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Lettre de Claude, fille de Georges Mandel, adressée au Maréchal Pétain le 24 juillet 1944.
Peu après l’assassinat de son père, Georges Mandel, sa fille Claude, âgée de 14 ans, adresse au Maréchal Pétain une lettre depuis Pau.
Cette lettre a été retrouvée dans les archives du Maréchal Pétain par Louis Noguères qui l’a publiée dans son livre « Le véritable procès du Maréchal Pétain ».
Lettre de Claude Georges-Mandel du 24 juillet 1944.
« Monsieur le Maréchal,
« Je suis une petite fille de France et, malgré mon jeune âge, je tiens à faire auprès de vous un résumé d’un peu de mon histoire.
« Je m’appelle Claude Georges-Mandel et j’ai suivi mon père, pas à pas, dans la martyrologie que vous lui avez imposée depuis plus de quatre ans.
« J’étais à Bordeaux, le 17 juin 1940, lorsque vous l’avez fait arrêter, quelques heures après votre arrivée au pouvoir, pour vous en excuser ensuite.
« J’étais en Afrique du Nord, quand vous l’avez fait traduire devant la justice militaire avec l’espoir, sans doute, qu’il serait fusillé.
« Je l’ai suivi à Chazeron où, malgré son non-lieu, vous l’avez fait incarcérer.
« Dans son ignoble réduit de Pellevoisin.
« A Vals dont le geôlier-chef Courrier s’est montré un valet si raffiné de vos consignes que vous l’avez décoré de la Légion d’honneur
« J’ai encore dans l’oreille votre voix condamnant, de votre propre autorité, mon père à la détention dans la forteresse du Portalet, pour présomptions... et je suis allée au Portalet.
« Je n’ignore pas qu’aucun juge ne s’est jamais présenté devant lui pour lui poser une seule question, faute d’éléments pour un interrogatoire.
« Mais j’ai dû le quitter quand vous l’avez livré à l’ennemi, fait inconnu dans l’histoire d’aucun peuple.
« Aujourd’hui que les événements ont parlé et ne lui donnent que trop raison, vous le réclamez à l’Allemagne, vous le faites revenir en France ; ceux dont vous êtes le Chef suprême, ceux qui vous prêtent serment, s’emparent de sa personne désarmée et l’assassinent au coin d’un bois.
« Votre justice a passé et fait de moi une orpheline.
« Mais, pour le repos de votre conscience, je viens vous dire, Monsieur le maréchal, que je ne vous en veux pas.
« Le nom que j’ai l’immense bonheur de porter, vous l’aurez immortalisé ; grâce à vous, il brillera dans l’histoire comme un flambeau.
« Car il n’évoquera ce nom ni capitulation, ni trahison envers les Alliés, ni soumission à l’ennemi, ni tous les mensonges d’une équivoque qui nous a fait tant de mal.
« Il servira d’exemple à la France et l’aidera à se retrouver bientôt : dans le chemin de l’honneur et de la dignité.
« Aussi je suis fière de vous signer
« Claude Georges-Mandel
« Hôtel de France à Pau »
Référence bibliographique:
Noguères Louis, Le véritable procès du Maréchal Pétain, Editions Fayard, Paris, 1955, 660 pages. Voir page 343.
Mention de cette lettre dans des site internet:
http://www.ffi33.org/mandel01.htm
http://archives.seine-et-marne.fr/library/Braunschweig_assassinat-Georges-Mandel-pdf .
Voir page 14 du document.
Ce site donne aussi une biographie de Georges Mandel.
Claude Georges-Mandel adresse également une lettre au Président Laval.
Monsieur Laval,
Dans son désarroi et dans sa douleur, celle qui me tient lieu de mère vous a adressé, il y a dix jours, une lettre dans laquelle, en bien grande humilité, se rappelant l’offre de vos bons offices, elle vous demandait des renseignements susceptibles de l’éclairer sur la mort de mon papa que nous avons apprise par les journaux et par la voix publique.
Vous n’avez pas daigné faire diligence pour lui répondre et sans doute ne le ferez-vous jamais. Laissez-moi vous dire, Monsieur Laval, que je vous comprends : vous avez honte.
Je suis encore bien petite et bien faible à côté de vous qui avez les Allemands pour vous défendre. Moi, j’ai les Français c’est vrai, et c’est d’ailleurs pourquoi, je ne vous demande pas de comptes comme j’en aurais le droit : ils s’en chargeront.
Je veux aussi vous dire, Monsieur Laval, que je plains beaucoup votre fille. Vous allez lui laisser un nom qui marquera dans l’histoire, mais le mien aussi. Seulement, le mien sera celui d’un martyr tombé assassiné pour avoir eu trop raison.
Claude Georges-Mandel.
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