Association  BPSGM          Les Basses Pyrénées dans la seconde guerre mondiale         64000 Pau

Saint-Abit. Meurtre d’un réfugié lorrain. 23 juillet 1944. Rapport de gendarmerie.

eglise-de-saint-abit-rue-de-l-egliseRapport de gendarmerie établi à la suite du meurtre, le 23 juillet 1944, de Wentzel Nicolas, réfugié lorrain résidant à Saint-Abit.

Il existe une incertitude quant au patronyme de la victime orthographié Wetzel dans la première partie du rapport, Wentzel dans la seconde.

Les auteurs du meurtre ne sont pas identifiés bien que le meurtre soit attribué à « la résistance » dans le titre du rapport.

Les mobiles sont vagues, le rapport ne faisant qu’une allusion à une rumeur suspectant la victime d’être  » un agent de renseignement des autorités occupantes ».

 

 

23 juillet 1944                                                                                                                                                                 Brigade de Nay

       Meurtre de Nicolas Wetzel, réfugié lorrain, par la résistance (Saint-Abit : 23 juillet 1944).

 

        P.V. d’information. L’an 1944, le 23 juillet à 17h, nous Bertrand André, adjudant-chef de gendarmerie, commandant la B.T. de Nay, à notre caserne, avons été avisés téléphoniquement par M. le maire de St-Abit  qu’un meurtre venait d’être commis dans cette commune sur la personne du réfugié lorrain Wetzel Nicolas

        Lors de notre arrivée sur les lieux à 18h, nous y avons trouvé M. le maire de St-Abit. L’immeuble du meurtre est la propriété de M. Mourlanne Joseph, de St-Abit. Il est situé sur le territoire de cette commune à 550m environ et à l’est de l’église de cette localité et en bordure d’un chemin non classé qui conduit au gave de Pau. Il n’est pas attenant à d’autres habitations. La plus proche est la maison Lousteau à 60m. Nous avons ensuite pénétré dans la cour accompagné du maire et de notre greffier(le gendarme Lasses).

        On accède dans cette cour par un portail en fer qui est constamment ouvert. Le meurtrier n’a donc eu aucune difficulté pour approcher sa victime.

        Sur le seuil de la porte d’entrée et en travers, nous trouvons le corps d’un homme âgé d’une cinquantaine d’années couché sur le dos. Les bras sont allongés naturellement, les jambes sont légèrement écartées, les vêtements, une chemise kaki et un pantalon noir rayé, ne sont pas déchirés. Deux orifices d’entrée et de sortie de balles sont apparents sur la chemise à hauteur du thorax. Ce vêtement est ensanglanté. Nous examinons le corps, il porte une trace de balle dans la région du cœur et une deuxième sous le sein droit. La mort a fait son œuvre.

        Nous apprenons que la victime a été atteinte par les projectiles alors qu’elle se trouvait couchée dans un lit placé dans la cuisine au 1er étage de l’immeuble.

        La maison se compose d’un rez-de-chaussée et d’un étage. La famille Wetzel occupe une pièce à l’usage de chambre à coucher au rez-de-chaussée et une deuxième pièce à l’usage de cuisine au premier étage.

        Le 24 juillet 1944 nous avons mandé Mme Wetzel, née Schallamer Marie (44 ans) épouse de la victime, Wetzel Marguerite (22ans), Wetzel Germaine (15 ans) et Rein Nicolas qui ont assisté au meurtre.

        De ces auditions, il ressort que le 23 juillet, vers 16h30, la victime était couchée sur un lit dans la cuisine de son logement. Etaient présents sont épouse, sa fille ainée Marguerite et un réfugié lorrain Rain Nicolas. Une deuxième fille Germaine se trouvait dans une chambre au rez-de-chaussée. Un inconnu s’est présenté à elle et a demandé à voir Wentzel Nicolas.  Wentzel Marguerite ayant entendu une conversation dans le couloir est descendue. L’inconnu a demandé à cette dernière son père. Elle a répondu que s’il voulait le voir il n’avait qu’à monter. L’homme a insisté à plusieurs reprises pour que Wentzel descende. Devant le refus de la jeune fille il est monté. Arrivé dans la chambre il s’est fait indiquer Wentzel Nicolas, il a sorti son arme de son pantalon (revolver ou pistolet) et froidement a tiré plusieurs coups sur sa victime qui à sa vue s’était assise sur le lit. Le meurtrier a aussitôt pris la fuite. Un deuxième individu a été vu faisant le guet dans la cour.

        La victime blessée mortellement a eu la force de descendre dans la cour et s’est affaissée sur le seuil de la porte où elle a expiré quelques instants après. Le mobile du meurtre ne peut être que la vengeance car il n’y a pas eu vol.

        Wentzel était réfugié lorrain. Il parlait couramment la langue allemande. Une rumeur circulait depuis plusieurs mois. Il était suspecté d’être un agent de renseignement des autorités occupantes. Une opération de police effectuée par les troupes d’opérations dans la commune de Saint-Abit n’avait fait qu’intensifier cette rumeur.

        Du livret militaire, il résulte que Wentzel était né le 5 avril 1896 à Woelfling (Moselle) de Hubert et de Kratz Catherine, marié, 3 enfants, sans profession, réfugié à Saint-Abit depuis novembre 1940.

        Signalement du meurtrier d’après Marguerite Wentzel : taille 1,65m cheveux noirs et frisés. Visage allongé, type espagnol, nez légèrement busqué, âgé de 25 ans environ. Vêtu d’un costume marron, chaussé de sandalettes au cuir jaune, aucune coiffure. Le meurtrier et son compagnon étaient venus à bicyclette.

 

Source: archives de l’association.

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