Association BPSGM Les Basses Pyrénées dans la seconde guerre mondiale 64000 Pau
CANCE Raymond
Raymond CANCE
Témoignage recueilli le 16 janvier 2013.
Né le 16 novembre 1925.
Un jeune apprenti dans la guerre : de Nay à la libération de l’Alsace – 1940- 45.
Récit événementiel et détaillé, parfois anecdotique d’un jeune évadé de France engagé dans une division blindée coloniale de chasseurs de chars. Théâtre d’opérations: débarquement de Provence, libération de Toulon, combats du Jura et d’Alsace.
1940 1943 : un jeune apprenti de Nay dans le quotidien des « années noires ».
En 1940, M. Raymond Cancé est apprenti mécanicien dans une usine métallurgique de la région de Nay (une centaine d(ouvriers), il a 15 ans.
Jusqu’en 1942, sa distraction est le scoutisme où il acquiert la pratique de la nature et peut-être de l’engagement.
Un anglais, marié à une Française et rencontré à l’occasion du travail suscite en lui un sentiment anti-allemand par l’écoute de Radio Londres. L’élément déclencheur de son action parait être les nouvelles conditions politiques établies à partir de 1942 : débarquement allié en Afrique du Nord, instauration du S.T.O. et travail de son usine pour l’armée allemande.
Cette dernière condition de collaboration pousse Raymond Cancé a refusé ce travail et, de ce fait, à être exclu de l’usine. Cette désobéissance amène les autorités préfectorales à le surveiller et à l’inquiéter malgré son jeune âge (17 ans) qui l’exclus du S.T.O.
Ces conditions expliquent la décision de Raymond Cancé du 10 juillet 1943 : sans aucune aide extérieure, riche de sa seule expérience de scout, s’évader de France avec 2 camarades réfractaires du S.T.O.
1943, le passage en Espagne.
L’itinéraire est défini grâce à une carte et une boussole : entre l’Aubisque et le Soulor, les pentes difficiles du Gabizos, le lac d’Artouste et l’Espagne à Sallent de Gallego.
Arrêtés, ils évitent Miranda (destination d’un grand nombre d’évadés de France) mais sont incarcérés pendant 3 semaines à la prison de Jaca. Ils sont 12 prisonniers à être libérés et remis à Madrid à la Croix Rouge, sous un régime de liberté surveillée.
Dans le cadre des échanges « ressources contre prisonniers », avec 1200 autres évadés, ils sont conduits par train au Portugal vers Sétubal.
En septembre 1943, sur le bateau « Gouverneur Général Lépine » ils embarquent pour Casablanca.
Au Maroc, engagement et formation militaire. Septembre 1943 – juillet 1944.
Le 30 septembre 1943, Raymond Cancé s’engage pour la durée de la guerre dans ce qui deviendra « le centre d’organisation coloniale de l’armée blindée » commandé par le Général de Lattre de Tassigny ; il appartiendra au 3ème escadron du régiment colonial de chasseurs de chars.
L’instruction se fait d’abord à Rabat puis dans la région d’Oran.
Le 20 juillet 1944, les 12 « tanks destroyers du 3ème escadron Semper Primus » sont embarqués sur le « Sidi Brahim » à destination de la Corse. Selon le mot de Raymond Cancé, ils sont prêts « pour la grande croisade de la Libération ».
Corse et débarquement de Provence. Juillet – aout 1944.
Le regroupement des forces s’effectue en Corse de juillet à août 1944. Le 18 août, les chars de Raymond Cancé et ses camarades font route vers la Provence dans des barges à fond plat de débarquement. Pour Raymond Cancé, il se déroule dans la soirée du 19 août aux environs de Sainte Maxime sur la plage de la Nartelle. L’objectif de cette 9ème division d’infanterie coloniale, avec ses chars, est la libération de Toulon.
La prise de Toulon. 27 aout 1944.
Raymond Cancé décrit de manière détaillée les durs combats qu’il livre entre Sainte Maxime et Toulon surtout autour de cette ville ; le 27 août, il figure avec son char dans le défilé de libération de la ville.
La campagne de France, de Toulon à l’Alsace en passant par le Jura.
Raymond Cancé a 19 ans !
Sans emphase émotionnelle de mise en valeur personnelle, Raymond Cancé décrit avec une fatalité acceptée une campagne particulièrement dure qui oppose souvent des blindés et qui décime un grand nombre de ses camarades de combat. D’Aix-en-Provence, par la route Napoléon, son escadron de chars se dirige vers Grenoble et le Jura (début octobre 1944). Combats difficiles dans la région de Belfort, autour de Delle à la frontière franco-suisse, vallée du Doubs, village et plateaux boisés, ponts sont des objectifs difficiles, à l’entrée de l’hiver pour ces divisions blindées qui ouvriront la route vers Mulhouse et le Rhin à partir de novembre 1944.
Conclusion.
Le témoignage de Raymond Cancé, à rapprocher de celui de son voisin d’Arros-Nay, M. Bérette, les décorations qu’il évoque pour lui et ses camarades témoignent du niveau d’engagement, de l’âpreté des combats et des sacrifices acceptés par ces hommes jeunes, souvent évadés de France, appartenant à ces régiments blindés ayant largement participé à la libération de l’est de la France, de la Provence à l’Alsace.
Raymond Cancé a publié le récit détaillé de son expérience de 1940 à la fin de la guerre au sein du 5ème régiment de chasseurs de chars coloniaux.
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