un Béarnais engagé, oublié dans son pays natal.

Né à Bruges (64), chrétien marqué par le groupe Esprit fondé en 1932 par Emmanuel Mounier et par les Cahiers clandestins du Témoignage chrétien créés à Lyon par le P. Pierre Chaillet, résistant contre les forces d’occupation allemande, il prit une part très active dans le sauvetage des 108 enfants juifs du camp de Vénissieux en 1942 et dans l’unification des Mouvements unis de la Résistance. En 1994, il reçut le titre de Juste parmi les Nations. Ambassadeur de France, président de la Croix-Rouge française, il a été un acteur perspicace et un témoin privilégié des grands événements qui ont transformé l’Europe : la crise et l’agonie du communisme, la question allemande et la décolonisation. Il s’est toujours affirmé comme Béarnais par ses attaches profondes à son pays natal et comme un Européen convaincu par son action critique et engagée.

La trajectoire d’une vie et d’une œuvre : miroir et réflexion de drames marquants de l’Europe contemporaine

À la faveur du centenaire de la naissance de Jorge Semprun à Madrid, la SSLAPB a tenu à commémorer l’engagement politique et l’œuvre littéraire de réputation internationale de l’immense l’écrivain qu’il fut. Résistant, déporté à Buchenwald, membre clandestin du parti communiste espagnol, ses romans et ses essais –Le long voyage, L’écriture ou la vie, Adieu vive clarté, Un tombeau au creux des nuages– ont éclairé dans leur éblouissante facture littéraire les visages de la barbarie et des forces de la répression, mais aussi la capacité de résilience et de refus face à la déshumanisation et à la banalité du mal. Devenu ministre de la Culture dans le gouvernement socialiste de Felipe González, il a fortement influencé, par ses prises de position et ses écrits, tous les courants de son temps.

GEORGES-HENRI SOUTOU

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membre de l’Institut, professeur émérite de l’université de la Sorbonne, agrégé d’histoire, fils de Jean-Marie Soutou et neveu de Jorge Semprun.

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