Association  BPSGM          Les Basses Pyrénées dans la seconde guerre mondiale         64000 Pau

Historique de la 17ème Brigade de Police Judiciaire de PAU.

 Photo0452ret  I-  Généralités

Au début du XXème siècle, il n’existe pas en France de Police nationale. La police est municipale, et peu de villes (sauf Paris et quelques grandes métropoles) possèdent un service de police criminelle ; seule la Gendarmerie à compétence nationale.

Dans les campagnes, des bandes armées terrorisent les habitants (les fameux « chauffeurs »…) et finalement, peu de crimes sont élucidés ;  il suffit  de passer d’un département à un autre pour trouver une certaine impunité due aux limites territoriales et techniques des investigations judiciaires.

Entre temps, Georges Clemenceau devient ministre de l’Intérieur en 1906 et crée, avec le commissaire de Police Hénnion, la Police Judiciaire moderne, nationale et mobile : les Brigades Régionales Mobiles de Police Judiciaires (B.M.) que les policiers eux-mêmes et la population appelleront plus tard, les « brigades du Tigre » en hommage à leur créateur.

La circulaire de 1908 précise que les « mobiliards » (surnom de ces hommes) auront pour missions exclusive de seconder l’autorité judiciaire dans la répression des crimes et délits de droit commun ; il est précisé dans cette circulaire que les enquêtes à caractère administratif et surtout à caractère politique leur sont rigoureusement interdites ;  les préfets sont avertis:

« En aucune circonstance vous n’avez à faire appel à leur concours…Les Brigades mobiles sont à la disposition exclusive des parquets ».

Dans leurs premières années d’existence, ces brigades vont construire leur légende grâce à leur compétence. Puis, les brigades mobiles sont de toutes les grandes affaires (Bonnot, Landru, Seznec, Stavisky…)

A la veille de la deuxième guerre mondiale, les « limiers » de la Police Judiciaire se sont crées une réputation internationale et incarnent enfin une police moderne et efficace utilisant non seulement le flair policier, mais également en systématisant  les  techniques d’investigation scientifiques.

La presse relayera les exploits de cette police, la rendant populaire tant au niveau national qu’international ; Simenon et bien d’autres y puiseront leur inspiration.

  • La 17ème brigade Mobile

2.1. Situation

siège PJ

 

 

Elle a son siège au 19 rue Pasteur à PAU. L’immeuble appartient à Mme veuve MAYSOUNAVE Gustave demeurant 56 rue Montpensier à PAU. La location revient à 18.000 francs par an.

 

 

La Brigade occupe tout l’immeuble à savoir :

Au rez de chaussée :

1 bureau et salle d’archives,

1 bureau d’inspecteurs,

1 cabinet laboratoire,

1 garage pour 3 voitures.

Au premier étage :

2 bureaux de commissaires,

1 bureau « secrétariat »,

1 bureau d’inspecteurs.

Au deuxième étage :

3 bureaux de commissaires,

2 bureaux d’inspecteurs.

Au troisième étage :

1 bureau d’inspecteurs,

1 pièce d’archives,

2 pièces d’identité judiciaire.

Un Petit pavillon (sur cour):

1 bureau de commissaires

1 bureau d’inspecteurs-chauffeurs

Le numéro de téléphone est le 41.84.

2.2 Actions

Médaille police vichyAu cours de l’année 1938, fut crée à PAU la 17ème brigade de P.J. comprenant 4 commissaires, dix inspecteurs et deux chauffeurs. Elle était dotée de trois voitures automobiles et assurait le contrôle des départements des Basses-Pyrénées, Landes, Hautes-Pyrénées.

En 1939, la Brigade de P.J. de Pau était composée de 4 commissaires et 12 inspecteurs.

Durant l’année 1941, cette brigade vit ses effectifs portés à 20 fonctionnaires dont 6 commissaires.

A l’automne 1942, les Brigades Régionales de P.J. sont transformées en Brigades Régionales de Police de Sûreté.

A partir du 10 décembre 1942, et compte tenu de la Ligne de Démarcation, la Brigade ne s’occupa plus que de la partie libre des Landes, mais se vit octroyer en compensation le département du Gers.

A cette époque, les effectifs furent portés à 10 commissaires et 60 inspecteurs. Le service avait alors à sa disposition 10 voitures automobiles, 8 motocyclettes.

En 1944, avant la Libération, la composition de la brigade était de 8 commissaires et 50 inspecteurs ; et après la Libération 6 commissaires et 37 inspecteurs.

En septembre 1945, 1 commissaire et 19 inspecteurs.

La 17ème Brigade de PJ fut dissoute le 15 octobre 1945 et ses fonctionnaires répartis dans les différentes Brigades de Police Judiciaire.

Au début de son fonctionnement, ce service disposait librement de tout le carburant nécessaire à sa bonne marche, mais par suite des économies prescrites durant l’occupation, sa consommation en essence qui avait atteint 3000 litres par mois dut passer à 800 litres en 1942 et 500 litres en 1943 et 1944.

Les résultats obtenus par ce service furent considérables.

En 1940, plus de 100 personnes étaient arrêtées par mois.

En 1943 et 1944, le nombre des arrestations s’élevaient à une moyenne d’environ 120 par mois.

Durant les événements de juin 1944, une partie des fonctionnaires de la 17ème Brigade Régionale de Police Judiciaire prirent le maquis emportant avec eux armes, munitions, voitures et matériels divers de la brigade, désorganisant ainsi le fonctionnement de ce service alors que les allemands venaient arrêter quelques uns de ces hommes. ( rapport du Commissaire divisionnaire SPOTTI au Directeur Général de la Sûreté Nationale, daté d’octobre 1944).

Les fonctionnaires de la 17ème brigade qui ont pris le maquis entre le 10 et le 12 juin 1944 sont :

Le commissaire principal SPOTTI

L’ inspecteur-principal Radio ROIGNANT

Les inspecteurs MAYALI Roger-GERVAIS Pierre-LAURENS Raoul-DESPRES Henri-LOUSTAU Michel-MOURLHON Louis-DUPRE Marcel-NARP Robert-COLOMBANI Ignace-LABARTHE Georges-PETRESCHI François-BOURDALLE Jules-COTONAT Pierre-GAIMARD Gaston-DREUIL Albert-

Les inspecteurs-Photographes FOURCANS Georges-BRANDI Jean-

Il faut associer à ces hommes l’inspecteur FAUVEL Guy de la 20ème brigade Régionale de P.J. de LIMOGES, en congé à PAU, qui sera arrêté le 15 juin 1944 dans les environs d’Arudy par une patrouille allemande, transféré au Fort du Hâ à BORDEAUX et déporté à MELK (Autriche) où il mourra le 25 décembre 1944.

Mais également l’Agent auxiliaire de la 17ème BR P.J. MARCAU Jean, l’inspecteur CAZENAVE-CAMBET de la 8ème Brigade Régionale de P.J. e TOULOUSE et un agent-Chauffeur des Renseignements Généraux de Pau dont je n’ai pas le nom.

Suite au combat de Rébénacq, le groupe des policiers est dispersé dans la nature.

Les inspecteurs NARP (blessé à la poitrine lors du combat), COLOMBANI, PETRESCHI et GAIMARD (blessé également sur le crâne) et l’auxiliaire des Renseignements Généraux rejoindront le PC de la Résistance de St FAUST où leur chef SPOTTI les attends avec l’inspecteur MAYALI.

Six autres, les inspecteurs DUPRE, LABARTHE, DREUIL, FOURCANS, BRANDI, et l’auxiliaire MARCAU se trouvant isolés  ont réintégré la Brigade sous le  bénéfice de l’amnistie assurée, après cet événement, par la Préfecture Régionale de TOULOUSE  jusqu’au 30 juin 1944.

Les autres fonctionnaires : LAURENS, BOURDALLE, DESPRES, GERVAIS également isolés et dispersés sont restés au maquis jusqu’à la Libération. Ce dernier à même rejoint le PC départemental dès qu’il a pu retrouver le contact.

SPOTTI précise que le contact a été maintenu  avec « les éléments sûrs » de la Brigade de Pau notamment le commissaire DALAS et l’inspecteur LABARTHE.

D’autres comme le commissaire PEDOUSSAUT de la même brigade ont recherchés infructueusement (et activement ?) les personnels partis au maquis ; toujours est-il qu’il sera suspendu en septembre 1944. Les commissaires des divers services de police et quelques inspecteurs, eux aussi, ont cherchés à retrouver les fonctionnaires « égarés ». (voir rapport N° 7017 du Commissaire Central de Pau daté du 19 juin 1944 et transmis à l’Intendant Régional au Maintien de l’Ordre de TOULOUSE, Archives Départementales des P.A. Côte 1031 W 82)

Le commissaire SPOTTI note dans son rapport d’octobre 1944 que les autorités ennemies aidées de la Milice et du P.P.F. ont mis un acharnement particulier pour les anéantir.

Enfin, entre le 20 août 1944 et le 12 octobre 1945, date de sa dissolution, la Brigade eut à s’occuper des affaires qui suivirent la Libération, instruisit 3500 dossiers qui amenèrent l’internement de 1800 personnes.

En outre, elle continua durant cette période critique à traiter de nombreuses affaires de droit commun.

LA SECTION LOCALE

Le 19 juillet 1944 fut crée à PAU, indépendante de la 17ème Brigade, mais venant la renforcer, une Section locale de Police Judiciaire qui s’occupa plus particulièrement des nombreuses affaires de droit commun de la circonscription.

Cette section devait comprendre 15 inspecteurs, 2 secrétaires et du personnel auxiliaire de bureau. En réalité, elle n’a compris au maximum que 7 inspecteurs appartenant tous à la Police Régionale d’Etat. Ce service était doté d’une voiture automobile et d’un chauffeur.

En un an, la Section Locale de Police Judiciaire a procédé à plus de 300 arrestations et a traité 355 affaires parmi lesquelles les plus importantes qui ont été réussies sont les suivantes : -Un meurtre à l’hôtel Victoria

-28 cambriolages par 2 repris de justice

-Une série de cambriolages par des professionnels

-Une affaire d’attentat par explosif (8 personnes blessées)

-Une agression à main armée

-Plusieurs affaires de détournement de matériel de l’armée

-Différentes affaires de trafic d’or

-Une affaire de faux billets, attentat à la pudeur, cambriolages, divers vols etc…

Cependant, cette Section, qui se trouvait en plein rendement et qui devait être portée à ses effectifs normaux, étant donné les résultats obtenus, a été dissoute à son tour par arrêté de Monsieur le ministre de l’Intérieur en 1946.

A cette époque, c’est la 7ème Brigade de Police Judiciaire de BORDEAUX qui est qualifiée pour traiter les grosses affaires judiciaires du département.

  • Relations de la Police Judiciaire de Pau avec la Police de Sûreté allemande en 1942-1944

Durant l’occupation, « l’esprit » de la circulaire de 1908 prévoyant que la PJ ne devait pas traiter les affaires dites politiques était en partie trahit. Les « patrons de PJ » sont coincés entre la politique « collaborationniste » du maréchal Pétain et les exigences allemandes.

Tout au long de cette période, les relations entre les P.J. française et la police de sûreté allemande sont plutôt tendues voire conflictuelles, du moins dans les Basses-Pyrénées.

Une note  N°4127 I.P.(Intendance de Police) Cab du 30 novembre 1942 du Préfet Régional de Toulouse au Préfet des Basses-Pyrénées qui stipule que sur demande des autorités allemandes pourront être communiquées les listes des ressortissants allemands, autrichiens, sarrois, dantzikois, polonais et tchèques du département ; il est précisé que l’Intendant Régional de Police DANGLADE serait seul qualifié pour traiter avec le Préfet des Basses-Pyrénées et avec le Capitaine RETZEK, chef de la police de Toulouse des problèmes concernant la Police et la Sécurité Intérieure.

Il précise d’autre part qu’il transmet joint à ces directives une note fixant les premiers principes afin de diriger l’action des services français.

Dans ce courrier classé « Très Secret », le Préfet Régional indique que le commissaire SPOTTI, chef de la Brigade Régionale de Police Judiciaire a reçu toutes les instructions pour prendre contact immédiats avec le commissaire de Police allemande DHOSE.

Il est marqué dans cette note  que toutes opérations, arrestations ou perquisitions s’avèrent,  pour l’instant du moins (SIC), parfaitement inopportunes…

« il y a lieu de sauvegarder, en toutes circonstances, le principe de souveraineté du Gouvernement français… »

Une lettre N°473 I.P. du 27 janvier 1943 émanant du Préfet Régional de Toulouse adressée au Préfet des Basses-Pyrénées précise que MM DOBERSCHUTZ et BAUER de la Sûreté allemande ont autorité pour  contacter en permanence M. SPOTTI et M. GRACIES des Renseignements Généraux.

Le Préfet Régional donne délégation au Préfet départemental pour « traiter directement avec ces messieurs » dans le cas d’opérations de police, de contrôle de renseignements.

Ce haut fonctionnaire de Toulouse note qu’il demeure bien entendu que la police conserve sa souveraineté et que MM. DOBERSCHUTZ et BAUER ne sont autorisés à aucune arrestation arbitraire, aucun interrogatoire, sans qu’il vous soit donné d’en connaître directement les raisons. (Cela porterait à rire si on ne connaissait pas les méthodes cruelles employées par les S.D.)

Une nouvelle note du 28 décembre 1942 viendra confirmer les liaisons directes entre les polices de sûreté française et allemande et la place d’agent de liaison du commissaire SPOTTI. Le commissaire GRACIES, chef des Renseignements Généraux viendra épauler le commissaire de la Police Judiciaire. (Note 4527 I.P. Cab).

On imagine les difficultés d’un responsable de la P.J.(radical socialiste avant guerre et incontestablement résistant) dans ces années noires entre le devoir d’obéissance à sa hiérarchie, les directives allemandes toujours plus pressantes et sa propre  conscience républicaine.

Le 06 avril 1943 le SS.untersturmfürhrer DOBERSCHUTZ exige la présence de deux Gardiens de la Paix français pour effectuer la garde de nuit de ses services sis à la Villa St Albert à Pau. (A.D.P.A. côte 1031 W 82) ; demande accordée par force le 22 avril par le Préfet GRIMAUD. Le chef allemand se dit sans doute que mettre des français devant « sa porte » évitera des attentats ou au moins évitera que la sang allemand coule.

Mais le plus significatif dans ces relations de la Police Judiciaire de Pau avec la police allemande reste « l’affaire des mitraillettes ».

Affaire des mitraillettes

Perquisition des alleamnds à la 17ème br de PJ mai 1943 (R(2)Le 19 mai 1943 à 11H30, 8 hommes de la police de sûreté allemande armés arrivent au siège de la 17ème Brigade de sûreté sis 19 rue Pasteur ; ils sont dans deux véhicules qui roulent en trombe.

A leur tête se trouve le chef du SD de PAU DOBERSCHUTZ.

Il demande à voir le Chef de Service ou son remplaçant. En l’absence du Commissaire Principal SPOTTI alors en mission à TARBES (ce que le responsable allemand trouve « regrettable »), c’est le Commissaire Lemoine qui le reçoit.(Guy Lemoine sera arrêté en octobre 1943 avec Guy Fauvel alors qu’il se rendait à un rendez-vous de résistants et fut libéré en même temps que Fauvel).

 

Le S.S. explique qu’il vient perquisitionner la Brigade et quand le commissaire Lemoine lui demande quel service il veut « visiter », le policier allemand lui rétorque :

« -Je vais vous conduire ! »

Accompagné de ses hommes, il se rend dans une pièce de la brigade située au premier étage de l’immeuble et se dirige vers un râtelier d’armes prêt du lavabo ; le commissaire français suit.

Il fait saisir les mitraillettes « Submachine Gun Thomson », 84 chargeurs et les 2630 cartouches ainsi que 2 fusils de chasse entreposés par le commissaire PEDOUSSAUT et l’inspecteur NARP .

A 11H35, les Allemands quittent le siège de la 17ème Brigade non sans avoir préciser qu’ils voulaient rencontrer le Commissaire Principal Chef de Service au plus vite.

Le 20 mai, celui-ci se rend au siège de la gestapo où il est reçu par BAUER, adjoint de DOBERSCHUTZ. Le chef de la police française fournit les différentes pièces d’archives justifiant la détention régulière de ces armes.

Le commissaire français subit les remarques de l’occupant qui lui dit « qu’il ignorait que la police française fut si puissamment armée » et demande copie des documents produit par le chef de la Police Judiciaire de Pau.

L’affaire de la perquisition du service de police français remontera les méandres de l’administration française jusqu’au ministre de l’Intérieur le 24 mai 1943. Tout le monde est scandalisé par ces méthodes, mais ce sont les allemands qui commandent.

Le 27 mai, le Service de police de sûreté allemande par le truchement de son interprète HOSCHSTRASSER fait connaître que « l’affaire des mitraillettes » est réglée et que les armes sont à la disposition du Commissaire SPOTTI.

Cependant, les Allemands, avant de donner livraison des armes au Chef de la 17ème Brigade, souhaitent des explications sur les deux fusils de chasse saisis sur le râtelier de la brigade le 19 mai.

Louis SPOTTI dut justifier la provenance de ces armes en expliquant que la loi des 3 et 5 décembre 1942 exemptaient les fonctionnaires de police du dépôt et n’étaient pas limitatives ; telle avait été l’interprétation du parquet de Pau saisi de la question en décembre 1942.

Ces fonctionnaires (PEDOUSSAUT & NARP) avait donc préféré stocker leur fusil personnel au siège de la brigade plutôt que chez eux.

Ces justifications fournies à l’interprète allemand, celui-ci dit qu’il allait en référer à son chef (Rapport du 29.05.1943 du commissaire Spotti).

La restitution des armes de la Police Judiciaire de Pau se fait le 5 juin 1943 ; Ainsi se termine « l’affaire des mitraillettes », affaire qui démontre la défiance des allemands envers certains services de Police français et la tension permanente avec l’occupant.

Il paraît évident que les Allemands connaissaient déjà, à cette époque, l’activité résistante de certains fonctionnaires.

Un an plus tard ces armes sont emportés au Maquis de Rébénacq par les fonctionnaires résistants de la P.J. de Pau et serviront à la Libération des Basses-Pyrénées…

Dans un rapport ayant pour objet le résumé rétrospectif des journées du 6 juin au 16 juin 44. Rapport du Commissaire Central (Police Régionale d’Etat de la Ville de Pau) daté du 19 juin 1944,  adressé à l’Intendant Régional au Maintien de l’Ordre on peut trouver quelques remarques intéressantes sur la pensée de certains fonctionnaires :

A la date du  10 juin

Opérations par troupes allemandes :

« Au cours de la matinée, tout le quartier compris entre les rues Pasteur, Montpensier, Carnot et O’Quin est encerclé par des forces allemandes avec fusils mitrailleurs, mitraillettes etc…

Un dépôt d’armes a été, paraît-il, signalé dans l’église anglaise alors qu’il ne s’agit que d’un dépôt officiel des canons et fusils de chasse, non réclamés ou dont on n’a pu identifier les propriétaires.*

Affolement parmi le personnel de la 17ème Brigade Régionale de Police de Sûreté dont certaines fenêtres du service donnent sur la cour de l’église.

Quelques inspecteurs sautent par les fenêtres, un soldat allemand tire avec sa mitraillette qui, heureusement, s’enraye.

Descente à la Brigade, interrogatoire.

Pénible impression des Autorités Allemandes qui ne comprennent pas cette tentative de fuite. »

Ou encore à  la date du 12 juin

Fuite des fonctionnaires Sûreté Nationale

« On apprend le départ précipité dans des conditions regrettables (souligné par nous) de 19 fonctionnaires de la 17ème Brigade Régionale de Police de Sûreté, rue Pasteur à Pau.

Après avoir coupé les fils de téléphone, ils ont pris la fuite en emportant dans 4 voitures de l’Administration, mitraillettes, munitions, armes et matériel de la Brigade.

Impression pénible. Les Autorités Allemandes font part de leur mécontentement (le contraire m’eut étonné !) et de leur surprise.

Les bruits les plus extraordinaires circulent sur cet abandon de poste. La population ne connaissant pas les rouages administratifs des services de police, on propage en ville qu’une partie de la police a passé de « l’autre côté ».

Le Commissaire Central fait une démarche auprès de la Kommandantur pour mettre au point cet acte irréfléchi de la part de quelques fonctionnaires et dont les conséquences peuvent rejaillir sur l’ensemble du corps policier palois.

Monsieur PEDOUSSAUT, commissaire de police, recherche infructueusement le commissaire principal SPOTTI, chef de la dite brigade, qui n’a pas reparu depuis le 10 juin.

De leur côté, les Commissaires des  divers services de police, les Officiers de Paix et Inspecteurs procèdent à des investigations en vue de retrouver et de ramener ces égarés.

La tâche du Commissaire PEDOUSSAUT est difficile et c’est avec courage ( ! ), aidé de 4 commissaires de la brigade, qu’il cherche à réparer les bêtises du personnel parti.

En présence de cette pénible situation, les liens de camaraderie et d’entraide se resserrent entre commissaires de la Police Urbaine et de Sûreté. Ils resteront en contact permanent.

Les termes utilisés par le Commissaire Central révèlent-ils une opinion ? ou simplement veut-il « faire plaisir » à l’administration de Vichy ? Quelles ont été les recherches dont il parle, la motivation ou le zèle des « commissaires, officiers de paix et inspecteurs » chargés de retrouver leurs anciens collègues ?

Que penser  encore quand il parle du « courage » du commissaire Pédoussaut aidé de 4 commissaires de la 17ème Brigade pour réparer les « bêtises » du personnel.

Qu’ont-ils dit ou transmis aux allemands « mécontents » ?

A l’heure où le Commissaire Central (très courageux lui aussi, puisqu’il est resté en poste !) écrit ces lignes, 3 inspecteurs de la 17ème Brigade sont déjà morts, assassinés par les Allemands.

Il est à noter que certains de ces policiers furent suspendus puis traduit devant la commission d’épuration.

* Il est  vrai que dès 1943 Holy Trinty Church rue de l’Edit de Nantes à Pau était un dépôt provisoire départemental d’armes (ADPA 1031 W 229 lettre du Prefet au Commissaire Central de Pau)

C’est simplement le 21 novembre 1944 , après une enquête sur la nommée Renée Jeanne FLAMANT née HOUSSACK (ADPA 34W14) que le commissaire SPOTTI pourra affirmer que cette femme, maîtresse de l’adjudant de la Lutwaffe SCHMIDT Walter, l’a informé de ce qu’un dépôt d’armes clandestin se trouvait dans l’église désaffectée de la rue Pasteur.

Cette révélation a été à l’origine de l’encerclement de la Brigade de Police Criminelle de PAU et donc de la précipitation des fonctionnaires pour quitter leur poste et rejoindre le maquis et plus particulièrement leur chef le commissaire SPOTTI qui savait, par des relations, être sur une liste de personnalités à arrêter.

En fait les arrestations de personnalités paloises opérées par les Allemands auront lieu deux jours plus tard le 12 juin. De là a en conclure que la dénonciatrice a sauvé le commissaire anticipant son départ au maquis….

Il est intéressant de voir dans le dossier de carrière du commissaire SPOTTI une lettre de l’administration de Vichy datée du 26.06.1944 a l’entête de la direction de la Police de Sûreté à la direction du personnel, elle est signée BUFFET :

« Par mon rapport N°8788 du 15 juin courant, j’ai eu l’honneur de vous signaler la disparition de plusieurs fonctionnaires de la 17ème brigade régionale de Police Sûreté à Pau, parmi lesquels figure notamment le commissaire principal SPOTTI Louis, Chef de Service. »

« Une enquête se poursuit actuellement en vue de découvrir le refuge des intéressés. Je vous informerai sans retard des résultats. »

« D’ores et déjà, il est établi que trois des inspecteurs défaillants ont été repris par des troupes allemandes procédant à des opérations de police dans la région. »

«Quoi qu’il en soit, j’estime que le Commissaire SPOTTI ayant gravement manqué à ses devirs, s’est exposé à être irrémédiablement révoqué et, dans l’intérêt de mes services, je ne puis laisser plus longtemps sans titulaire la direction de la 17ème Brigade »

Ensuite, Buffet propose le commissaire principal SALVAGNAC Gaston, chef de la 18ème Brigade Régionale de Nice  pour remplacer SPOTTI à la tête de la Brigade paloise.  

Il existe également un Rapport N° 9416 du 28.06.1944 de la direction Police de Sûreté à la Direction du Personnel. Elle résume le départ du commissaire SPOTTI avec l’Inspecteur MAYALI Roger et GERVAIS Pierre le 10 juin 1944. Le 15 juin (sic), quinze inspecteurs quittent le service avec cinq voitures automobiles du service, six mitraillettes, dix sept pistolets et munitions, deux postes TSF, deux machines à écrire, fournitures de bureau et dossiers du personnel (….) A trois jours de là, le quinze juin, on peut apprendre que des troupes allemandes en opération dans la région de Rébénacq (Hautes-Pyrénées) (sic) ont découvert trois des inspecteurs défaillants, les nommés MOURLHON Louis, LOUSTAU Michel et COTONAT Pierre. Le sort qui a été réservé à ceux-ci n’est pas encore officiellement connu, mais il ne serait pas impossible qu’ils aient été passés par les armes… »

« Deux inspecteurs reviennent (des photographes) FOURCANS Georges et BRANDI Jean. Les Inspecteurs absents depuis le 12 juin : DUPRE, NARP, COLOMBANI, LABARTHE, PETRESCHI, BOURDALLE, GAIMARD, DREUIL, DESPRES et LAURENS (tous deux chauffeurs).

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Il existe une circulaire de recherches côtée Police Sûreté 5 n° 762 du 05.07.1944 comprenant 77 noms dont 50 GMR, le commissaire SPOTTI et 16 inspecteurs de Police de la 17ème BRP  (BOURDALLE Jules, COLOMBANI Ignace, DESPRES Henri, GAIMARD Antoine, GERVAIS Pierre, LABARTHE Georges, LAURENS Raoul, MAYALI Roger, NARP Robert, PETRESCHI François) ; les trois inspecteurs ne sont plus dans la liste….et pour cause, ils ont été fusillé dès le 15 juin 1944 au soir.

 

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