Association BPSGM Les Basses Pyrénées dans la seconde guerre mondiale 64000 Pau
Milice Française. Démission du chef-adjoint. Pau, juin 1943.
Quelques temps après sa création (voir article dédié) la Milice Française des Basses-Pyrénées connait des dissensions au sein de son état-major.
Celles-ci aboutissent à la démission de Chef Adjoint du mouvement.
Un rapport du 5 juin 1943, établi par le service des Renseignements Généraux, rend compte des opinions émises suite à cette démission.
N° 3786.B.6
Porte le cachet de la Préfecture des Basse-Pyrénées, 8 juin 1943.
RENSEIGNEMENT
A/S de M. le Commandant LAUZIER, Chef adjoint de la Milice.
Des divers sondages effectués dans toutes les couches de la société de Pau, il apparait que la démission de M. LAUZIER, chef adjoint de la Milice, qui fait l’objet d’une récente communication, est interprétée de la façon suivante :
a)Opinion dans les milieux légionnaires-
Dans les milieux légionnaires de Pau, on estime que M. LAUZIER a été mis en demeure de démissionner à la suite de la récente affaire SAUT, Président de la Légion Française des Combattants.
On dit à ce sujet que M. LAUZIER se serait prêté aux dénonciations calomnieuses de certains miliciens, dénonciateurs qu’auraient provoqué l’arrestation de M. SAUT qui aurait poussé M. LAUZIER à demander sa démission.
b) Opinion des milieux miliciens-
De nombreux miliciens, partisans de la Collaboration à outrance, estiment que M. LAUZIER a été forcé à démissionner en raison de son attitude équivoque au point de vue collaboration avec l’Allemagne.
D’autres miliciens estiment enfin que M. LAUZIER a été obligé de démissionner ne pouvant pas trouver d’aboutissement à ses sentiments révolutionnaires.
c)Opinion des milieux nationaux-
Dans les milieux nationaux, M. LAUZIER était assez discuté bien que l’on ait tendance à la considérer comme un « homme bien » et animé de sincères sentiments révolutionnaires. On lui reprochait cependant de ne pas se prononcer avec plus de netteté pour la collaboration, ce qui a provoqué la démission de quelques miliciens, et de « jongler » les miliciens par de bonnes paroles et des promesses sans passer aux actes.
En résumé, les groupements nationaux qui paraissent ignorer les mobiles exacts de la démission de M. LAUZIER, commentent ce départ selon leur idéologie propre :
Le groupe « Collaboration » par exemple, considère que M. LAUZIER a été obligé de démissionner n’ayant pas de sincères sentiments de collaboration.
Certains hommes du P.P.F. regrettent le départ de M. LAUZIER. On dit aussi que si M. LAUZIER était un meneur d’hommes, il avait cependant une attitude bizarre, autant qu’en témoigne sa réticence à passer à l’action directe sur le plan révolutionnaire et l’on souhaite qu’il soit remplacé par un chef plus énergique.
d) Opinion d’une certaine partie de la population-
Le public qui commence à être au courant de la démission de M. LAUZIER, ignore les véritables mobiles de ce départ.
De nombreuses personnes estiment que M. LAUZIER, à la veille de graves événements pour la France s’est démis de ses fonctions pour ne pas assurer la responsabilité de mener des français au combat.
Cette opinion s’est généralisée chez les partisans des anglo-saxons.
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En résumé, le départ de M. LAUZIER est très diversement commenté et rares sont les personnes qui en connaissent les motifs exacts.
Selon des renseignements très confidentiels recueillis auprès de personnes dignes de foi ; M. LAUZIER aurait confié à des amis qu’il était heureux de n’être plus chef adjoint de la Milice car le mouvement qui n’a pas la sympathie du public n’a aucune chance de réussir et peut être considéré comme « mort-né ».
PAU, le 5 juin 1943.
Source: AD64 87W46.
Fac-similé de l’original.
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