Association  BPSGM          Les Basses Pyrénées dans la seconde guerre mondiale         64000 Pau

PETAIN A PAU le 20 avril 1941. Message aux paysans.

Lors de la visite du Maréchal Pétain à Pau, le 20 avril 1941, celui-ci a prononcé un « message aux paysans » dans lequel il précisait ses objectifs politiques vis à vis du monde agricole et plus généralement du monde rural.

 

 

Version officielle du « message aux paysans » du 20 avril 1941. Allocution du Maréchal Pétain à Pau.

MESSAGE
AUX PAYSANS
PAU,
le 20 avril 1941

PAYSANS FRANÇAIS !

L’immense désastre matériel et moral qui a bouleversé notre malheureux pays et dont il souffre encore, a atteint profondément la paysannerie. Celle-ci collabore, en ce moment, à la tâche la plus difficile et la plus urgente. C’est le ravitaillement des populations.

Pour permettre un meilleur équilibre entre les ressources des départements excédentaires et les besoins des départements déficitaires, le Gouvernement a été amené à organiser des groupements provisoires qui, répondant à une nécessité immédiate, n’engagent nullement l’avenir de la constitution des provinces. En outre, afin de réduire les malentendus qui peuvent exister entre les services du ravitaillement et les producteurs des campagnes, une commission mixte sera établie dans chaque canton. Les maires ruraux et les groupements agricoles y seront représentés.

Ainsi sera fourni aux intéressés, producteurs et consommateurs, le moyen de faire connaître leurs doléances.

J’entends que les Préfets fassent sentir leur autorité, aussi bien pour assurer la répartition équitable des produits entre les consommateurs que pour empêcher toute tracasserie ou inquisition inutile à l’égard des producteurs de bonne foi.

Aux agriculteurs, je demande instamment, une fois assurée leur subsistance, de livrer exactement leurs produits à la consommation, et aux consommateurs de se plier volontairement aux réglementations qu’impose la dureté du temps présent. Il s’agit d’une discipline vitale pour tous.

Il est à désirer que, pour toutes ces questions, il y ait échange de conseils et de propositions entre les autorités intéressées. Les maires des chefs-lieux de cantons et des communes rurales ont à faire face à une lourde tâche avec des moyens insuffisants. Je demande aux administrations de collaborer cordialement avec eux.

Dans l’ordre constructif, le Gouvernement veut donner à la paysannerie la place qui lui a été trop longtemps refusée dans la nation. La corporation paysanne créée par la loi du 2 décembre 1940 va être progressivement organisée. Elle a pour objet de rassembler toutes les forces rurales françaises. Il est essentiel que ceux qui auront la charge de cette organisation soient eux-mêmes imprégnés d’un véritable esprit d’union.

Un nouveau statut social de la paysannerie sera établi : il donnera progressivement aux travailleurs des champs, ouvriers et petits exploitants, des avantages parfois différents dans leur nature, mais comparables en fait à ceux accordés aux travailleurs des villes.

Des travaux importants sont à réaliser en ce qui concerne l’équipement rural : électrification des campagnes, adductions d’eau, entretien des chemins ruraux.

La loi sur l’habitat rural permet de poursuivre l’amélioration des logements et des bâtiments d’exploitation.

L’extrême morcellement du sol dans certaines régions stérilise l’effort des hommes et provoque l’accroissement des friches. Par l’application d’une loi sur la reconstitution foncière promulguée récemment, les régions morcelées seront remembrées et leur production sensiblement accrue.

Enfin, grâce à un programme agraire méthodiquement conçu, nous développerons le nombre de propriétés paysannes ou familiale, qui favoriseront l’accès des salariés à l’exploitation et multiplieront ainsi, sur des bases solides, le nombre de belles familles terriennes.

Pour les agriculteurs, les artisans ruraux sont des auxiliaires indispensables. Attirés par l’industrie, leur nombre a fléchi un peu partout. Ce fléchissement paralyse les efforts des terriens dans le sens du progrès agricole. Il est de toute nécessité de reconstituer l’artisanat rural.

En l’absence de leur mari, les femmes des prisonniers ont pris dans l’exploitation la place du Chef, ajoutant à leur labeur habituel des travaux particulièrement pénibles. Ces femmes ont des droits à notre respect et à notre reconnaissance. Leur sacrifice est d’autant plus méritoire qu’il est volontairement consenti.

Je me permets de donner ici quelques conseils.

Récriminer contre les petites erreurs inévitables, contre les difficultés inhérentes à la situation, ne servirait qu’à rendre la tâche de chacun plus pénible. Il est mieux de s’adapter aux circonstances présentes, de travailler d’arrache-pied, de produire le maximum, de ne rien gaspiller, d’utiliser tout ce qui peut encore servir et surtout d’observer la réglementation que la situation tragique du ravitaillement a imposé.

C’est la moralité de notre pays qu’il faut relever, et une moralité élevée ne s’accommode pas de petites combinaisons, d’entorses quotidienne à la loi, de profits illicites que peut provoquer la pratique des « marchés noirs ».

Les crises agricoles du passé sont nées de l’absence d’une vraie politique terrienne. En réalité, la condition paysanne était dédaignée, l’enseignement agricole insuffisant.

Le régime nouveau veut changer tout cela. Une grande réforme est en préparation, qui fera de l’enseignement agricole une large place dès l’école primaire. Les instituteurs ruraux auront désormais à remplir une haute et belle mission.

Mais ces efforts ne serviront de rien si, en même temps, le terrien ne fait, lui aussi, des efforts pour sortir de son isolement, pour s’associer à ses pareils, pour moderniser ses méthodes et se prêter à toutes les formes professionnelles de l’entr’aide.

Dans la France nouvelle, nul ne sera sauvé s’il n’a d’abord travaillé à se réformer lui-même.

Le travail à la terre exige des qualités de décision ainsi que des dons d’observation et de prévision, car le labeur du paysan ne trouve pas toujours, comme celui de l’ouvrier, la récompense qu’il mérite et cette récompense n’est jamais immédiate.

Plusieurs mois séparent le labour de la récolte pendant lesquels il faut vivre d’espérances. Rien n’est certain aux champs. Le travail ne suffit pas. Il reste à protéger les fruits de la terre contre les caprices du temps, le gel, l’inondation, la grêle, la sécheresse.

Le citadin peut vivre au jour le jour. Le cultivateur doit prévoir, calculer, lutter. Les déceptions n’ont aucune prise sur cet homme que dominent l’instinct du travail nécessaire et la passion du sol. Quoiqu’il arrive, il fait face, il tient. C’est un chef.

De ce miracle chaque jour renouvelé, est sortie la France, nation laborieuse, économe, attachée à la liberté. C’est le paysan qui l’a forgée par son héroïque patience, c’est lui qui assure son équilibre économique et spirituel.

Le prodigieux développement des forces matérielles n’a pas atteint la source des forces morales. Celles-ci marquent le cœur du paysan d’une empreinte d’autant plus forte qu’il les puise à même le sol de la Patrie. C’est pourquoi il faut que le « paysan » soit hautement honoré, car il constitue, avec le soldat, les garanties essentielles de l’existence et de la sauvegarde du pays.

Ce n’est donc pas à vous, mes amis, qu’il faut demander de ne pas perdre courage. Si parfois rebutés par tant de difficultés, vous étiez tentés de limiter votre travail aux besoins de la famille, en pensant peut-être, qu’après tout, vous n’avez pas à vous sacrifier pour des citadins qui méconnaissent vos efforts, ou ne vous épargnent pas leur critiques, éloignez une telle pensée qui ne serait pas digne de vous.

Paysans, mes amis, je vous fais confiance et je compte sur votre dévouement pour m’aider à relever la France et la sauver de la famine.

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