A Portet, les 3 et 4 juillet 1944, de violents combats ont opposé la Compagnie Carnot du Corps franc Pommiès (environ 120 hommes) à une troupe allemande fortement armée, estimée à 1200 hommes.

Le bilan des combats de Portet s’élève à:

14 résistants tués au combat,
5 habitants du village tués,
44 résistants faits prisonniers, conduits à Pau, fusillés au champ de tir du Pont-Long le 6 juillet 1944,
10 maisons et fermes incendiées.

Les combats de Portet ont été documentés dans plusieurs ouvrages:

Laharie, Claude. Les Basses-Pyrénées dans la Seconde Guerre Mondiales. 1939 1945, Pau, Ed Cairn, 2021. P 539 à 545.
Malabirade (Albert). Historique du combat de Portet (3 juillet 1944). Troupes S.S. d’occupation contre maquis Carnot du Corps Franc Pommiès, Editions Marrimpouey, Pau, 1952, 27 p.
Malompré (Maxime) et Nicolas (Carole). Le triangle de la mort en Béarn. Témoignages , Carnets du Vic-Bilh n° 1, Pau, 1975, 168 p.
Malompré (Maxime) et Nicolas (Carole). Orage de feu et de sang sur Portet (3 juillet 1944) , Carnets du Vic-Bilh n° 3. Pau, 1976, 153 p.
Picaut (Virginie). Portet. 3 juillet 1944. De la mémoire à l’histoire, Editions MonHélios, Pau, 2009, 128 p.
Pommiès Jean André. Le Corp franc Pommiès. Une armée dans la Résistance. Toulouse, Privat, 2014. P 337 à 344.
Poullenot (Louis). Basses-Pyrénées. Occupation. Libération. 1940-1945, J & D Editions, Biarritz, 1995. P 222 à 224.
Vergez Jean François, La Seconde Guerre Mondiale dans les Basses-Pyrénées. Evocation d’histoire et des mémoires. Le mémorial de Bidart. La Crèche. Ed La Geste. 2017

En date du 5 juillet 1944, un rapport de gendarmerie et un de police relatent les événements de Portet.

Rapport de gendarmerie du 5 juillet 1944.

Légion de Gascogne A Garlin, le 5 juillet 1944.

Compagnie des Basses-Pyrénées

Section de Pau.

Brigade de Garlin. RAPPORT

N°- 21/4 du Maréchal des Logis Chef LAULOM, Commandant la Brigade territoriale de Garlin,

Sur une opération de police effectuée par les troupes allemandes à Portet.

REFERENCE : Note N° 2706-Légion du 9 décembre 1943.

Le 5 juillet 1944, une opération de police de grande envergure a été effectuée à Portet par des troupes allemandes .

Au cours de ces opérations qui se sont terminées le même jour, quinze personnes qui paraissent appartenir à l’armée de résistance, ont été tuées. Toutes ont été dépouillées des valeurs ou objets qu’elles possédaient et certaines déchaussées.

Parmi ces hommes, un a été abattu d’un coup de revolver au bois LABARTHE, où il a été découvert alors qu’il s’était rendu. Deux autres qui étaient blessés ont été enfouis par les soldats allemands, après avoir été achevés à coups de revolver dans le jardin NIPOU. Tous paraissent avoir subi le même sort.

Les victimes civiles de Portet sont :

M. et Mme DESBIOUS et M. LARQUIER, brûlés dans la maison DESBIOU incendiée par les Allemands.
M. DUMORTIER, abattu d’un coup de fusil, alors qu’il sortait de son domicile, loin du gros des opérations.
M. MONSEGU-MOULIE, tué par des grenades lancées par les Allemands chez M. GARMENDIA où il se trouvait.

Soit au total 5 personnes.

Neuf maisons ont été incendiées volontairement par les troupes d’opération ainsi qu’une grange.

Une maison a été presque détruite par l’explosion d’un autre immeuble. Plusieurs autres maisons d’habitation et granges ont été endommagées.

Les maisons incendiées ont été au préalable pillées ainsi que d’autres maisons d’habitation. De nombreux vols ont été commis par les Allemands qu se sont emparé de bijoux, argent, argenterie, linge, vaisselle, auto, animaux, (vaches, cochons, etc) et de volaille.

Avant leur départ, au moyen d’un liquide qui se trouvait dans les extincteurs d’auto, ils ont empoisonné un grand nombre de volatile, notamment des oies et des canards jeunes, c’est à dire qui n’étaient pas mangeables.

Un jeune cultivateur qui travaillait dans ses terres a été pris par les Allemands qui lui ont enfoncé le canon du revolver dans la bouche afin de lui faire dire qu’il était du maquis. Ensuite, ils l’ont battu à coups de pied et de crosse de fusil dans le dos.

Les dégâts sont très importants. Il est probable que le nombre de morts soit plus grand.

Une cinquantaine d’hommes appartenant au maquis ont été faits prisonniers et transportés à PAU par les Allemands .

Au cours des ces opérations, des vols importants ont été commis par les Allemands à DIUSSE. La Brigade enquête.

Signé : Laulom

DESTINATAIRES :

Préfet Régional

Colonel, Cdt. La Légion de Gascogne

Préfet départemental

Commandant de Compagnie

Rapport de police du 5 juillet 1944.

MINISTERE DE L’INTRERIEUR ETAT FRANCAIS
DIRECTION GENERALE DE LA POLICE NATIONALE
7ème Brigade Régionale de Police Mobile

Pau, le 5 juillet 1944
N° 3520

A/S d’incidents à Portet Le Commissaire de Police de Sécurité R. GREGOIRE
à Monsieur le Commissaire Principal, Chef de la 17è Brigade de Police de Sûreté.À PAU.

J’ai l’honneur de vous rendre compte des renseignements parvenus à ma connaissance au sujet d’un engagement entre un détachement allemand et un groupe d’individus armés, à Portet (B.Pyr.).
L e 4 courant, dans les premières heures de la matinée, un détachement allemand comprenant environ 600 hommes a encerclé le village de Portet, au nord-est de Garlin, où, depuis quelque temps , dit-on, stationnait un groupe de 4 à 500 individus armés placés sous le commandement d’un ancien colonel de l’armée française.
Au cours de l’engagement qui a suivi, ce groupe aurait subi les pertes suivantes : une vingtaine de tués et une cinquantaine de prisonniers.
Le détachement allemand, dont on ignore les pertes s’est emparé d’un matériel important : camions – voiture ambulancière – voiture de tourisme – armement – etc..
D’autre part, ce détachement s’est livré à des représailles sur la population civile.
Treize maisons ou fermes ont été incendiées. Le bétail a été emporté. Les animaux de basse-cours ont été empoisonnés à l’aide de mousse d’extincteur d’automobile.
Des habitants du village auraient été tués. Leur nombre est ignoré. En tout cas, trois personnes ont été brûlées vives dans leur maison incendiée.
Ces renseignements m’ont été confirmés par la Gendarmerie.

Le Commissaire de Police de Sûreté.

Après la Libération, à la demande du Préfet, le maire de Portet établit la liste des victimes des combats.

Sources des 3 documents : AD64, cote 1031W182.