Le mot du Président

LE MOT DU PRESIDENT

A l’origine, la création de ce site provient d’une question récurrente : pourquoi notre département des Pyrénées-Atlantiques (Basses- Pyrénées pendant la guerre) est-il si rarement mentionné dans les études nationales ou même régionales ?

Pourtant, chacun s’accorde pour reconnaître à ce département une place éminente pendant toute cette période :

– il est le lieu de passage privilégié vers l’Espagne, pour tous ceux qui tentent d’y trouver un refuge ou de poursuivre le combat dans les rangs de la France libre.

– il possède une façade atlantique qui le met en contact direct avec l’Afrique du nord comme avec l’Angleterre.

– la montagne et les forêts pyrénéennes y ont permis la constitution de nombreux maquis, corps francs ou unités de résistance.

– il est partagé en deux par la ligne de démarcation. Orthez en est une des plaques-tournantes.

– plusieurs dizaines de réseaux de résistance y ont fonctionné, et cela dès 1940.

– sur son territoire se trouve le camp de Gurs, l’un des lieux français d’internement les plus emblématiques, d’abord pour le Républicains espagnols, ensuite pour les juifs étrangers. Ces derniers furent déportés vers Auschwitz, en vue de leur extermination, en partance de ce camp.

En outre, il dispose, avec l’Université de Pau et des Pays de l’Adour (U.P.P.A.), d’un lieu d’études et de recherches, qui entretient l’intérêt des jeunes, des étudiants et du public pour cette période, comme pour l’histoire de l’Espagne.

Paradoxalement, aucune grande étude historique de synthèse n’a jamais été écrite sur le sujet. Le seul ouvrage de référence est celui de Louis Poullenot, ancien résistant, qui repose sur les recherches anciennes et partielles d’Honoré Baradat, ancien résistant. Encore faut-il préciser que cette publication ne traite que du Béarn et de la Soule, laissant le reste du Pays Basque dans un oubli à peu près total. Mieux, dans les quelques 1200 pages que François Marcot consacre à l’histoire de la Résistance¹, on chercherait vainement la moindre ligne sur notre département, y compris dans les notices traitant de l’Aquitaine.

Comment expliquer une telle situation ?

On répondra, de manière tautologique, que les raisons tiennent à l’absence d’un grand historien local qui se serait consacré au sujet. Mais pourquoi une telle absence, lorsqu’on connait la qualité des ouvrages historiques traitant du Moyen-âge béarnais ou de l’époque moderne et contemporaine en Pays basque ? Il y a là une question qui mériterait d’être approfondie.

C’est pourquoi une équipe de chercheurs, composée, d’une part, d’enseignants d’histoire, retraités de l’Education nationale, et d’autre part, de passionnés de cette période, a souhaité créer un site internet, accessible à tous, sur le sujet.

Notre but est de constituer un site historique d’informations et de recherches.

Il s’agit en premier lieu d’un site à caractère historique. A ce titre, nous travaillons en étroites relations avec l’Université de Pau et des Pays de l’Adour, ainsi qu’avec l’ensemble des associations, basques ou béarnaises, pratiquant la recherche historique dans notre département.

Nous travaillons également avec l’Office national des Anciens combattants (ONAC), dont l’action culturelle doit être soulignée, ainsi qu’avec la plupart des associations mémorielles du département. C’est essentiellement à travers elles que nous avons pu recueillir de nombreux témoignages, voire des archives exceptionnelles.

A ce titre, nous lançons un appel puissant à toute personne qui posséderait des documents ou archives sur le sujet, afin qu’elle prenne contact avec nous et qu’elle nous aide dans notre quête documentaire.

Notre seul souci est d’apporter notre pierre à la connaissance d’un sujet qui nous apparaît essentiel, non seulement pour l’histoire de notre département, mais aussi, pour la compréhension de notre époque.

Claude Laharie

¹ François Marcot (sous la direction de), Dictionnaire historique de la Résistance, Robert Laffont, coll. Bouquins, Paris, 2011