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LAULHE Benoit. Résistance au Pays Basque.32: LA RÉSISTANCE COMMUNISTE EN PAYS BASQUE (1940-1943).

 

LA RÉSISTANCE COMMUNISTE EN PAYS BASQUE, LES DÉBUTS (1940-1943).

Benoit LAULHE – La Résistance au Pays Basque – Master U.P.P.A. – 2001 –

Fiche n°32.

 

 

LA RÉSISTANCE COMMUNISTE EN PAYS BASQUE, LES DÉBUTS (1940-1943).

 

            Parmi les rares organes de résistance ayant lutté militairement pendant l’occupation sur la côte basque, un mouvement se démarque par sa longévité, ses pertes, mais surtout par son action : l’organisation de résistance communiste du Boucau et de Tarnos.

          Structure politisée réalisant dans un premier temps des actes symboliques, ce mouvement souffre durant le conflit des nombreuses vagues d’arrestations qui déciment rapidement ses rangs et affaiblissent son action. Cependant, bien organisé et dirigé, il parvient à reprendre le combat et s’engage dans des opérations d’envergure de renseignement, de passage et de guérilla.

          Si la résistance active s’est surtout caractérisée dans la partie basque des Basses-Pyrénées par une forte activité des réseaux de renseignement et d’évasion (l’action armée et terroriste est limitée et difficile du fait de la forte surveillance allemande dans une zone très urbanisée et peu propice à l’installation de maquis), nous pouvons quand même répertorier un certain nombre d’actes militaires et « violents » destinés à causer des pertes chez l’ennemi, à gêner ses communications et à créer chez lui un sentiment de crainte et de méfiance permanente.

          Beaucoup de groupes de combats honorés à la libération n’agissent que tardivement, souvent après le débarquement allié, voire même peu de temps avant le départ de l’occupant. Pourtant, une organisation peu connue dans l’histoire de cette période, mais très active, a mené, dès le début de la guerre et durant toute l’occupation, un combat quotidien et acharné : le groupe de résistants communistes du Boucau et de Tarnos.

          Si ses débuts sont hésitants, mal préparés et parfois symboliques, peu à peu, les actes maladroits se transforment en véritables opérations stratégiques, bien organisées, avec des objectifs précis et une grande rigueur dans leur exécution.

          Les premières actions répertoriées sont datées de l’été 1940. A cette période, juste après l’armistice, les communistes (dont le parti est officiellement interdit), lancent des appels à continuer la lutte et à refuser l’occupant. Toutefois, bien que quelques actes isolés après l’arrivée des Allemands traduisent l’hostilité d’une partie de la population locale, les premières tentatives d’organisation de mouvements clandestins antinazis ne voient le jour qu’en septembre 1940. A cette époque, la cellule du parti communiste local tente de se réorganiser autour d’anciens militants, tels MM Arias, Mages et Lesgourges, qui forment dans leurs relations des groupes susceptibles de composer les futurs membres d’un parti ressuscité. Cependant, l’appui décisif vient, peu de temps après, de l’ancien secrétaire de mairie de Tarnos, Jean Paillé, qui, rentré dans l’ombre, prend contact avec Arias et Sougues (chef régional du P.C.), afin de créer un «triangle» de direction pour la nouvelle organisation communiste basque mise en place autour de Duprat (Désiré) d’Anglet, de Clément Laborde (César) de Mouguerre et de Marthe Glize du Boucau.

          C’est sous l’impulsion de cet organe que sont menés les premiers actes de résistance qui, en ce début d’occupation, revêtent une portée plus symbolique que stratégique. Ainsi, en novembre, des tracts contre l’occupant sont distribués aux Forges de l’Adour par un groupe des jeunesses communistes composé notamment de Lajournade, Méléro et Labéno. Cette opération est reconduite quelques semaines plus tard, puis par la suite régulièrement. Au début de l’année 1941, afin d’intensifier ce travail de contre propagande, Paillé crée une véritable imprimerie clandestine communiste qui approvisionne, à partir de la côte basque, de nombreux réseaux dans tout le grand Sud-Ouest.

          Cependant, ces activités n’ayant qu’une portée limitée, au printemps 1941, les dirigeants locaux du mouvement décident de s’engager plus concrètement dans la lutte contre l’occupant en rentrant en contact avec les responsables basques des services secrets alliés et français du B.C.R.A. (Bureau Central de Renseignement et d’Action). Ce rapprochement débouche en juin 1941 sur la réalisation d’opérations où collaborent militants communistes basques ou landais (Lacoste de Tarnos, Dagouassat du Boucau…) et parachutistes du bureau central. Ces derniers profitent de la connaissance du terrain et de la prise en charge de l’hébergement, du ravitaillement puis du passage en Espagne par leurs « associés ».

          Toutefois, à la fin de cette première année de lutte, le bilan n’est pas très élogieux. Au-delà des distributions de tracts et de la campagne de contre propagande, l’activité des groupes communistes du Boucau reste en effet très discrète. Ce manque de résultats peut en partie s’expliquer par de très douloureuses vagues d’arrestations qui paralysent dès 1940 l’organisation. En effet, le 5 novembre, l’ancien maire rouge du Boucau, George Lassalle, est arrêté à Tarbes. Son évasion, le 30 décembre, lui permet de rentrer dans la clandestinité et de continuer la lutte mais dans le centre de la France, sa présence dans le département étant trop risquée. En 1941, c’est au tour de Joseph Biarrotte, de Joseph Fabas, d’Albert Mora et de Gilbert Vital d’être interpellés et emprisonnés. Le sommet de cette période de crise se situe le 17 mars 1941 avec l’arrestation de tout le groupe des Jeunesses communistes d’Anglet et de Biarritz.

          Malgré ces nombreux coups durs, les hommes de la résistance, trouvent pourtant à l’automne 1941 les ressources nécessaires pour relancer leur mouvement et repartir dans la lutte. Ce regain d’énergie se matérialise dans un premier temps par la création de deux groupes de Forces Unies de Jeunesse Patriotique (F.U.J.P.), en particulier grâce à l’action d’Eliza Lassalle qui recrute un groupe de quatorze jeunes, parmi lesquels se trouvent MM. Jauvin, Prévôt, Glizé et Labat. De même, dans un second temps, le 11 novembre, l’arrivée à Tarnos de l’inspecteur de police André Bouillar, qui devient rapidement un incontestable leader pour la résistance, remotive les communistes qui, malgré l’arrestation d’Albert Dupré (ancien conseiller municipal du Boucau) le 19 décembre 1941 à Biarritz, se lancent dans un combat plus concret et visible.

          Cela passe tout d’abord par un rétablissement des liaisons avec Londres (par le biais d’un nouveau poste émetteur qui est caché chez les Dagouassat) et par une multiplication des actions dans le cadre des réseaux d’évasion et de renseignement. Ainsi, M Dupin du Boucau entre rapidement en contact avec les responsables du réseau C.N.D. (Confrérie Notre Dame. Dagonet, Erni et Labrosse s’investissent également dans cette structure. L’enseignant Duboy de Tarnos effectue un important et minutieux relevé des positions et des fortifications allemandes sur la côte pour Londres et pour le réseau Gattia auquel il appartient (les informations transitent par Baradat, alias Achille, de Pau, grâce à la complicité des cheminots communistes).

          Toutefois, à partir du printemps 1943, l’engagement des militants prend une nouvelle forme puisqu’il aboutit à la réalisation d’opérations de destruction, de harcèlement et de sabotage plus efficaces et surtout plus visibles, donc plus dangereuses pour les Allemands. Ainsi, entre avril et octobre 1942, en plus des campagnes de distribution de tracts et de manifestation d’hostilité à l’égard de l’occupant dans les cinémas (notamment à l’Appolo), le F.U.J.P. (principalement Marcel Glize et René Desquene) sabote à plusieurs reprises les câbles téléphoniques de l’agglomération bayonnaise ou du Boucau, ainsi que de nombreux véhicules ennemis. Le 25 mai, ses membres incendient un cantonnement allemand, Glize, Tauzin et Sany rééditeront cette opération quelques jours plus tard contre un dépôt de paille à la gare de Bayonne.

          Cependant, comme en 1941, chaque action donne lieu à plusieurs arrestations dans les milieux communistes, clandestins ou officiels, de la côte et dans la région. Les plus importantes sont sûrement celle d’Arias (à Bordeaux), qui est devenu responsable régional du parti, mais aussi celles de Glize, Lapierre, Miremont et Pécastaing, qui entraînent la saisie d’une partie du matériel d’impression.

          Décimé, saigné à blanc, ce mouvement de résistance est donc menacé de disparition, la majorité de ses cadres et de ses hommes de terrain étant dans les mains des nazis. Pourtant, les militants de toute la zone basque et d’une partie des Landes réussissent à se mobiliser pour sauver cette organisation qui, sous l’influence de grands leaders charismatiques, poursuit et décuple son activité dans la longue marche qui mène jusqu’à la libération.

 

 

1 Centre social et culturel, Tarnos, Boucau, Ondres durant la période 1940-1944, Boucau, imprimeries du Boucau – Tarnos, 1995, 63 p.

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