Association BPSGM Les Basses Pyrénées dans la seconde guerre mondiale 64000 Pau
FRAISSE et LACABANNE. Conditions de leur arrestation. 3 octobre 1943.
Henri Fraisse et Henri Lacabanne, résistants de la première heure, sont arrêtés le 3 octobre 1943 par la gendarmerie allemande à la suite de l’infiltration dans leur organisation d’un traître à la solde des occupants. Cette infiltration aurait pu être une catastrophe pour la Résistance départementale dans la mesure où Bordelongue aurait pu faire partie des personnes arrêtées.
Claude Laharie relate dans son ouvrage « Les Basses-Pyrénées dans la Seconde Guerre Mondiale (1939 – 1945) les conditions de cette arrestation.
» Les deux résistants (Henri Fraisse et Henri Lacabanne) sont approchés, fin septembre 1943, par un certain Fernand Main, qui se recommande d’un ami commun de régiment. Ce dernier revendique son appartenance à la résistance, raconte divers faits d’armes perpétrés à Paris contre l’occupant et parvient à gagner leur confiance. Il propose de mettre son réseau en relation avec le leur afin de gagner en efficacité. E, fait, Main est un agent de la SIPO, travaillant pour la division Brandeburg, qui n’est intéressé que par les récompenses financières qu’il pourra obtenir des allemands. La Sécurité nazie tente en effet d’infiltrer les réseaux de résistance par tous les moyens, avec une certaine réussite puisque plusieurs hauts responsables (René Cassagne, Bénédict Rodriguez, Robert Loriot) sont alors inquiétés. L’affaire est d’encergure puisqu’un rendez-vous est pris avec Ambroise Bordelongue, chef de la résistance départementale. La rencontre a lieu le 2 octobre 1943, au restaurant « l’As de Trèfle », rue Castetnau. Elle réunit Fraisse, Lacabanne et Bordelongue, assité de Duranton (Lazari), ainsi que Main. Mais le chef de la Résistance est méfiant; il n’est pas convaincu par son interlocuteur et flaire le guet-apens. Il renonce à venir au rendez-vous du lendemain, au même endroit, au cours duquel des décisions doivent être prises. Bien lui en prend, car les policiers allemands, menés par Main, font irruption dans la salle et arrêtent les quatre personnes présentes:Henri Fraisse, Henri Lacabanne, le commissaire de police Lemoine et l’inspecteur Fauvel. Ces deux derniers seront seront finalement mis hors de cause, à juste raison puisqu’ils ne font pas (encore) parie de la Résistance. Mais les deux membres du NAP sont enfermés à la villa Saint-Albert, violemment interrogés et transférés à la prison Saint-Michel de Toulouse. Ils y resteront deux mois, ne livreront aucun nom malgré les tortures et subiront un simulacre de procès du Tribunal militaire allemand à l’issue duquel ils seront condamnés à mort « comme francs-tireurs et pour avoir favorisé l’ennemi ». Ils seront fusillés le 28 décembre, en même temps que Louis Mantien, un Sarthois, ancien du 18ème, arrêté la semaine précédente à Pau. Les corps seront découverts en 1945 au charnier de Bordelongue, à la périphérie de Toulouse. »
» Quant à Main, il sera arrêté à la Libération et jugé à Paris pour d’autres forfaits. Il sera condamné à cinq ans de réclusion, verdict dont la clémence provoquera l’indignation de tous les Palois. Le CDL exprimera même une protestation officielle et organisera, le 6 février 1945, une importante manifestation à la fontaine de la Dame Blanche, proche du lieu de l’arrestation. Vainement ».
Référence bibliographique:
LAHARIE, Claude, Les Basses-Pyrénées dans la Seconde Guerre Mondiale, éditions Cairn, Pau, novembre 2021. 731 pages. Voir page 282.
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