zone sud – Villa du Coteau – Avenue Jean Jaurès à ROYAT

-M. le Général Inspecteur de la 7ème Région à TOULOUSE

-M. le Sous-Préfet à OLORON

-M. le Procureur de la République à PAU

-M. le Colonel Commandant la Légion de Gendarmerie de Gascogne à TOULOUSE

-M. le Chef d’Escadron Commandant la Compagnie des Basses-Pyrénées à PAU

-M.le Commissaire Divisionnaire Chef du Service Régional de Police de Sûreté – 17 rue du Rempart St Etienne à TOULOUSE

-M. le Commissaire Chef de la 17ème Brigade de Police de Sûreté – rue Pasteur à PAU

Source: AD64  37W37.

 

Texte original page 1
Fac-similé de l’original

texte original page 2

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