Association  BPSGM          Les Basses Pyrénées dans la seconde guerre mondiale         64000 Pau

LAULHE Benoit. Résistance au Pays Basque.34: ANDRÉ BOUILLAR, POLICIER ET RÉSISTANT.

 

ANDRÉ BOUILLAR, POLICIER ET RÉSISTANT.      

Benoit LAULHE – La Résistance au Pays Basque – Master U.P.P.A. – 2001 –

Fiche n°34.

 

 

ANDRÉ BOUILLAR, POLICIER ET RÉSISTANT.      

          Ancien combattant et prisonnier de guerre, André Bouillar est nommé inspecteur de police auxiliaire détaché à Tarnos en novembre 1941. S’engageant dans l’armée de l’ombre dès son arrivée sur la côte basque,  il s’illustre dans les passages clandestins de la frontière et de la ligne de démarcation, puis s’impose comme chef local de la Résistance.

          Toutefois, si son dévouement et ses compétences le font rapidement monter dans la hiérarchie clandestine régionale puis nationale de la Résistance, ses plus brillantes actions sont accomplies dans les Basses-Pyrénées occupées.

          Enfant d’un père capitaine de gendarmerie et d’une mère espagnole, André Bouillar est fait prisonnier en 1940 après s’être illustré lors de la campagne de France. Libéré en septembre, il entre dans la police en 1941 en tant qu’inspecteur auxiliaire des renseignements généraux à Mont-de-Marsan. Muté peu de temps après à Dax, il prend rapidement contact avec la résistance locale, notamment le S.O.E. (Spécial Opération Executive), le réseau anglais Scientist et l’O.C.M. (Organisation Civile et Militaire). Malgré quelques opérations clandestines dans cette zone, c’est à Tarnos, où il est détaché le 11 novembre 1941, qu’il est le plus actif.

          En relation avec l’inspecteur de police de Bayonne André Vallet (alias Francis dans la résistance), l’entreprise de pompes funèbres Bidart-Laffargue et des amis basques anciens prisonniers de guerre, il met rapidement sur pied des filières de passage en Espagne et en zone libre. A l’automne 1942, son action s’oriente cependant davantage vers l’engagement violent et concret contre les nazis. Il crée pour cela une première unité armée à Tarnos, rattachée comme lui à l’A.S. (Armée Secrète) de Léon des Landes, à l’O.C.M. et au réseau Buckmaster. Jean Capdevielle, Jean et Gentil Motichet, Jean Riberolles, Roger Goossens,  Bernard Domet, André Latxague, Louis Lassus et d’autres forment rapidement les piliers de cet embryon d’organisation clandestine basque.

          Associé à Jeannot Mouchet, il mène alors sous le pseudonyme de Dédé le Basque2 de nombreux passages clandestins en Espagne, mais également des opérations de récupérations et des distributions d’armes parachutées en Haute-Lande (ramenées dans un premier temps par l’inspecteur sur Bayonne puis éparpillées et cachées par différents groupes de résistants de la région). Début 1944, grâce à l’efficacité de son action et à la progression de son engagement, il est promu chef des F.F.I. (Forces Françaises Libres) dans le département des Basses-Pyrénées occupées. Peu de temps après, il est même appelé à Bordeaux où il se voit confier d’importantes responsabilités au niveau régional puis national.

          Entre temps, juste avant de quitter la côte basque, il lance une violente vague d’attentats. Le 30 janvier, il fait ainsi sauter les sièges d’organisations collaborationnistes à Bayonne (Parti Populaire Français, Légion des Volontaires Français, Rassemblement National Populaire, groupe Collaboration). Le 16 mars, sur l’initiative de M Mouchet, une ligne haute tension explose à Tarnos, le 20, un répartiteur téléphonique à Bayonne, et le 11 mai, le centre d’embauche allemand ainsi qu’un bureau d’information (ils détruisent ainsi les dossiers de centaines de jeunes en partance pour l’Allemagne).

          Ces dernières opérations accomplies, il part à Bordeaux où il retrouve d’autres Tarnosiens (Jean Capdevielle et George Fabas) avec lesquels il participe à la création du célèbre et très actif Corps-Franc Marc. Passé dans la clandestinité, recherché par les Allemands, il multiplie alors les coups d’éclat. Certains très spectaculaires, comme l’évasion de camarades prisonniers de la Gestapo ou les attentats contre les engins V4 de l’usine Latécoère de Toulouse, ont un retentissement national.

          Cependant, après avoir rejoint avec ses hommes le maquis du Blayais à Reignac-de-Blaye, et après sa nomination à la tête des F.F.I. du Nord-Gironde et Sud-Charente avec le grade de capitaine, il tombe, mortellement blessé, le 22 août 1944 lors de l’attaque d’une compagnie allemande à St Simon de Bordes.

          Ses obsèques, le 24 à Reignac-de-Blaye, sont grandioses. A plusieurs reprises d’autres cérémonies, à Mont-de-Marsan, Tarnos ou Bayonne, honorent également la mémoire de celui que l’historien Raymond Ruffin défini comme l’une « des plus grandes figures de la résistance de la région B, un chef historique qui a marqué du fer rouge de l’héroïsme la belle époque également historique de l’armée de l’ombre »3.

1  Centre social et culturel du Boucau, Tarnos, Boucau, Ondres, durant la période 1940-1944, Boucau, Imprimeries du Boucau-Tarnos, 1995, 63 p.

² Idem

3  Idem

 

Désolé, les commentaires sont fermés pour cet article.