Association  BPSGM          Les Basses Pyrénées dans la seconde guerre mondiale         64000 Pau

PARGADE Pierrette, née Dartau.

IMGP7469 PARGADE Pierrette (née DARTAU) est née 1924 à Viven (64).

Rencontrée et interviewé le 20 octobre 2015 par Claude Laharie, Josette et Didier Raillard, en présence de son neveu, Pierre Dartau, maire de Viven.
Personne très vive, d’une excellente mémoire, retrouvant pratiquement toujours les noms des personnes qu’elle recherche, s’attachant à suivre la chronologie. Femme très positive et active.

Pierrette Dartau a vécu toute la durée de la guerre à Viven, avec sa famille, et n’en a pas gardé un trop mauvais souvenir. Elle a 16 ans en 1940. Elle était bonne élève, mais la scolarité à Pau était difficile du fait de l’éloignement par rapport à Viven. Dans la famille, il y avait 3 enfants avant la guerre et ils étaient toujours vivants après. Famille très soudée.
Les personnalités de sa famille étaient :
– son grand-père, André Dartau, maire de Viven à l’époque. Il faisait des faux papiers chez lui pour les réfugiés de sa commune,
– son père, René Dartau, en contacts avec la Résistance, particulièrement avec M. Boyer (rue Duboué à Pau). Décédé en 1997. Il faisait partie d’un maquis (lequel ?) qui sabotait les voies ferrées et réceptionnait les parachutages d’armes à Sauvagnon. Le 12 juin 1944, après un parachutage (annoncé à la BBC par le message « les singes sont de grands enfants »), les Allemands investissent la ferme familiale, informés que des armes auraient été cachées dans des ruches ; ils ne trouvent rien car les armes ont été déplacées, mais arrêtent deux personnes, J. Daïridou, permissionnaire du STO, et un Alsacien qui seront emprisonnés et interrogés à la caserne Bernadotte. Quelques jours après, c’était l’opération de Portet contre les maquisards de Thèze.

Pierrette Dartau-Pargade se souvient de l’arrivée des réfugiés alsaciens à Viven et à Thèze, pendant l’été 1940 : dans les métairies, au château. Par exemple Jo Nonenmalcher , qui n’a pas souhaité rentrer chez lui sous Vichy, qui a été arrêté par la Milice et déporté deux ans à Dora. Pourtant, le village était paisible, les Allemands totalement absents, même après l’invasion de la zone libre (sauf une fois, en 1944, où ils étaient venus se reposer à Thèze).
Elle se souvient de la mauvaise réputation des passeurs d’Hendaye, dont on disait qu’ils égaraient les candidats au passage en Espagne et prenaient leurs biens.
Elle se souvient de l’affaire Loustalet, de Sauvagnon. Un milicien de chez Galabert lui a tendu un piège et il a été arrêté par les Allemands, emprisonné à Pau, torturé et tué, son cadavre est resté pendu plusieurs jours à Pau, à un tilleul de la place Clémenceau.

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Suzanne Bergstein.
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Signature Suzanne.

 

Elle se souvient de deux familles juives réfugiées dans les dépendances de la maison familiale : les Bergstein et les Cernay. Ces juifs étaient envoyés « en pension » (ils payaient un loyer léger) à Viven par M. Reche, inspecteur de police à Pau, car il savait qu’ils pourraient être cachés par le maire. Les Reche avaient une maison de famille à Viven, près de chez Dartau. Les Bergstein ont vécu dans une petite métairie dépendant de la maison familiale Richie, chez Mme Boyer. Le maire ne les avait pas recensées en tant que familles juives.

 

 

 

La famille Bergstein était venue se réfugier à Viven le 1er juillet 1942. Ils sont restés jusqu’en 1944. La famille se composait de Max, le père, diamantaire ; Suzanne, la mère ; et de leurs trois fils, Daniel (futur avocat à New York), Joël et Michael et deux filles. La famille a cherché à passer en Espagne en 1944. Max et ses fils y sont parvenus, mais pas Suzanne et son bébé, qui ont été récupérés par M. Reche et cachés. Les deux filles ont été prises et déportées à Ravensbruck, où elles sont mortes.

 

 

Les enfants de Joël, 40 ans après, lui ont un jour demandé de leur parler de cette période ; Joël a donc repris contact avec Mme Pargade qui, à cette occasion, a mis par écrit quelques souvenirs. Les Bergstein ont alors refait le voyage à Viven en 1998, puis en octobre 2015.
La famille Cernay, de Paris dont le père était médecin avait reçu des faux papiers de réfugiés alsaciens. Ils ont pu s’installer (en 1944 ?) à Carcassonne où Mme Pargade est allée les voir à deux reprises pendant la guerre. A la veille de la Libération, ils apprennent qu’ils vont être raflés, quittent Carcassonne et reviennent se réfugier à Viven. Après la guerre, la famille ira vivre à Paris et le père exercera à l’hôpital Laennec.

Le mari de Pierrette, M. Pargade, est né en 1923. A 20 ans, il est incorporé dans les chantiers de jeunesse de la forêt de Tronçais (Allier). Requis pour le STO, il refuse de partir, se cache sous une fausse identité (vraie fausse carte d’identité fournie par André Dartau). Il travaille dans une mine de lignite de la région au profit des chantiers du Mur de l’Atlantique. Arrêté à Orthez à l’occasion d’un contrôle de police, il montre ses faux papiers et est relâché. Puis, il travaille dans une autre entreprise, toujours pour les chantiers Todt, à fabriquer du charbon de bois. En 1945, il part en occupation en Allemagne et revient à Viven en 1948.

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A l’occasion de la visite qu’ils ont rendue aux membres de la famille Dartau au début du mois d’octobre 2015, les descendants actuels de la famille Bergstein leur ont offert une oeuvre d’art sortie de l’atelier d’une artiste, Ruth Bloch, qui vit en Israël. Cette sculpture est exposée dans la mairie du village.

 

 

 

 

 

 

Compte-rendu des retrouvailles dans la presse locale.

Enregistrement de l’interview de Mme Pargade.[outofthebox dir= »/Pargade Dartau » mode= »files » viewrole= »administrator|editor|author|contributor|subscriber|guest » filesize= »0″ filedate= »0″ showext= »0″ showcolumnnames= »0″ downloadrole= »administrator|editor|author|contributor|subscriber|guest » showrefreshbutton= »0″]

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