Association  BPSGM          Les Basses Pyrénées dans la seconde guerre mondiale         64000 Pau

Policiers-résistants de la 17ème Brigade de Pau. SPOTTI Louis. Commissaire .

portrait

SPOTTI Louis, Simon, Napoléon

Né le 11 août 1901 à Arras (Pas de Calais).
Fils de Simon et Raimbault Alexide.
Demeure 8 rue Mourot à Pau. Marié, trois enfants.

 

 

Tout d’abord, Louis Spotti est instituteur. Il est capitaine d’infanterie de réserve de l’armée.

A la déclaration de guerre en 1939, il est placé en Affectation Spéciale au titre du Ministère de l’Intérieur. Il demande à prendre un commandement militaire sur le front mais cette favuer lui est refusée.
Au point de vue politique, Louis Spotti se dit Rad-soc, c’est à dire qu’il a appartenu, avant la guerre au parti radical socialiste. Il n’a jamais appartenu à une autre organisation politique durant l’occupation.

C’est en qualité de commissaire de la police Municipale de Decines (Isère) le 30 juillet 1931 qu’il entre dans les cadres de la sûreté nationale.
Puis le 06 août 1934, il est nommé en qualité de commissaire à la 14ème Brigade Régionale de Police Mobile à Montpellier où il exerce jusqu’au 1er juin 1937 ; a cette date, il rejoint la 9ème Brigade Régionale de police de Marseille.

Le 11 novembre 1941, il est nommé Commissaire de Police à l’Inspection Générale des Services de Police Judiciaire à Vichy puis fut chargé des fonctions de Chef de section. Son service est installé à l’hôtel Beauséjour.

C’est le 11 juin 1942 que Louis Spotti prend la tête de la 17ème Brigade Régionale de Police Mobile à PAU. Il y exercera ces fonctions jusqu’au 10 juin 1944, date de sa révocation par Vichy.
Le 22 août 1944 , il reprend ses fonctions après avoir été réintégré par le Préfet des Basses-Pyrénées. Le 14 septembre 1944, il est nommé Commissaire Divisionnaire par le même préfet sur proposition du Comité Départemental de Libération.

 

Il participera entre autre à l’enquête sur l’assassinat de Marx Dormoy, ancien Ministre de l’intérieur, tué par des membres de la Cagoule en juillet 1941.

A Vichy, il est nommé chef de la 2ème section (menées antinationales). Cette section est composée de deux branches, l’une active et l’autre administrative. C’est cette dernière qui sera dirigée par le commissaire Spotti. Son rôle à Vichy sera strictement administratif.

Puis c’est à Pau qu’il remplacera Barthelet à la tête de la « 17ème ». Lors de l’enquête diligentée en novembre 1944 sur ordre de la commission d’épuration, Louis Spotti s’expliquera sur différentes affaires qui ont marqué le service.

Il expliquera que depuis avril 1942, il est malade et ce jusqu’en novembre de la même année. Il précise que l’activité de la Brigade était réduite et exclusivement à caractère judiciaire.
A la libération, les communistes lui reprochent d’avoir arrêtés des militants. Il expliquera comme suit les différentes affaires :

-Arrestation d’un nommé LABIDALLE : Faite le 14 juillet 1942 par un commissaire du service, sur mandat du Juge d’Instruction. Il s’agissait d’une affaire à l’instruction qui avait été traitée plusieurs mois auparavant par la Brigade. Un certain GIRET avait été identifié. Il était militant communiste et, devenu agent de la Gestapo, avait fait fusillé une centaine de Français. Le nommé Labidalle avait fourni à Giret, dans la clandestinité, des feuilles de rationnement et faisait l’objet d’un mandat d’arrêt pour trafic.

-A Mauléon : Le 28 août 1942, la gendarmerie de Mauléon, sous la direction du Lieutenant, chef e section, a procédé à l’arrestation, à la frontière de 5 personnes qui entreposaient ou passaient des tracts espagnols. Lorsque la 17ème Brigade Régionale est appelée par la gendarmerie, en vertu des instructions, les arrestations étaient faites et les perquisitions commencées. Elles ont été poursuivies. La procédure a été achevée et les inculpés ont été transférés au Parquet de Pau.

-A Tarbes : le 08 mars 1943, le commissaire Lemoine, chargé d’une enquête relative à une tentative de meurtre sur la personne d’un ouvrier, ancien de la L.V.F. a procédé au cours d’investigations et sur déclarations d’un nommé Keller, témoin de la tentative de meurtre, à une série d’audition et de perquisitions qui ont abouti, non pas comme voulait le faire admettre le témoin à un indice mais à la découverte d’une cellule soi-disant communiste.
Lorsque j’ai été prévenu par le fonctionnaire, je me suis rendu sur les lieux. J’ai trouvé au commissariat une quinzaine de personnes pour qui le Préfet des Hautes-Pyrénées avait décerné des mandats d’internement provisoires à la maison d’arrêt. Cette affaire ne tenait pas, et le Parquet, comme le Préfet ont relâché les inculpés quelques jours plus tard.

-Enfin, le commissaire Spotti ajoute qu’au cours des années 1942 et 1943, des fonctionnaires de son service ont été appelés, sur réquisition des Préfet des Basses et Hautes-Pyrénées à procéder à des perquisitions qui touchaient parfois des personnes ayant appartenu autrefois au parti communiste. Ces opérations étaient préparées par la police des Renseignements Généraux qui avait enquêté au préalable et une participation des fonctionnaires du service était demandée par les Préfets.

-Et il ajoute, d’ailleurs les fonctionnaires accomplissaient ces tâches particulières avec l’esprit inculqué dans mon service, ne cherchant pas à découvrir quoi que ce soit, avertissant quand il le pouvaient. Il concluait ainsi, ce qui est certain, c’est qu’au cours de ces opérations, il n’a été enregistré aucun résultat.
« Telle est l’action contre les communistes que j’ai pu personnellement mener. Je fais encore remarquer que ma participation effective remonte à une époque antérieure à l’entrée aen guerre de la Russie contre l’Allemagne ».

A Pau, le commissaire Spotti déclare que son pemier travail a été de s’attacher des fonctionnaires éprouvés après les avoir étudiés.

Lorsqu’il a été crée une Section des Affaires Politiques (S.A.P.) au sein de la 17ème Brigade, le commissaire Pédoussaut André en a été nommé le chef sur désignation du Commissaire Divisionnaire Subra, Chef du Service Régional. Dès lors, Louis Spotti s’appliquera à faire entrer dans cette section des hommes sur lesquels il pouvait compter. C’est ainsi que Mayali, Mourlhon, le commissaire Dalas, Gervais rejoignent le commissaire Pédoussaut afin de limiter son action.

Avec ce noyau de résistants, à qui il confiait les missions souvent délicates, le commissaire Spotti n’a obtenu que des résultats négatifs et il a pu prévenir de l’arrestation bon nombre de résistants, et ce, pendant deux ans ! On comprend mieux pourquoi les Allemands avaient des relations très difficiles avec ce service.

Par l’inspecteur Mayali, le commissaire était en contact avec le Chef départemental de la Résistance, Ambroise Bordelongue ; par le commissaire Dalas, avec la résistance des Hautes-pyrénées (appartenant à un groupe de l’AS de Toulouse également) ; par l’inspecteur radio Roignant avec le Chef départemental de l’Armée Secrète.

Spotti est en contact avec René Cassagne, adjoint au chef départemental de la Résistance. Il est en contact également avec M. Stéphani, responsable des Hautes-Pyrénées et avec le leiutenant de Beauregard, chef de la sécurité Militaire.
Au début de 1943, Louis Spotti rentre en contact avec M. Dumas adjoint au chef régional de la Résistance qui était M. Hauriou, professeur.Il apportera le soutien et l’assurance de la 17ème Brigade à la Résistance. Son activité se consacrera à mettre tout en œuvre, 1° pour lutter contre les allemands, 2° pour lutter contre la Milice, 3° pour servir la Résistance.

Pour lutter contre les Allemands

Louis Spotti a refusé tout contact avec la police allemande se mettant ainsi en conflit avec l’Intendance de Police à propos de la liaison administrative qui en fin de compte à été confiée à la Police Spéciale, alors qu’à Toulouse elle était confiée à la Police Mobile.

A plusieurs reprises, la police allemande s’est présentée au 19 rue Pasteur, au siège de la Police Judiciaire pour demander des renseignements d’archives ou d’enquêtes. Elle n’a jamais eu satisfaction. Tant et si bien, qu’en septembre 1943, le commissaire Principal Spotti a été fiché à la Gestapo (véritablement Sipo-S.D.) sur les listes de suspects et il devait être arrêté le 12 juin 1944 (témoignage de l’interprète de la S.D. Hochstrasser à la libération) en même temps que le préfet Grimaud, le secrétaire Général de Préfecture Fabre, le Chanoine Daguzan, Henri Saüt, Marcel Fortain, Charaudeau père et d’autres personnalités dont l’attachement à la Résistance était connu.

De janvier 1944 au 10 juin 1944, date à laquelle la Sipo-SD investit les locaux de la brigade, la police allemande n’avait pas mis les pieds à la 17ème Brigade. Ses visites précédentes avait été les suivantes :
Lors de l’affaire des mitraillettes, (déjà évoqué dans l’historique de la brigade), en septembre 1943, une demi-douzaine de soldats armés de mitraillettes étaient venus faire une perquisition dans les locaux. A ce moment là, le commissaire Spotti est en mission extérieure et c’est le Commisaire Lemoine qui reçoit les Allemands.

Un mois plus tard, en octobre 1943, c’est l’arrestation du commissaire Lemoine et de l’inspecteur Fauvel, tous deux fonctionnaires de la 17ème brigade de Police de Sûreté (c’est la nouvelle appellation) arrêtés pour activité résistante. Ces deux fonctionnaires sont relâchés au bénéfice du doute, Lemoine disparaît d’abord à Lourdes, revient à Pau (sans reprendre son emploi), puis part pour la Bretagne (voir biographie de Lemoine).
La Sipo-SD cherchait a savoir où était passé Lemoine et questionnait son chef Spotti. Ce dernier accréditait la version d’une disparition consécutive à une crise de neurasthénie, thèse admise par Vichy, ce qui a valu à la famille Lemoine de percevoir le traitement jusqu’en avril 1944.

Puis le 9 octobre 1943, vers 12h30, une rafle faite dans un restaurant de Pau, « Café-restaurant des Sports », sis rue Montpensier par la Sipo-SD de Pau, quatre fonctionnaires de police sont arrêtés : MM. Chibret, Berthon, Boisnard et Petreschi et était recherché l’inspecteur chauffeur Thomas. A la suite de cette opération, Spotti fera camoufler l’inspecteur Thomas.
Les autres fonctionnaires ont été relâché après quelques heures de garde à vue.

Pour lutter contre la Milice

Dès janvier 1943, à la création de la Milice Française, le Chef de la 17ème Brigade de police de Sûreté rentre en conflit avec elle.
Le 18 février 1943, la Milice avait dénoncé le Chef Départemental de la Légion et son adjoint Dupuy. Vichy a fait arrêter ces deux dirigeants.
Louis Spotti démoli point par point ls chefs d’accusation et les deux hommes sont libérés. De dépit, la Milice les dénoncera à la Gestapo ce qui leur vaudra d’être arrêtés de nouveau et seront transférés à Fresnes quelques mois.

Cette affaire fera naître la haine de la Milice envers la 17ème Brigade de Police de Sûreté et c’est à elle que l’on doit la perquisition des allemands en septembre 1943 au siège de la Brigade.

La Milice a renoncé à mettre en application la circulaire « Buffet » prévoyant la réquisition des fonctionnaire de Police Mobile dans les opérations faites par cette organisation. Une seule expérience lui a suffi.

Elle avait provoqué l’arrestation de trois résistants du Maquis de Bilhères (Corps Franc Pommiès) (Proust, Fantin et El Kaim) connue sous l’appellation d’ «affaire de Bielle ». C’était le 2 février 1944, ils sont encerclés dans la maison « Isoma ». Suivront les arrestations du propriétaire de l’Hôtel des sports de Bielle, M. Bonnard ainsi que MM Satuhé et Castaing. Ces trois derniers seront déportés.

Le même jour, mais plus tôt à l’aube est arrêté, par la Gestapo le commandant Camus du C.F.P. qui sera torturé puis déporté.

C’est donc la Milice qui arrêtent les trois résistants de Bielle, et cela en présence de fonctionnaires de la 17ème Brigade de Police. Tous les documents ont été soufflés, les dépositions dictées et inventées de toutes pièces, à telle enseigne qu’il n’a pu être retenu , en dépit des efforts de la Milice et du Procureur de la République qu’un délit de détention d’arme, établi d’ailleurs par témoignage par le Juge d’instruction !

Ecœurée, la Milice a eu recours au Groupe Mobile de Réserve « Navarre » de Pau (anciennement les bâtiments de la subsistance militaire près d’Auchan) pour effectuer une opération à Lucq de Béarn. L’opération est fixée au 17 mars 1944.

Par une indiscrétion, le commissaire Spotti sera au courant de cette affaire et les jeunes maquisards (toujours appartenant au CFP) dont le PC est dans la ferme Cazou sont averti par Joseph Caroesco, policier du Commissariat Central et pr un motocycliste envoyé par Spotti. L’affaire évidemment a échouée.

Le chef de la milice a connu cette action, il n’a pu accuser ouvertement Spotti faute de preuves. Mais il a adressé un rapport contre lui à son chef Darnand, chef suprême des forces de Maintien de l’Ordre, homme le plus puissant du moment ; il avouera l’envoi de ce rapport et d’autres concernant la 17ème brigade au cours de l’instruction, de son procès et des débats.

En mars 1944, enfin, le commissaire Spotti est dénoncé par la Milice à la Gestapo d’Oloron à propos d’une affaire d’armes mettant en cause le commissaire Boussard, et qu’il aurait étouffé. Informé à temps par la Résistance, le chef de la Brigade se mettra à l’abri d’une arrestation pendant quelques temps.

Pour aider la Résistance

Le 08 décembre 1942, l’inspecteur Mutschler de la Brigade de Police de Sûreté de Pau, qui figurait sur le B.P.C. allemand sous le numéro 900, a été arrêté par les douaniers allemands. Informé de ces faits, le chef de la 17ème Brigade dépêchera sur place le commissaire Grégoire et s’y rendra également. A leur arrivée à Oloron, il apprennent que Mutschler s’est évadé.
Spotti et Grégoire le prennent en charge dans la voiture pendant que les Allemands le cherchent activement ; il sea caché chez un commissaire d’abord puis à Morlàas et enfin à Auch, où, en dépit des ordres de Buffet, Spotti le maintiendra camouflé jusqu’au 16 août 1943, date de son affectation au camp de Brens.
L’inspecteur Long du 19 rue Pasteur également, évadé alsacien a été dans la même position et pendant trois mois à été caché également afin d’éviter son arrestation.
Spotti aidera Boussard recherché par la Gestapo à se cacher à Morlàas, dans un hôtel après l’avoir fait transporter dans un véhicule du service.

Le capitaine Plot, de l’Armée Secrète était recherché par la Gestapo de Tarbes et en rapport avec Spotti depuis novembre 1942, lui a demandé de faire disparaître toute traces de son identité à Pau. Spotti fera disparaître les fiches hôtel le concernant ce qui le préservera des recherches faites ultérieurement par les Allemands.

Au point de vue du Service du Travail Obligatoire (S.T.O.), la Police Mobile était chargée de rechercher les réfractaires et autres permissionnaires défaillants.. Les avis parvenaient par petites fiches au service.
Spotti confiera les recherches au noyau des fonctionnaires résistants de la Brigade, Dalas, Moulhon, Gervais et les autres. Ceux-ci ont éduqué par la suite des fonctionnaires qui sont restés attachés à ce travail. Résultat : sur 8 à 900 fiches, aucune découverte.

En ce qui concerne l’activité politique, les missions délicates ont toujours été confiées aux fonctionnaires résistants du service. Des consignes de passivité leur ont été données et s’est ainsi que le service de Police Judiciaire de Pau s’enorgueillit de n’avoir obtenu aucun résultat dans les centaines d’attentats qu’il a eu à régler.
Cela, malgré les rappels et observations de Vichy et de la Préfecture Régionale par le biais du Commissaire Divisionnaire Subra. Le Parquet Général a fait de même, en vain.

Il serait trop long de détailler les affaires dans lesquels la Police Judiciaire paloise a usé d’habileté pour sauver des patriotes. Cependant, il faut citer l’affaire du nommé Ducousso, militant communiste, arrêté par la Gendarmerie de Soumoulou alors q’uil transportait un camion avec des armes de guerre en provenance d’un maquis.
Requis par le Parquet, c’est le commissaire Dalas qui s’est transporté sur les lieux avec l’inspecteur Cotonat ; ils interrogent le nommé Ducousso.
Conformément aux instructions du commissaire Principal Spotti, Dalas a emmené l’intéressé dans sa voiture et l’a promené toute la matinée dans la banlieue, en attendant que le Juge d’Instruction soit à son bureau et surtout pour éviter que la Gestapo ne l’arrête dès son arrivée au siège de la Brigade.

C’est ainsi que le nommé Ducousso sera tiré des griffes de la Gestapo et son affaire se finira par une condamnation « française » légère. Ducousso manifestera sa reconnaissance aux fonctionnaires de ce service à la Libération.

Puis le 31 mars 1944, le plus actif des agents de la Gestapo tarbaise est abattu sur ordre du capitaine Pommiès. Cela se passe à la sortie du bar « L’obstacle » situé au centre ville sur la place de Verdun, face à l’hôtel Moderne, siège de la Kommandantur. Les participants du CFP pour cette mission sont sous les ordres de René Sarrazin : Boutin, Viltard, Eischen, Martin (Policier), Vergne, Dorckel, la femme de Sarrazin elle-même est présente et pénètre dans le bar pour donner le signal.
Deux membres de l’AS participent également, il s’agit de Tixador et Nunez. Ils réussissent à abattre Vidoni d’une balle mortelle vers 22h30 (sur les 19 tirées, car Vidoni porte une côte de maille, qui l’a protégée).
La sentinelle allemande n’a pas le temps de réagir, les auteurs de l’attentat disparaissent.

C’est sur un rapport de la Police Spéciale de Tarbes désignant les assassins de l’interprète de la Gestapo Vidoni, la Police Mobile de Pau doit enquêter. Tous les personnages mis en cause sont prévenus et ils ont le temps de s’enfuir. Le rapport est même établi de telle manière que la Gestapo, qui est au courant de l’information de la Police Spéciale ne fait pas de rapprochement avec le meurtre.

Le Chef de la Police Mobile de Pau avait déjà manifesté le désir de partir au Maquis, mais le Chef de la Résistance lui avait demandé de rester à son poste.
Depuis avril 1944, sous la pression de plus en plus importante des allemands, la Brigade, du moins le noyau résistant de celle-ci et son chef prévoyait d’évacuer un jour ou l’autre la Brigade avec son matériel.
La Résistance Locale a demandé de tenir un maximum en poste aux fonctionnaires. Puis le 10 juin 1944, les voies d’accès donnant dans la rue Pasteur sont barrées, Spotti et de nombreux fonctionnaires s’évadent par une fenêtre du 1er étage par la cour dont un passage par un toit leur permet d’atteindre la rue Montpensier. Spotti rejoint le PC départemental de la Résistance avec l’inspecteur Mayali.
Tous s’évadent sous les yeux des allemands impuissants.

A midi, le même jour par l’intermédiaire de l’inspecteur Gervais, le Chef Spotti donnait l’ordre de repli au maquis de tous les fonctionnaires résistants.

Le lundi 12 juin 1944, à la barbe des allemands, 20 fonctionnaires de la brigade ont emmenés les voitures, les mitraillettes, des munitions dans le maquis…

Le 1er juillet 1944, suite au combat de Rébénacq, le groupe Police rattaché au Groupe Franc Régis qui garde le PC de la Résistance est attaqué par les allemands, le maquis arrive après un combat difficile a se replier à temps et sans perte. Spotti aura ses vêtements transpercé par des balles et en arrivant au maquis du Capitaine d’aviation Prat, à Cardesse (témoignage de celui-ci en septembre 2008), celui-ci se souvient que Spotti possédait une lampe de poche à dynamo qui avait été transpercée par des balles allemandes dans la poche de sa veste.

Louis Spotti alias Spninoza dans la Résistance appartient au mouvement « Combat » depuis le 1er août 1942 ; il appartient au Noyautage des Administrations Publiques sous le contrôle d’Ambroise Bordelongue chef départemental des Mouvements Unis de Résistance. Ils sont sept a faire du travail de renseignements dans ce mouvement et le chef de la Police judiciaire est bien placé pour renseigner ceux qui sont traqués par le régime nazi ou vichyste. Il fait également ce que l’on appelle du « sabotage judiciaire » ; il sabote les enquêtes afin de les faire échouer.

C’est en qualité de Chef du réseau NAP police départemental et avec son grade de Capitaine que Bordelongue le nomme dès août 1942.

 

Louis SPOTTI 1946Dans les actions qui justifieront son activité résistante, entre autres, la commission d’homologation relèvera :

–     l’affaire  DUMAS en novembre 1942 car ce dernier sera arrêté pour activité gaulliste, l’affaire étouffé et Dumas libéré.

–     l’affaire KONKIERT, toujours en novembre 1942, il s’agit d’un israélite recherché et dénoncé, enlevé des mains de la Gestapo et envoyé avec de fausses pièces en Savoie.

  • En février 1943, affaire MILLOT, COGNES, arrêtés comme membres d’un réseau de parachutage par la police locale, affaire étouffée ; individus inculpés libérés et soustraits à la Gestapo.
  • En avril 1943, l’affaire DUCOUSSO évoquée plus haut,
  • En février 1944, l’affaire du maquis de BIELLE, les trois chefs, FANTIN, EL KAIM et PROUST arrêtés par la Milice, libérés, affaire entièrement étouffée.
  • En mars 1944, l’affaire du Maquis de LUCQ de BEARN, maquis informé par le truchement du Chef des M.U.R., opération des Groupes Mobiles de Réserve avortée,
  • En avril 1944, libération de deux exécuteurs du traître AUDUBERT, agent actif du S.D. de Pau.

La suite ce sera la participation à l’insurrection nationale à compter du 10 juin 1944 avec le départ au maquis des policiers-résistants ainsi que du matériel et l’armement de la Brigade.

 

Louis SPOTTI ne participera pas au combat de Rébénacq puisqu’il se trouve déjà au P.C. de Saint-Faust pour organiser la venue de la vingtaine d’inspecteurs le 14 juin.

 

Il participera à deux autres combats avec les troupes allemandes, le 1er juillet 1944 à AUBERTIN où il se trouve avec le Groupe Police rattaché au « Maquis Le Béarn ou Corps Franc Régis » dirigé par Lucien Sallenave. Ce sont deux compagnies S.S. qui attaquent, le combat dure 2h30, aucune perte n’est à déplorer. Le groupe se replie sur le Groupement du Commandant PRAT Chef du Secteur III ; le corps franc « Régis » peu se dégager en manœuvrant un repli salvateur.

C’est à la suite de ce combat que le commandant PRAT rencontrera le commissaire SPOTTI avec des traces de balles dans la veste et notamment une balle qui s’était fichée dans la lampe à dynamo que SPOTTI avait dans sa poche de veste.

 

Le deuxième le 10 juillet 1944, au bois du Larring secteur de Lasseube par des troupes de Douanes et Wermacht avec des meutes de chiens ; le Groupe police a fusionné avec le Groupe du Commandant PRAT. Le maquis évite le combat et se replie sans perte humaine et de matériel.

 

Louis SPOTTI précisera : « ces engagements armés ont été supporté par le groupe Police Maquis rattaché au Groupe Franc « Régis » que je commandais. Ces attaques ont été la conséquence d’expéditions armées de la « Division Das Reich », je crois spécialement chargée de la répression des maquis et dont la présence dans le secteur des Basses-Pyrénées n’a été que momentanée en juillet 1944.,dans les secteurs occupés par les maquis. Les troupes allemandes combattues se sont retirées après les combats signalés et ont évacué la zone lors du repli général des troupes allemandes le 20 août 1944. »

 

Il fera état de deux autres accrochages avec les troupes allemandes qui avaient établies des barrages, et ce,  lors de missions de liaison effectuées par le Groupe Police, l’un le 12 août 1944 à OLORON et l’autre le 17 août à PARDIES.

 

Il est mentionné comme ayant abandonné son poste sur la circulaire de recherches Pol. Sur.5 N°762 du 5 juillet 1944 éditée par le Ministère de l’Intérieur. La date évoquée de son abandon est le 10 juin 1944. Il est titulaire de la carte de police N°1069.

 

Après la guerre, ayant repris son poste de Chef de la 17ème brigade de Police Judiciaire de Pau, Louis SPOTTI quitte cette ville pour se retrouver à Bordeaux comme chef de la 7ème Brigade de Police Judiciaire. Il sera nommé Commissaire Divisionnaire au vu de son activité résistante dès août 1944.

 

Il sera nommé à Paris à la Sous-direction de la Police Judiciaire. Il participera à l’enquête sur le vol des bijoux de la Bégum (épouse de l’Agha kan) et se retrouvera sous les feux croisés de Bertaux et Valentin, tous deux hauts fonctionnaires.

 

Il finira sa carrière comme Contrôleur Général de la Police Nationale et prendra sa retraite. Il s’éteint à Sallespisse en août 1975.

 

Il était titulaire de la Légion d’Honneur, la croix de Guerre, les palmes académiques.

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