Association  BPSGM          Les Basses Pyrénées dans la seconde guerre mondiale         64000 Pau

Pierre THEAS-LABAN. Béarnais, évêque et résistant. Juste parmi les Nations.

Théas

Pierre Théas-Laban fut évêque de Montauban pendant l’occupation. Maréchaliste au début de l’Etat Français, il prend position fermement contre les rafles des Juifs en août 1942,contre le travail obligatoire, puis contre les exactions de la division « das Reich » en 1944. Il est arrêté en juin 1944 et, interné à Compiègne, échappe de peu à la déportation. Il eut la charge du diocèse de Lourdes de 1947 à 1970.

 

Béarnais.

Pierre Théas-Laban est né à Barzun le 14 septembre 1894 dans une famille de cultivateur. Il étudie au séminaire de Nay puis à celui de Bayonne. Il est mobilisé au 173ème R.I. pendant la 1ére guerre mondiale. Il est décoré de la Croix de Guerre avec étoile de bronze et de vermeil (titulaire de 2 citations). Sergent, Pierre Théas est démobilisé en 1919.

Ordonné prêtre le 26 septembre 1920, sur l’injonction de son évêque, il reprend des études à Rome et obtient un doctorat en droit canonique en 1922. A son retour, il est nommé vicaire de Saint Martin à Pau. En octobre 1923, il prend la direction du grand séminaire de Bayonne.

Évêque de Montauban et de Lourdes.

Pierre Théas-Laban est nommé évêque de Montauban le 26 juillet 1940, consacré à Bayonne le 5 octobre en l’absence de la délégation diocésaine qui ne peut pas franchir la ligne de démarcation. Il est intronisé dans la cathédrale de Montauban le 17 octobre 1940.

Il reçoit le Maréchal Pétain lors de sa visite en Tarn-et-Garonne le 6 novembre 1940 et applique la consigne de « loyalisme sincère sans inféodation » décidée par l’assemblée des cardinaux et archevêques le 24 juillet 1941. Mgr Théas n’en adopte pas moins des positions singulières telles sa présence auprès de Manuel Azana en novembre 1940 ou bien son éloge du philosophe Bergson en janvier 1941, dont il souligne la judéité.

Après la Libération, Mgr Théas est nommé évêque de Lourdes le 17 février 1947. Il exerce son épiscopat jusqu’au 12 février 1970. Pendant cette période, il est à l’initiative de la construction de la basilique souterraine qui est inaugurée en 1958.

Résistant.

Mgr Théas s’oppose au régime de Vichy de plus en plus ouvertement à partir de fin 1941. Il demande aux curés de son diocèse de ne pas s’inscrire à la Légion des Combattants, il leur interdit de s’enrôler au Service d’Ordre Légionnaire, il refuse de participer à l’inauguration d’un buste du Mal Pétain.

lettre
Lettre du 26/08/1942.

 

 

Le 26 août 1942, Mgr Théas, choqué par les rafles de juifs qui viennent d’avoir lieu dans le département du Tarn-et-Garonne (plus de 250 personnes arrêtées et déportées), rédige une lettre de protestation qui va être lue dans toutes les paroisses du diocèse le dimanche 30 août. Cette lettre va sortir de l’anonymat, elle est publiée dans les cahiers X et XI de « Témoignage chrétien », elle est citée par la B.B.C.

 

 

Vis à vis du S.T.O., Mgr Théas proclame dès le 8 mars 1943 son opposition lors d’une veillée de prières préalable aux départs de jeunes requis du diocèse. Le 3 juin, il parle de « déportation de travailleurs ». Il organise le 17 octobre une « journée de prières pour les absents » au cours de laquelle Mgr de Solages se déclare partisan de l’insoumission.

Le 6 mai 1944, Monseigneur Pierre Théas adresse une lettre au commandant de la Kommandantur dans laquelle il condamne les exactions commises par les troupes SS de la Das Reich le 2 mai 1944 à Montpezat-de-Quercy.Il intervient suite à d’autres exactions commises par les troupes d’occupation en particulier à l’encontre du curé d’Aucamville.

Le 9 juin 1944, Mgr Théas est arrété par la Gestapo, le même jour que Mgr Saliège ainsi que d’autres personnalités du département dont Jean Baylet et le préfet. Interné à Compiègne, il échappe à la déportation et il est libéré le 24 août 1944.

A la demande du Général de Gaulle qu’il rencontre les 7 septembre et 2 novembre 1944, il exerce  une mission auprès du Saint-Siège où il est reçu par le Pape Pie XII les 27 novembre et 2 décembre 1944.

Juste parmi les nations.

Au-delà de sa protestation contre les exactions dont les Juifs sont victimes, Mgr Théas s’engage directement pour secourir ceux qui sont directement menacés.

Avec l’aide de sa secrétaire, Marie-Rose Gineste  (elle aussi reconnue Juste parmi les Nations), il camoufle des enfants et des adultes dans son diocèse. Juliette Gréco, la famille Debré, la famille Cohn-Bendit ont bénéficié de l’aide de Mgr Théas et de ses réseaux.

Mgr Théas est reconnu « Juste parmi les Nations » le 8 juillet 1969. Cette reconnaissance se fonde sur l’aide qu’il a apportée à Shetta et Edouard Simon, responsables du centre d’hébergement des Eclaireurs Israélites de France de Moissac.

 

Sylvaine Guinle-Lorinet a consacré sa thèse à Msg Théas en 1982. Référence.

Une rue de Barzun est dédiée à Msg Théas. Un complexe scolaire privé porte son nom à Montauban.

 

 

 

Fac-similé de la version manuscrite de la lettre 26 août 1942.

 

 

 

Quelques mentions de Msg Théas dans des sites Internet.

Institut Théas – école, collège , lycée – Montauban

Anonymes, Justes et Persécutés durant la période Nazie

Revue d’histoire Arkheia

Annales du Midi. Tome 104. N° 199-200,  1992.

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