Association  BPSGM          Les Basses Pyrénées dans la seconde guerre mondiale         64000 Pau

Policiers-résistants de la 17ème Brigade de Pau. ROIGNANT Pierre, Marie.

portraitROIGNANT Pierre, Marie.

Né le 17 janvier 1905 à PLOUESCAT (FINISTERE),
Fils de Jacques, Marie ROIGNANT et de Marie, Jeanne THEPAUT.
Marié à Marie CASAMAJOR Marie (née à BAYONNE) le 11 février 1928.
Un enfant né le 29 avril 1931.
Domicilié durant l’occupation : 1 rue Montpezat à PAU.

 

 

 

Le père de Pierre ROIGNANT est né en 1874, il est marin et sa mère née en 1873 est cuisinière.

Pierre ROIGNANT effectue son service militaire dans la Marine comme Quartier-Maître, Chef de Poste Radiotélégraphiste.

Fort de cette spécialité, il rentre aux Postes Télégraphes et Téléphones.

Le 1er juillet 1931, Pierre ROIGNANT est nommé comme inspecteur Radio à la 4ème Brigade de Police Judiciaire à ANGERS.

Le 16 mars 1932 il est muté au Havre et y reste jusqu’au 11 août 1938 où il est muté à Pau, à la 17ème Brigade de Police Judiciaire. Il a obtient le Certificat Technique TSF le 16 juillet 1937.

Il subit une rétrogradation de la 4ème à la 5ème classe le 1er juin 1938 pour une durée de 4 mois sans que je puisse en connaître la raison.

Le 1er février 1939, il est à la section radio des Renseignements Généraux de PAU  jusqu’au 1er mai 1942 ou il est affecté à la Section de la Surveillance du Territoire de la Police Judiciaire de PAU (qui dépend de la 17ème Brigade de PJ).

Le 1er décembre 1942, la Brigade régionale de Police Judiciaire devient brigade régionale de police de   Sûreté.

Il bénéficie de deux congés maladie de 6 mois (article 59) pour affection pulmonaire.

Il appartient au Réseau ALIBI de Georges CHARADEAU auquel appartiennent également le Commissaire LEMOINE et d’autres policiers de la PJ. Il est agent P1 du 1er octobre 1942 au 30 septembre 1944, c’est à dire qu’il est agent occasionnel et qu’il garde son emploi pour servir la Résistance. Il est membre de l’Armée Secrète également.

Le lieutenant-Colonel BOUDOUBE (ex Raména), Chef départemental des FFI atteste « que le groupe que dirige Roignant à la Surveillance du Territoire a permis à un nombre important de « STO » d’échapper aux recherches . Ces fonctionnaires ont, au cours de leur enquêtes, réfuté les allégations ou assertions souvent véridiques relatives soit aux maquis, soit à des hommes dirigeant ou non des organismes de la résistance ».

Il prend le maquis dès le 12 juin 1944 avec ses compagnons. Il est le responsable des 18 policiers stationnés au Maquis de Rébénacq.  Il participe au combat puis rejoint le PC de la Résistance à Saint-Faust où il se met à disposition du Chef Départemental de la Résistance où il servira notamment d’agent de liaison.

Lui aussi est révoqué par le ministère de l’intérieur en juillet 1944. Il faut attendre le 1er octobre 1944 pour qu’il soit réintégré au sein de la Brigade de Surveillance du Territoire avec effet rétroactif au 12 juin 1944. Il est même promu Commissaire de Police au titre de la Résistance le 14 septembre 1944.

deuxLe 11 janvier 1946 il est nommé Sous-Chef du Centre d’Ecoute et de radiogoniométrie de RENNES.

Le 28 décembre 1948, il obtiendra son 3ème congé maladie de six mois puis le 26 juin 1949 six nouveaux mois d’arrêt. Il prolongera ce dernier de six nouveaux mois. On le trouve au sanatorium des « terrasses » à Briançon pour une tuberculose pulmonaire contractée en service en 1943.

Le 28 mars 1950, il est muté au C.E.R.  (Centre)de NANCY dans l’intérêt du service.

Le 11 décembre 1951 il est nommé au Commissariat de Sécurité Publique de BAGNERES DE BIGORRE.

Il est admis à faire valoir ses droits à la retraite le 16 janvier 1960 comme Commissaire Principal.

Il est décoré de la Croix de Guerre avec étoile de bronze au titre de la Résistance.  Il est également la médaillé de la Résistance.

Le Préfet des Basses-Pyrénées écrira le 3 janvier 1945 au Secrétaire Général de la Police de Bordeaux, au sujet de sa nomination de commissaire de Police :

« Il a dirigé en effet une équipe clandestine de renseignements depuis le début de la formations des Groupements de Résistance à Pau, en liaison directe avec le Lieutenant-Colonel BOUDOUBE, Chef Départemental F.F.I.

Il a remis des listes ainsi que de précieux renseignements sur des agents à la solde de l’ennemi.

Il a obtenu le concours de certaines maisons de radio-électricité pour la construction de récepteurs et émetteurs clandestins. 

     Le groupe qu’il dirigeait et dans lequel se trouvaient des Inspecteurs de Police a permis à un nombre important de jeunes gens soumis au Service du Travail Obligatoire d’échapper aux recherches.

     Le 12 juin 1944, Monsieur ROIGNANT n’a pas hésité quoique placé en congé de maladie de longue durée pour affection pulmonaire à prendre le commandement des éléments de la 17ème Brigade, qui avec lui ont pris le maquis, en emportant les armes, les munitions, du matériel divers et les voitures automobiles de la brigade.

Deux jours plus tard, attaqués par surprise à REBENACQ (B.P) par 300 allemands environ, ils ont réussi à se replier en emmenant avec eux deux de leurs blessés, mais laissant malheureusement trois prisonniers aux mains des assaillants. 

Ayant rejoint ensuite le P.C. du Chef Départemental de la résistance, Monsieur ROIGNANT a continué jusqu’à la libération à remplir l’office d’agent de liaison.  

     En conséquence, après l’avis émis par le Comité Départemental de la Libération et les faits qui peuvent être relevés à l’actif de Mr ROIGNANT, il m’est apparu que rien ne s’opposait à une promotion que je vous serais obligé de vouloir bien entériner. »

     Il racontera dans un bref résumé daté du 10 avril 1945, son activité dans la résistance :

« Fin juin 1940, sur ordre de M. BERLIAT, Commissaire Principal, Chef du service de la Police Spéciale de l’Air et de la T.S.F. à VICHY, j’ai pris en charge 8 camions radio de l’armée et j’ai fait transformer ces véhicules en voitures civiles dans le but de les soustraire aux occupants. 

« De 1940 à 1942, je n’ai eu que peu d’occasion de servir la Résistance, mon activité proprement dite a commencé en septembre 1942 ».

« A cette date, j’ai été désigné par la Direction de la Surveillance du Territoire pour faire partie d’une équipe de quatre inspecteurs dont la mission était d’aider les Allemands à saisir les détenteurs de postes émetteurs de T.S.F. »

« Le commissaire, chef de service de la Police de l’Air et de la T.S.F. nous demanda de faire notre possible pour déterminer les moyens employés par les Allemands dans la détection des émetteurs radio. En même temps, il nous donne des instructions pour correspondre par chiffre avec le capitaine DESLOGES, dont le siège était à Lyon, avant toute perquisition qui nous serait demandé par les Allemands. » 

«J’ai rejoint Marseille avec mes trois camarades le 20 septembre 1942 où nous avons pris contact avec une mission composée de 39 allemands. Nous étions logés et nourris à l’hôtel de Provence, cours Belzunce. »

« Dès la première opération nous nous sommes rendus compte que le contact que nous avions à Lyon était sans effet . Une perquisition mené par une vingtaine d’allemands et nous quatre emmena malheureusement l’arrestation d’un jeune homme utilisant une valise émettrice réceptrice. »

« Nous nous sommes mis alors en contact avec les organismes locaux de la Résistance, par l’intermédiaire du propriétaire de l’Hôtel de Provence à MARSEILLE. A partir de ce moment, tous les détenteurs de postes émetteurs installés tant à MARSEILLE qu’à NICE et autres lieux, échappèrent aux allemands. » 

« Notre mission pris fin le 23/12/1942 et nous avons quitté MARSEILLE ayant conscience d’avoir bien rempli notre devoir de français. Je dois signaler ici tout particulièrement, les services importants que mon collègue COUHIL et moi avons rendu au réseau « Alliance » dont le P.C., malgré nos précautions a été capturé par les allemands. Au cours de la perquisition nous avons détruit tous les documents qui nous ont été désignés par le Commandant FAYE, Chef du P.C. »        

« Les documents saisis par les allemands ont été falsifiés au siège de la Brigade de Surveillance du Territoire de MARSEILLE. Dans cette affaire, je me fais plaisir de souligner la belle conduite du chef de la Surveillance du Territoire M. LEONARD et de son adjoint M. THEUS qui, malgré les responsabilités qu’ils encourraient n’ont pas hésité à tout mettre en œuvre pour contrecarrer les allemands.  

« Les membres du P.C. FAYE se sont évadés avec la complicité de tout le personnel de la surveillance du Territoire de MARSEILLE et avec le concours effectif d’un commissaire et de deux inspecteurs de police de la brigade. » 

« Ces résultats n’ont pu toutefois être obtenus que grâce à la confiance que nous avons su, mes trois camarades et moi-même, inspirer aux allemands. » 

« Dès mon retour à PAU, je suis rentré d’une part au réseau ALIBI dirigé par M. SOUBIRAN, et d’autre part au groupe de protection départemental des Mouvements Unis de Résistance sous le commandement du Commissaire de Police LEMOINE.

«Au groupe ALIBI, je fournissais tous renseignements sur les constructions, les usines d’aviation, les terrains d’atterrissage, les dépôts de matériel et de munitions, les effectifs allemands et leurs emplacements, le plan des aérodromes, etc… Au groupe départemental notre rôle se bornait principalement à protéger de la gestapo et de la milice , les maquis et tous les résistants en général. 

«En octobre 1943, après l’arrestation du Commissaire LEMOINE par la gestapo, je  suis chargé, quoique ayant été mis en congé de longue durée pour tuberculose pulmonaire, de diriger le groupe départemental de protection des F.F.I. » 

« En décembre 1943, M. SOUBIRAN fut arrêté et la direction du réseau ALIBI (zone sud) remise entre les mains de M. GROSJEAN ancien inspecteur de police révoqué pour avoir délivré des fausses cartes d’identité à des résistants. Ce dernier me chargea, en plus des fonctions que j’avais remplies jusque là, de la protection du réseau ALIBI et du contre espionnage dans le départemental des Basses-Pyrénées ». 

« En janvier 1944, j’ai reformé mon équipe et pris comme principaux collaborateurs dans la police, messieurs BATS-GERVAIS-MOURLHON-LAURENS-FAUVEL et PETRESCHI, tous inspecteurs de police.  

« Nous avons sauvés de la déportation et de la mort, des centaines de résistants ». 

« Le 10 juin 1944, la troupe allemande effectue une perquisition au siège de la 17° brigade de police mobile. Ce même jour, M.SPOTTI commissaire principal prit le maquis et je reçus du commandant départemental des F.F.I. « Raména », l’ordre de rassembler mes camarades et de les diriger sur le maquis de REBENACQ en renforcement du groupe qui s’y trouvait déjà, affecté à la garde d’un dépôt d’armes. » 

« Le 11 juin, toutes les dispositions ont été prises, et, dans la nuit, l’inspecteur LAURENS prépara les voitures automobiles, y chargea les armes, munitions et le matériel divers appartenant à la brigade. 

« Le 12 juin au matin, alors que les allemands effectuaient de grandes rafles à PAU et prenaient comme otages certaines personnalités de la ville dont le Préfet et le Secrétaire Général de Préfecture, nos quatre voitures, chargées, réussirent à quitter la ville sans encombre et nous nous sommes réunis à la source du Néez à REBENACQ. 

« A partir de ce moment, mon service de protection des F.F.I. ayant cessé de fonctionner, les divers maquis du département furent tour à tour attaqués par les allemands. 

« Nous-mêmes, le 14 juin à 19h15 nous fûmes assaillis par 300 S.S. environ armés de canons, mitrailleuses lourdes etc… » 

« Nous avions reçu l’ordre de nous replier en cas d’attaque. Sur le point d’être encerclés, nous avons décroché suivant les instructions reçues et devenus extrêmement mouvants, nous avons continué à combattre jusqu’à 19h30 environ. Les allemands ont eu 9 tués et un nombre de blessés que nous n’avons pu évaluer. De notre côté, nous avons eu 3 prisonniers et 2 blessés légers. Ces derniers ont rejoints le P.C. du Chef Départemental de la Résistance le lendemain avec moi ». 

« Entre le 15 juin et le 20 août, date de la Libération de Pau, j’ai effectué des liaisons et des enquêtes pour le compte du Chef Départemental. »

« Mes trois camarades, MOURLHON, COTONAT et LOUSTAU, faits prisonniers à REBENACQ, ont été fusillés le lendemain et ensevelis dans une fosse à IDRON (Basses-Pyrénées) où ils ont été retrouvés quelques jours après la Libération. »

  

Pierre ROIGNANT décède le 8 mars 1983 à BAYONNE.

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