Association BPSGM Les Basses Pyrénées dans la seconde guerre mondiale 64000 Pau
Milice Française. Réaction du Préfet à la propagande de la Milice. Mai 1943.
Suite à des activités de propagande de la section locale de la Milice française, la réaction du Préfet s’adresse aussi bien à son supérieur hiérarchique régional qu’aux cadres dirigeants locaux de l’organisation.
Alerté par un rapport de police sur des activités nocturnes de propagande menées par des Miliciens, le Préfet – J.E. Grimaud – réagit en soumettant ces faits au Préfet Régional, son supérieur hiérarchique.
Dans le même temps, il demande au Chef Départemental de la Milice de faire cesser ce qu’il considère comme des comportements inciviques et des entorses à la discipline publique.
A remarquer que partant du même constat de police, les éléments mis en exergue varient en fonction de l’interlocuteur sollicité.
- Lettre du Préfet au Préfet Régional.
P.L. / O.B. PAU, le 10 mai 1943
C.D. 3740
Le Préfet des Basses-Pyrénées
à Monsieur le Préfet Régional
– cabinet –
à Toulouse
Objet : A/s de certains procédés de propagande employés par la Milice Française.
P.J. 1 copie.
J’ai l’honneur de vous adresser, ci-joint, copie d’un rapport de M. le Commissaire Central de PAU relatif à l’attitude de certains membres de la Milice Française qui procèdent nuitamment « sur ordre de Vichy » à des opérations de propagande consistant à tracer, à l’aide de peinture blanche, l’insigne de la Milice sur les chaussées des voies et des carrefours les plus fréquentés de la ville.
Je crois tout d’abord appeler votre attention sur le refus de présentation de pièces d’identité opposé par les miliciens aux agents de la Police d’Etat et sur la diminution de prestige qui en résulte pour ces derniers.
D’autre part, la méthode de propagande employée par les intéressés me parait manquer d’opportunité : le procédé consistant à mettre à profit les heures nocturnes pour tracer les inscriptions dont il s’agit, peut prêter à équivoque dans l’esprit de la population, étant donné que c’est généralement à la faveur de la nuit que les militants ou propagandistes extrémistes procèdent à l’apposition des tracts séditieux ou anti-gouvernementaux.
Il semble, enfin, surprenant que les membres de la Milice qui allèguent en toutes circonstances le caractère spécial de leur mission qui leur interdit de se soumettre à la règle commune en ce qui concerne les devoirs imposés à la population par les circonstances, consacrent une partie de leur temps à une activité dont l’intérêt et les résultats paraissent pour le moins discutables.
Je vous serais très obligé de vouloir bien me faire connaitre votre point de vue sur les divers points évoqués ci-dessus ; dans le cas où vous partageriez mon sentiment, je vous demanderais de faire part à M. le Chef du Gouvernement de ces quelques observations.
2 cachets
Le Préfet,
P.E. GRIMAUD
2. Lettre du Préfet au Chef Départemental de la Milice.
P.L. / L.G. PAU, le 10 mai 1943
C.D. 4029
Monsieur le Chef Départemental,
J’ai été informé à plusieurs reprises depuis quelques jours, que des miliciens rencontrés la nuit par des patrouille de Police, ont refusé, en raison de leur qualité (nullement apparente) de communiquer leurs pièces d’identité aux représentants de l’autorité.
Les inconvénients d’une telle attitude ne vous échapperont certainement pas et je crois inutile de m’étendre sur ce point.
Je crois devoir, au surplus, vous communiquer le texte des consignes que M. le Préfet Régional a fait diffuser dans tous les services de Police de la Région de TOULOUSE et qu’il entend voir appliquer de la manière la plus stricte et sans aucune exception.
Je vous serais, en conséquence, obligé de vouloir bien, de votre côté, donner aux miliciens les instructions nécessaires pour qu’ils se soumettent, avec discipline, à une formalité qui ne peut avoir aucun caractère vexatoire et dont les nécessités ne sauraient être contestées alors que des agents appartenant à des puissances étrangères peuvent tenter de se dissimuler en prétendant faire partie de certaines formations appelées à collaborer avec les autorités et les services de Police eux-mêmes.
Veuillez agréer, Monsieur le Chef départemental, l’expression de mes sentiments très distingués.
Le Préfet
Monsieur le Chef Départemental
de la MILICE FRANCAISE
PAU
3. Réponse du Chef de la Milice au Préfet.
MILICE FRANCAISE
UNION DEPARTEMENTALE
des Basses-Pyrénées et Landes (z.n.o.)
Hôtel Gassion, 1, rue Gontaut-Biron
Pau.
Téléphone 46-56 et 33-72
N/Réf à rappeler S.D
HD / AC N° 588
Le Chef Départemental
de la Milice Française
à
Monsieur le PREFET
des Basses-Pyrénées
PAU
Monsieur le Préfet,
Je m’excuse d’avoir tant tardé à répondre à votre lettre en date du 18 mai CD/N°4029 Cab.
Informé comme vous de quelques incidents passés avec des Miliciens rencontrés la nuit par des patrouilles de Police, j’avais immédiatement donné des ordres pour que ces incidents ne se renouvellent plus et que les Miliciens répondent comme tout le monde avec discipline aux injonctions des Agents de la Police d’Etat ?
Je reste persuadé que dorénavant ces incidents ne se reproduiront plus.
Je vous prie de croire, Monsieur le Préfet, à l’assurance de ma plus parfaite considération.
Le Chef Départemental de la MILICE Française
Cachet de la Milice
Destinataires :
le Préfet – PAU
Archives
Source: AD64 87W46.
Fac-similé de l’original.
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