Association BPSGM Les Basses Pyrénées dans la seconde guerre mondiale 64000 Pau
Evasions en Espagne au cours de l’été 1940.
Des évasions vers l’Espagne sont avérées dès l’été 1940. Parmi les 16 civils français expulsés d’Espagne qui arrivent à Pau le 9 décembre 1940, 9 ont franchi illégalement la frontière au départ des Basses-Pyrénées, au cours de l’été 1940.
Le 9 décembre 1940, 46 Français expulsés d’Espagne où ils sont entrés illégalement, arrivent à Pau (voir article antérieur). Parmi eux, 16 ont franchi la frontière au cours de l’été 1940 dont 9 dans le département des Basses-Pyrénées.
Michau Gaston et Laugier Jean se sont perdus en montagne lors d’une excursion. Ils sont interceptés aux environs de Biriatou.
Lamontagne Gabriel, Robert Michel et Decours Claude franchissent la frontière vers Orbaïceta.
Lucas Jean et Le Caz Louis passent par Itxassou et le Mondarrain.
Arnoux André passe par le Pas-de-Roland.
Fidelaine Georges traverse la Bidassoa à la nage à Hendaye.
Profil des évadés.
MICHAU Gaston.
Né le 18 juin 1920 à Paris; domicilié à Bordeaux; mécanicien; engagé volontaire le 6 juin 1940 au bataillon de l’air 103 à Châteauroux; démobilisé le 17 août 1940 à Tarbes; prétend avoir été surpris en excursion; passe la frontière le 17 septembre 1940 aux environs de Biriatou.
LAUGIER Jean.
Né le 9 juillet 1920 à Bordeaux; domicilié à Bordeaux;mécanicien électricien auto; six mois de service militaire au bataillon de l’air 136 à Pau; quatre au bataillon 124 à Cazaux; prétend avoir été surpris en excursion; passe la frontière le 17 septembre 1940 aux environs de Biriatou.
LAMONTAGNE Gabriel.
Né le 22 juin 1922 à Pernay (37); domicilié à Nantes (44); tourneur sur métaux; prétend avoir chercher à atteindre la zone libre; passe la frontière le 1er juillet 1940 aux environs de Orbaîceta.
ROBERT Michel.
Né le 22 octobre 1922 à Caen (14); domicilié à Nice; étudiant; porteur d’un certificat de présence au lycée de Bourges, d’une déclaration d’engagement volontaire délivrée par le bureau militaire de la mairie de Nice le 11 juin 1940; prétend avoir voulu passer en Angleterre pour s’engager; passe la frontière le 3 juillet 1940 aux environs de Orbaïceta.
DECOUR Claude.
Né le 8 janvier 1923 à Rouen; domicilié à Rouen; étudiant;prétend avoir voulu échapper aux Allemands; passe le frontière le 1er juillet 1940 aux environs de Orbaïceta.
LUCAS Jean.
Né le 26 octobre 1923 à Pons (17); domicilié à Fourchambault (58); commis épicier; aurait chercher à revenir en zone libre chez une tante à Arthez; passe la frontière le 16 août 1940 par Itxassou et le Mandarain.
LE CAZ Louis.
Né le 8 février 1923 à Paris; domicilié à Fourchambault (58); aurait chercher à rejoindre la zone libre; passe la frontière le 16 août 1940 par Itxassou et le Mandarain.
ARNOUX André.
Né le 13 octobre 1922 à Epinal (88); domicilié à Paris; étudiant; aurait cherché à échapper aux Allemands; passe la frontière le 1er juillet 1940 par le Pas de Roland.
FIDELAINE Georges.
Né le 6 décembre 1920 à Paris; domicilié à Paris; mécanicien auto; aurait voulu rentrer en zone libre par l’Espagne; passe la frontière le 3 septembre 1940 en franchissant la Bidassoa à la nage à Hendaye.
Et après…..
MICHAU Gaston.
LAUGIER Jean.
ROBERT Michel.
LE CAZ Louis.
ARNOUX André
Extraits des procès verbaux d’audition des évadés.
Audition Michau . Celle de Laugier est presque identique.
Après démobilisation, le 17 août 1940, je me suis rendu à Bordeaux, à mon domicile, – rue Foy. Le 16 septembre 1940, en compagnie d’un camarade – LAUGIER – qui devait rendre visite à sa tante demeurant à Biarritz, j’ai quitté Bordeaux pour les Basses-Pyrénées.
Au cours d’un excursion, le 17 septembre, vers la frontière espagnole, aux environs de Biriatou, LAUGIER et moi avons été arrêtés par un carabinier espagnol qui nous a déclaré que nous avions pénétré irrégulièrement en territoire espagnol.
Il nous a conduit aussitôt à Irun où nous avons séjourné six jours à la prison, jusqu’au 24 septembre date à laquelle nous avons été transféré au camp de Miranda. Nos protestations sont demeurées vaines.
Je possède encore la somme de 1000 francs. La tante de mon camarade LAUGIER, Mme DENJEAN demeurant à PAU peut me recevoir en attendant mon retour à Bordeaux.
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Audition Lamontagne
En compagnie de quatre camarades, j’ai quitté Nantes le 18 juin 1940 pour fuir l’invasion allemande et me suis rendu successivement à Niort, Angoulême, Périgueux, Marmande, Casteljaloux, Dax et Bayonne où je suis arrivé le 27 juin. Mes camarades m’ont quitté à Casteljaloux ne voulant plus aller au delà.Surpris par l’invasion allemande , j’ai continué jusqu’à Hendaye pour revenir à Saint-Jean-de-Luz et de là à Saint-Jean-de-Port dans le but de passer en Espagne pour revenir en France libre.
Dans mon voyage d’Hendaye en Espagne, j’étais accompagné de deux camarades, Robert et Decours dont j’avais fait connaissance à Hendaye. Nous avons franchi tous trois la frontière espagnole le 1er juillet sans passeport, par la montagne . Arrivés aux environs d’Orbaïceta (Espagne), nous avons été arrêtés, le même jour dans la soirée, par des soldats espagnols, conduits à Pampelune, Irun puis enfin au camp de Miranda de Ebro où nous sommes arrivés le 7 juillet, pour en repartir le 8courant aux fins de rapatriement.
J’affirme que, passant en Espagne, mon but n’était pas de m’engager dans une armée britannique mais de revenir d’Espagne en France libre. Je sais que Michel Robert voulait s’engager mais j’ignore quels étaient les projets de Decours.
Je n’ai aucune nouvelle de mes parents et cependant je ne désire pas rentrer à Nantes qui est située en zone occupée. JE NE SAIS OU ALLER
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Audition Robert.
Mon père étant mobilisé comme Lieutenant-colonel aux Armées et ma mère ayant quitté notre domicile de Nice pour aller pour aller chez des amis domiciliés dans les Hautes-Alpes, je me trouvais seul à Nice vers le 1er juin et avais le désir, à cette époque, de m’engager dans l’armée française. Mon engagement fut refusé vers le 15 juin.Je pris alors la décision de quitter Nice le 21 juin pour me rendre d’abord à Bordeaux, ensuite à Hendaye, avec l’intention de partir en Angleterre pour y contracter un engagement dans l’armée britannique.
Arrivé à Hendaye vers le 25 juin, au moment où les Allemands arrivèrent, j’ai quitté cette ville vers le 30 juin avec 2 camarades : Claude Decours et Gabriel La Montagne, rencontrés à Hendaye, pour me rendre en Espagne et, de là, en Angleterre pour contracter un engagement.
Toutefois, nous sommes passés par Saint-Jean-Pied-de-Port, Béhérobie, pour pénétrer en sans passeport en Espagne à Orbaïceta. Nous avons franchi la frontière le 3 juillet et avons été arrêtés le soir même, aux environs de Orbaïceta, par des soldats espagnols ; dirigés sur Pampelune, Irun où nous sommes restés deux jours au camp de concentration et enfin incarcérés au camp de Miranda de Ebro le 7 juillet 1940 jusqu’au 8 décembre , date de notre rapatriement.
Je désire rentre à Nice chez ma mère ; mon père est prisonnier en Allemagne : Stalag XXI B, n° 1495
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Audition Decours.
En mai 1940, lors de l’occupation de Rouen par les Allemands, je me suis replié, seul, avec l’auto de mon père jusqu’à Laval qui était le point de rendez-vous avec ma mère mais celle-ci n’a pas pu partir avec moi. Par suite de l’avance allemande, je suis encore descendu vers le sud jusqu’à Saint-Jean-de-Luz où je suis arrivé entre le 20 et le 30 juin 1940 après la signature de l’armistice. J’ai passé 8 jours dans un hôtel à Béhobie (France) et après en Espagne à Orbaïceta, province de Navarre, le 1er juillet1940. J’ai été arrêté par des soldats espagnols, conduit à leur cantonnement, ensuite au commandant à Orbessa, à Pampelune, au Gouverneur civil à Irun et en fin à Miranda de Ebro où je suis arrivé le 4 juillet 1940. Je suis resté dans ce camp jusqu’au 8 décembre, date à laquelle le vice-consul de France à St Sébastien et venus nous chercher, moi et des camarades dans le même cas pour nous rapatrier en France.
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Audition Lucas
Le juillet dernier, avec l’accord de mes parents domiciliés à Fourchambault, j’ai quitté cette ville pour me rendre chez mes grands-parents à Pons (Charente-Inférieure) où j’ai résidé une huitaine de jours. Désireux de passer en zone libre et surtout d’aller rendre visite à ma tante Mme. LUCAS demeurant à Castéide-Candau près d’Arthez (Basses-Pyrénées) je me suis rendu d’abord à Itxassou (B.P.). Le 17 août, pensant passer plus facilement en France libre en passant par l’Espagne, j’ai franchi la frontière sans passeport et sans rencontrer aucun obstacle en empruntant la montagne (Mondarrain). Arrêté le même jour en territoire espagnol par des carabiniers, j’ai été conduit immédiatement à Pampelune où j’ai séjourné 60 heures à la prison puis à Irun et le lendemain à Miranda de Ebro où j’ai été interné.
Alors que je me trouvais à Nantes, ville où je suis passé pour me de Fourchambault à Pons, j’ai fait la connaissance de LE CAZ qui m’a suivi en Espagne et a été arrêté également. Ce dernier est rentré hier en France en même temps que moi.
Je désire rentrer chez mes parents le plus tôt possible et voir auparavant ma tante qui demeure près de Pau
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Audition Le Caz.
2vacué de Fourchambault (Nièvre) lors de l’arrivée des allemands vers le 14 juin 1940, je me suis dirigé vers le sud et me suis arrêté à Itxassou (Basses-Pyrénées). Possédant quelques ressources, je suis descendu dans un hôtel. Voulant aller en zone libre, du fait de l’occupation, à son tour, de la commune d’Itxassou, j’ai suivi le conseil des habitants qui disaient que la ligne de démarcation était très difficile à franchir et qu’il valait mieux aller en Espagne. C’est ce que j’ai fait. Je me suis dirigé vers la frontière espagnole le 16 août 1940 et je l’ai franchie près d’Itxassou. Le 17 août j’ai été arrêté par les autorités espagnoles qui m’ont conduit d’abord à Pampelune où j’ai été incarcéré un jour et demi et ensuite à Irun et enfin au camp de concentration de Miranda de Ebro. J’y suis resté jusqu’au 8 décembre, date à laquelle le vice-consul de France à St-Sébastien est venu nous chercher, moi et des camarades dans le même cas pour nous rapatrier en France.
Audition Arnoux.
Le 25 juin 1940, je me trouvais à Mezos (Landes) eu qualité d’évacué de Paris, avec mes parents (père, mère et frère). Comme j’avais entendu dire que les jeunes gens et surtout les scouts (dont je faisais partie à Paris) étaient envoyés par les Allemands dans les camps de concentration, j’ai préféré me soustraire à une éventuelle mesure et le soir du 23 juin 1940, je suis parti en direction de la frontière espagnole. Je l’ai franchie au Pas de Rolland, au dessus d’Itxassou. Je suis allé trouver les autorités espagnoles à Urdax qui m’ont dirigé sur Vera de la Bidassoa ensuite à Irun et enfin à Miranda de Ebro où j’ai été placé dans un camp de concentration le 30 juin 1940. Dans ce camp je me suis fait passer pour « aspirant » afin d’être mieux traité. Le commandant du camp m’a cru et j’ai couché et mangé au baraquement des officiers. Je suis resté à ce camp du 30 juin au 8 décembre 1940, date à laquelle le vice-consul de France à St-Sébastien est venu nous chercher, moi et mes camarades dans le même cas, pour être rapatriés en France.
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Audition Fidelaine.
Je suis parti de Paris le 28 août 1940 pour me réfugier en zone libre, mais comme on disait qu’il était difficile de passer la ligne de démarcation à Vierzon, je suis allé jusqu’à Hendaye. Arrivé à Hendaye le 3 septembre 1940, je suis passé en Espagne en me jetant à la nage dans la Bidassoa. Ayant abordé à Fontarabie et m’étant rendu chez des paysans espagnols, ceux-ci m’ont conduit au commissariat de police de Fontarabie. Là, après interrogatoire et après que l’on m’eut retiré tous mes papiers, je fus envoyé à la prison militaire d’Irun. J’y suis resté dix huit jours du 5 au 23 septembre 1940. Ensuite on m’a transféré au camp de concentration de Miranda de Ebro. J’y suis resté du 23 septembre 1940 au 8 décembre 1940, date à laquelle le vice-consul de France est venu nous chercher, moi et mes camarades dans le même cas que moi, pour nous rapatrier en France.
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Source: AD64 cote 1031W225.
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