Article qui présente les réflexions de Claude Chadelle, professeur d’histoire émérite, en commentaires du sujet « Résister à la déportation en France et en Europe », thème du Concours de la Résistance et de la Déportation pour l’année 2023 – 2024.

 

 

 

 

RESISTANCE A LA DEPORTATION EN FRANCE ET EN EUROPE.

Avec l’occupation par les nazis d’une partie de l’Europe et de la France suivie par la mise en place des régimes de collaboration, la déportation vers les camps allemands et de l’Est européen prend une place croissante jusqu’à devenir l’un des éléments constitutifs de la période dont les éléments sont bien définis par la documentation contemporaine.

• • Elle touche une diversité de populations de toutes nationalités et que le Reich et ses complices déclarent indésirables : opposants politiques, résistants dits terroristes, déportés raciaux (juifs et tziganes), mais aussi des homosexuels, des raflés par hasard, des otages… ;

  • Les chiffres définissent une ampleur inédite : plusieurs millions pour l’Europe (dont près de 6 millions de Juifs).

    Pour la France (selon l’institut d’histoire du temps présent et les services de l’ONaCVG)

    141 000 déportés dont 75 000 pour raisons raciales (avec 2 500 survivants)

    66 000 sur les autres critères dont 42 000 pour faits de résistance

    (avec 23 000 survivants)

Son processus mobilise tous les services de l’état oppresseur :

• • les cadres politiques et l’idéologie,

  • les différentes échelles de la bureaucratie (centrale et locale),

  • les forces policières et militaires,

  • les systèmes de transport (le rail pour l’essentiel).

Quant à ses étapes,leur définition précise et la mobilisation d’un personnel en rapport en assurent l’efficacité.

• • • repérage et ciblage (les fichiers administratifs divers, dont celui des juifs, mais aussi des opposants du S.T.O…..),

    • arrestation,

    • regroupements (camps de travail),,

    • transport,

    • internement en Allemagne et l’Est de l’Europe jusqu’au crime de masse (esclavage souvent meurtrier et extermination).

Résister à la déportation, c’est donc, sur chacun de ces éléments s’opposer et agir :

• • • en connaître les rouages et les dénoncer,

    • s’en protéger individuellement et collectivement ,

    • en enrayer par tous les moyens les mécanismes (jusque par la violence armée et organisée).

Cette résistance prendra les formes les plus diverses :

• • • civiles et souvent anonymes au sein de la population,

    • administratives (entre autres par le noyautage de l’administration – NAP – et la destruction des fichiers),

    • idéologiques par des prise de position (de certains évêques par exemple),

    • organisées et armées (réseaux et résistance),

    • personnelles ( de la fuite jusqu’à la lutte pour la survie dans la déshumanisation des camps).

En somme, une large diversité d’actions individuelles et collectives, souvent inscrites dans le local face à la globalité d’un système d’oppression d’échelle continentale et d’une ampleur inédite.

Claude Chadelle