Association BPSGM Les Basses Pyrénées dans la seconde guerre mondiale 64000 Pau
L’affaire de Barcus. Michel Olazabal.
Le dernier passage organisé par M. Olazabal le 24 juin 1943 a connu une fin tragique: l’affaire de Barcus. Un groupe d’une trentaine de fugitifs est arrêté; Jean Pierre Murcuillat – 18 ans – est abattu.
Les faits.
Le convoi de fugitifs qui, le 24 juin 1943 au petit matin, vient de quitter Pau avec Michel Olazabal, passe par le village de Geüs où il marque une halte prévue au café Pourtau.
En sortant du café, M. Olazabal modifie un peu son itinéraire pour rejoindre Barcus. Il se dirige vers la ferme Cotabaren, à 3 km du bourg où attendent déjà deux autres candidats à l’évasion.
Tous les fugitifs regroupés à la ferme Cotabaren sont alors hébergés sur place dans une grange par la famille Murcuillat. Avant de continuer leur chemin, ils doivent attendre le retour de M. Olazabal qui repart vers Pau d’où il doit convoyer un deuxième groupe de candidats à l’évasion.
Michel Olazabal arrive à Pau à 15h30, en repart à 17h par le car à destination de Navarrenx avec le deuxième groupe. La jonction des deux convois est envisagée vers 3 heures du matin. Mais, plusieurs incidents retardent la progression et les retards s’accumulent. A l’approche de Barcus, dans une ferme proche de Cotabaren, le passeur apprend que:
- les clandestins cachés dans la grange des Murcuillat ont été découverts et arrêtés,
- un jeune a été tué dans la cour de la ferme. Il s’agit de Jean Pierre Murcuillat, âgé de 18 ans.
Michel Olazabal et son groupe font alors demi-tour et se dispersent. Ce passage avorté fut le dernier initié par M. Olazabal qui passe ensuite en Espagne où il entre au service de la Base-Espagne à Madrid.
La responsabilité.
« L’affaire de Barcus » a suscité de nombreuses interrogations. Michel Olazabal, lui-même, a été soupçonné de jouer un double jeu. Cette hypothèse s’est, au fil du temps et des témoignages, avérée strictement improbable.
Le frère et la sœur Marcel et Hélène A…., proches des occupants allemands, ont pu contribuer à la dénonciation des activités de passage.
Des témoignages cités par Gisèle Lougarot évoquent des « dénonces » en précisant « ce sont les Français, des miliciens basés à Moumour, qui ont fait beaucoup de mal », » le jeune Murcuillat a été tué par des Doriotistes. Ce qu’il y a de sûr c’est que parmi ceux qui sont venus à la ferme, certains parlaient parfaitement français ».
Ces témoignages sont renforcés par un document d’époque que cite Gisèle Lougarot. (Document du 2 juillet 1943 adressé par le chef de service des renseignements généraux à Pau au directeur des R.G. à Vichy). (cf page 386 in « Dans l’ombre des passeurs »).
« Dans la première moitié du mois de juin, la population de Barcus et de Moumour s’est émue de la présence à Moumour, situé à 4 km de d’Oloron, d’un groupe de soldats allemands (quarante environ) parlant ‘français sans accent’ et commandé par un sous-officier allemand. La plupart des personnes qui ont eu des rapports avec ces militaires sont persuadés qu’ils sont français, beaucoup d’entre eux ne cherchant pas à le dissimuler. Certains supposent qu’il s’agit d’une section de la région des Volontaires français mais, d’après des conversations que ces jeunes gens auraient eues, il s’agirait plutôt de membres ou anciens membres du PPF. Quelques uns d’entre eux auraient même précisé leur rôle qui peut être résumé ainsi: investigations dans le but de trouver les défaillants au STO, les parachutistes, les gaullistes, les communistes,, etc…Par leur situation à la limite de la zone réservée, leur activité s’est exercée tout naturellement sur les tentatives de passages clandestins de frontière et a donné lieu aux faits ci-dessous exposés….. »
Les informations données par Gisèle Lougarot en 2004 sont confirmées par les travaux plus récents de Olivier Pigoreau, Jean-Marie Guillou et Guillaume Vieira, Jean Marc Bélière. Ces auteurs montrent que « l’affaire de Barcus » est liée aux exactions commises par la 8e compagnie du 3e régiment de la Division Brandebourg qui était alors stationnée à Moumour.
Pour en savoir plus sur la 8e compagnie du 3e régiment de la Division Brandebourg: cliquer ici.
Référence bibliographique.
Lougarot, Gisèle, Dans l’ombre des passeurs, éditions Elkar, Donostia, 2004. Voir page 273 et suivantes.
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