Association  BPSGM          Les Basses Pyrénées dans la seconde guerre mondiale         64000 Pau

Les passages vers l’Espagne.

LAHARIE Claude

Passages en Espagne

 

 

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PASSER CLANDESTINEMENT EN ESPAGNE :

UNE OPÉRATION ALÉATOIRE

(1940-1944)

 

 

 

Le passage de la frontière espagnole constitue, pendant toute la durée de la guerre, l’une des principales caractéristiques du département des Basses-Pyrénées. C’est aussi une aventure aléatoire.

 

Passer clandestinement en Espagne : une entreprise difficile

 

Toute route ou chemin menant vers le sud, vers les Pyrénées, est une voie potentielle de passage en Espagne.

Théoriquement, trois possibilités sont envisageables : le train, par Hendaye ou Oloron ;  la voiture, par les routes des cols pyrénéens ou le long de la côte atlantique ; la marche à pied, par les sentiers clandestins des contrebandiers ou des bergers. Pratiquement, après l’armistice de 1940 et la fermeture de la frontière par l’administration  franquiste, les deux premières hypothèses sont aléatoires. Les contrôles policiers, espagnols, français ou allemands, sont stricts sur les lignes ferroviaires Pau-Canfranc et Hendaye-Irun, ainsi qu’aux postes-frontière routiers du Pourtalet, du Somport, de Roncevaux et d’Hendaye. En revanche, les chemins de contrebandiers, les sentiers de bergers et les autres voies utilisées par les ouvriers des chantiers d’altitude sont plus difficiles à surveiller. Mais il faut les connaître. Pour cela, le seul moyen est de faire appel aux spécialistes de la montagne et de l’évasion : les contrebandiers, les guides professionnels, les agriculteurs, voire les fonctionnaires. Eux seuls sont susceptibles de proposer des itinéraires discrets, sûrs et rapides.

Ainsi, pour un clandestin (réfugié, juif, évadé, réfractaire du S.T.O., etc.), la question est de trouver un contact : soit un passeur, soit une filière de passage, soit un réseau de passage.

Mais, contrairement aux idées reçues, l’histoire d’une évasion ne se limite pas à l’ascension de cols pyrénéens ou à la progression en zone montagneuse. Si ceux qui ont réussi dans leur entreprise évoquent souvent cette partie de leur périple, avec force détails et en insistant sur l’aspect émotif du périple, c’est surtout parce qu’elle fut, la plupart du temps, éprouvante physiquement et psychologiquement. Pourtant, les dangers ont débuté bien avant.

Ils ont commencé dès les villes de départ et, plus précisément, à Pau, Bayonne, Orthez ou Oloron. Voyageant en général en train depuis Bordeaux ou Toulouse (parfois même depuis Bruxelles, Paris ou Lyon), les candidats à l’évasion transitent presque tous par ces importants nœuds de communications du département. Ils savent qu’ils sont susceptibles d’y trouver une filière ou un réseau de passage. Ils savent que les réseaux les plus structurés y disposent d’une antenne plus ou moins permanente. Toutefois, si, jusque là, ils maîtrisent les itinéraires, à partir du moment où ils pénètrent dans le département, ils se trouvent souvent en territoire inconnu. Ils deviennent dépendants de leurs relations, des réseaux ou des responsables de filières. En outre, ils entrent plus ou moins en rivalité avec les natifs de la région désireux de fuir. Eux aussi, sillonnent les rues bayonnaises, paloises ou oloronaises et, plus fréquemment, celles des plus petites agglomérations comme Orthez, Mauléon, Tardets, Saint-Jean-Pied-de-Port ou Biarritz.

Autant dire que les candidats sont nombreux, les possibilités réduites et l’opération risquée.

 

Passeurs, convoyeurs, hébergeurs

 

Pour bien comprendre la complexité du sujet, il n’est pas inutile de préciser quelques notions simples.

Le contact est la personne qui met en relations le candidat au passage en Espagne avec le réseau spécialisé dans le passage. Il réside habituellement dans une des principales villes du département, Pau, Bayonne, Biarritz, Orthez, Oloron ou Mauléon.

Le convoyeur est la personne qui prend en charge le candidat au passage en Espagne depuis la ville où a eu lieu la rencontre avec le contact. Le convoyeur est tenu de le conduire jusqu’à une cache précise, généralement une ferme, une grange ou un hangar, et de le remettre entre les mains du passeur. Il circule généralement en voiture ou en camion sur les routes du département, parfois en charrette ou à vélo.

L’hébergeur est la personne qui met à la disposition des candidats au passage en Espagne, la grange ou le local dans lequel le passeur viendra les récupérer. Il n’est pas toujours le propriétaire des lieux et il n’est pas toujours informé de l’opération.

Le passeur est la personne qui assure le passage clandestin de la frontière, à travers la montagne. Il travaille toujours la nuit.

Dans le langage courant, il arrive fréquemment que le terme de passeur soit aussi appliqué au convoyeur.

 

 

Mots-clés

1- Bayonne, Biarritz, Hendaye, Irun, Mauléon, Pau, Pau-Canfranc, Oloron, Orthez, col de Roncevaux, Saint-Jean-Pied-de-Port, col du Somport, Tardets,

2- Evasion, S.T.O., zone interdite

 

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Bibliographie

– Barrère (Sébastien). Pyrénées. L’échappée vers la liberté. Les évadés de France. Ed. Cairn,      Pau, 2005

– Belo (Robert). Aux frontières de la liberté. Fayard, Paris 1998

– Eychenne (Emilienne). Les frontières de la liberté. Toulouse, éditions Milan, 1987, 339 p.

– Larribeau (Denis).  Le Béarn face à la Seconde Guerre mondiale, Bordeaux, I.E.P.E., 1985, 224 p.

– Lougarot (Gisèle). Dans l’ombre des passeurs. Elkar

– Mémoires de Guerre (témoignages). Ed ; de la Maison du patrimoine. Oloron, 1995

– « Passages en Aspe ». Association Mémoire collective en Béarn. Bull. n° 9, Pau, 1994

– Poullenot (Louis). Basses Pyrénées. Occupation. Libération (1940-1945). J et D Editions,        Biarritz, 1995, 368 p.

– Ugeux (W.).  Le passage de l’Iraty, Bruxelles, éditions Hatier, 1984, 234 p.

 

Notes de travail 2013

A partir du master de Benoit Laulhé

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Un commentaire à Les passages vers l’Espagne.

  1. A propos de la scierie de Mendive, connaissez-vous le livre de Meg 0strum (nom à vérifier)… « Le chirurgien et le berger » paru aux Editions Aubéron ?

    J’ai publié un livre intitulé « Un drôle de temps » aux Editions IRU ERREGE de Bayonne en 2015. Souvenirs d’enfance et de jeunesse au Pays Basque. Je parle de la Guerre 14-18, telle que mon père me la raconta, de celle de 39-45, dont je me souviens bien à mes 87 ans.
    Je mets la dernière main à un manuscrit sur les passeurs de la région de St Jean-Pied-de-Port.
    Bravo pour votre site Basses-Pyrénées, fort intéressant.

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