Association BPSGM Les Basses Pyrénées dans la seconde guerre mondiale 64000 Pau
POUDAMPA Firmin. Carnets inédits du secteur VI de l’Armée secrète. Naissance d’un secteur.
Firmin Poudampa retrace dans son premier chapitre comment au travers de relations interpersonnelles les bases du secteur VI de l’Armée secrète se sont constituées au cours de l’automne 1942.
NAISSANCE D’UN SECTEUR
C’était un dimanche après-midi du mois d’octobre 1942. L’Union Sportive Morlanaise venait de disputer victorieusement sur son terrain des Cordeliers un match de championnat l’opposant aux Réserves de la Section Paloise.
La partie avait été pénible. Nous goûtions, SOURDAA et moi, à l’Hôtel Moderne tenu par l’ami LOUGE, les délices d’une douche bienfaisante. Sous le jet ruisselant, nous parlions de tactique, de passes défectueuses, de points faibles de l’équipe, de modifications à lui apporter pour les chocs en perspective.
Brusquement, la conversation tomba et un silence pesant régna dans la cabine noyée de vapeur tiède. Deux, trois minutes s’écoulèrent. Je ne sais pourquoi, je sentis dans ce silence prolongé une complicité tacite, j’eus la certitude que quelque chose d’important allait se passer.
Et soudain, sans transition, sans « marche d’approche », pendant que nous massions nos muscles endoloris, SOURDAA me regarda franchement dans les yeux et me dit : « A présent, j’ai quelque chose de grave à te demander. Je déteste les Boches, toi aussi sans doute. » J’acquiesçai. « Eh bien alors, reprit-il, j’estime que dans ces conditions nous devrions tout faire, former une équipe pour empoisonner leur existence d’occupant et contrecarrer leurs entreprises. J’aurais besoin de toi pour organiser ici une unité de résistance. Réfléchis, et tu m’apporteras une réponse demain, dans la soirée ».
La question pouvait paraître brutale mais je lui trouvai une saveur incomparable. C’était la question d’un homme intrépide et plein de fière résolution, une question qui, même en terrain hostile, aurait dû réveiller des échos. Je n’avais pas besoin de réflexion et je bénissais le ciel d’avoir mis sur ma route cet ami qui nourrissait les mêmes idées que celles que j’avais mûries depuis une longue année.
La réponse, mon vieux camarade, la voici sur le champ : « Je suis à tes côtés et tu peux compter sur moi ».
Une longue conversation s’engagea alors à voix basse, toujours empreinte de confiance réciproque. Je sus que lui, SOURDAA, s’appelait « MARTIAL », qu’il travaillait déjà, depuis son évasion d’Allemagne, avec un Réseau Officiel de Renseignements du service des Alliés et que, de ce fait, il était retenu à Pau auprès d’un Etat-Major clandestin.
Je compris dès lors que je devais accepter la responsabilité de créer dans le secteur un noyau de résistance à l’ennemi. Je mesurai toute l’ampleur de ma tâche mais j’étais fermement disposé à l’accomplir de mon mieux, malgré toutes les difficultés inévitables qui surgiraient à coup sûr.
SOURDAA me donna la liste des personnes déjà contactées : quatre noms en tout…
Dès le lendemain, nouveau Chef de Cabinet, je commençai mes délicates consultations et je dois avouer que les débuts furent des plus encourageants puisque chaque jour apportait de fraîches adhésions.
C’est ainsi que naquit le secteur n° 6 de l’Armée Secrète des Basses-Pyrénées, un soir morne et gris du mois de novembre 1942.
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