Association  BPSGM          Les Basses Pyrénées dans la seconde guerre mondiale         64000 Pau

Les populations juives de Bayonne et du Pays basque pendant la seconde Guerre mondiale. Thèse soutenue à l’U.P.P.A.

L’historien bayonnais Mitxel Esteban vient de soutenir sa thèse d’histoire contemporaine sur la communauté juive de Bayonne pendant pendant la Seconde Guerre Mondiale. Elle s’intitule « Les populations juives de Bayonne et du Pays basque pendant la Seconde Guerre mondiale ».

 

Claude Laharie a présenté la thèse de Mitxel Esteban dans le numéro 176 de septembre 2024 du bulletin trimestriel de l’Amicale du camps de Gurs.

Nous reproduisons ci-dessous cette présentation.

 

L’enquête de Mitxel Esteban met notamment en lumière la déportation de 125 personnes depuis la gare de Bayonne et documente les trois rafles qui les ont accompagnées .

Le 19 octobre 1942, au 27 de la rue Bourg-Neuf, dans le petit Bayonne, la police française interpellait Rachel Smil et ses cinq enfants, âgés de 2 à 13 ans. Comme leur mari et père, Bourah Smil, deux ans plus tôt, ils passeront par le camp de Mérignac avant leur déportation dans le camps d’extermination d’Auschwitz. « Rachel Smil et ses enfants sont tous morts à Auschwitz. C’était une famille humble, qui n’a laissé aucune trace. Son itinéraire est exemplaire du génocide des Juifs ».

Mitxel Esteban a mené pendant sept ans sont minutieux travail, qu’il décrit comme une investigation aux confins du journalisme, son premier métier, et de l’archéologie. « On se trouve dans un angle mort de l’Histoire, car les sources sont très rares, il ne subsiste que très peu de documentation ». Mitxel Esteban a fouillé des archives, « assemblé des lambeaux »   relié des bribes, recoupé, revérifié. « J’ai fait de la micro-histoire ».

Il étudie notamment l’histoire des familles Delvaille, Enzel, Smil, Gomez-Vaëz, Silva, etc.

Le processus commence dès l’automne 1940, sous l’autorité de l’administration de Vichy. La première phase est celle de « l’aryanisation économique » qui recense une soixantaine d’entreprises juives, le plus souvent des boutiques de confection ou de bonneterie, les ferme définitivement et les liquide. Le processus dure un an environ. La deuxième phase correspond à la spoliation des immeubles et de leur contenu. Elle dure jusqu’en mai 1943 et aboutit à la confiscation de tous les biens mobiliers et immobiliers. La troisième phase est celle de l’arrestation et de la déportation. Elle débute dès l’automne 1942 et dure près d’une année. Seule l’extermination presque totale de la population juive de Bayonne y met fin. Il faut noter que les Juifs déportés étaient français à plus de 90% ce qui vient contredire l’affirmation des révisionnistes d’aujourd’hui qui affirment que Vichy aurait protégé les Juifs français. Les déportations ont lieu vers le camp de Mérignac, dans la banlieue bordelaise, mais quelques personnes sont aussi passées par Gurs.

Cette mécanique impitoyable touche l’ensemble du Pays basque. Elle se matérialise par trois rafles:

  • celle du 19 octobre 1942, où les Smil ont disparu
  • celle dite du « Veld’hiv » les 15 et 16 juillet de la même année.
  • plus tard celle du 11 janvier 1944.

L’historien déclare: « mes recherches me permettent d’établir que 125 Juifs sont passés par la gare de Bayonne pour être déportés entre 1942 et 1944. Sur ce total, 82 ont été pris lors des rafles ».

Les références du camp de Gurs sont nombreuses. Elles montrent sue la réputation du camp béarnais était épouvantable, que l’internement y était assimilé à une ghettoïsation  et que les intéressés ne se faisaient guère d’illusion sur leur avenir.

Une édition d’une version abrégée de la thèse, destinée au grand public, est en cours de préparation. Nous l’attendons avec impatience.

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