Association  BPSGM          Les Basses Pyrénées dans la seconde guerre mondiale         64000 Pau

Bruges-Capbis-Mifaget. Meurtre et incendie par des maquisards espagnols. 25 juillet 1944. Rapport de gendarmerie.

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Rapport de gendarmerie établi à la suite du meurtre, le 25 juillet 1944, de Lasserre Pierre cultivateur à Capbis. Ce meurtre est concomitant d’un incendie volontaire de bâtiments agricoles .

Les auteurs de cet attentat sont désignés comme étant 2 Espagnols appartenant à un maquis.

Le frère de la victime, hôtelier à Cauterets, propriétaire de la ferme, évoque également le meurtre de son neveu Lasserre Jean.

Aucunes des informations contenues dans le rapport de gendarmerie ne permet de connaitre les raisons de cet attentat.

 

25 juillet 1944                                                                                                   Brigade de Nay

 

                                                    Incendie et meurtre à Capbis par 2 maquisards espagnols

                                                                                 (25 juillet 1944).

 

         Nous soussignés Escoubone Paul m .d .l. chef et Lastes Félix, gendarmes à la résidence de Nay, avons été prévenus par M. Horgues, maire de Capbis, qu’un meurtre avait été commis dans la matinée sur la personne de son administré Lasserre Pierre, cultivateur, et qu’au même instant les agresseurs auraient mis le feu à la grange qui avait été entièrement détruite.

         Nous nous sommes immédiatement rendus sur les lieux. La grange incendiée était situé sur le territoire de Capbis à 450m environ au S.O. de l’église, en bordure d’un chemin non classé allant à Pédehourat. L’immeuble se trouvait à 1,50m au N. de la maison d’habitation. Un hangar attenant à la grange, contenant du matériel aratoire et agricole, a été aussi la proie des flammes. Il ne reste plus que les 4 murs de la grange qui paraissent inutilisables. On ne remarque plus qu’un amas de foin qui se consume lentement. Le hangar est également complètement détruit. Les murs sont en partie inutilisables. Une faucheuse et une charrue se trouvent sur le sol. Ces deux instruments ne semblent pas réparables. Le reste de l’outillage agricole et aratoire a été complètement détruit. Les dégâts sont importants. Le feu semble avoir été allumé à un tas de soutrage qui se trouvait dans l’encoignure sud de la grange.

         Mlle. Lasserre  Adèle, âgée de 17 ans, cultivatrice, nous a déclaré :

 » Ce matin 25 juillet, vers 7h15 mon père s’est levé et est descendu pour vaquer à ses occupations habituelles. En ouvrant la porte pour sortir dans la cour, il a aperçu deux individus, l’un à la porte de la grange, l’autre derrière le mur de la clôture de la propriété. Ce dernier lui a tiré aussitôt une rafale d’une arme genre fusil mitrailleur. N’ayant pas été touché, il est rentré et a fermé la porte à clé. Nous avons essayé de fuir en empruntant une échelle qui était appuyée sur la fenêtre du premier étage de notre habitation coté N. du bâtiment. Alors qu’il venait de descendre mon père a été abattu à une quinzaine de mètres de la maison. J’ai eu peur et suis partie avec ma sœur âgée de 12 ans me cacher dans les champs.

         En partant j’ai constaté que la grange était la proie des flammes. Je suis certaine que le feu a été mis volontairement à cet immeuble par les deux Espagnols qui ont tué mon père. Après avoir détruit la grange, l’incendie s’est propagé à un hangar attenant qui a également été en totalité la proie des flammes.

         Dans les bâtiments incendiés se trouvaient 200 quintaux environ de foin de l’année, une certaine quantité d’orge, un veau de 3 semaines, 1 faucheuse, 1charrue, 4 râteaux en bois, 3 fourches, 3 pelles, 3 jougs de vache avec des courroies, 2 faux, 3 échelles (1 de 10m, les 2 autres de 4m), 1 char à bœufs à 2 roues, 10 quintaux environ de soutrage, etc.

         Les 2 Espagnols correspondent au signalement approximatif suivant :

1° âgé de 25 ans environ, taille moyenne, visage rond, teint bronzé, corpulence assez forte. Vêtu d’un complet grisâtre, en assez bon état, coiffé d’un béret basque,

2° taille au-dessus de la moyenne, visage allongé, corpulence mince. Vêtu d’un complet marron. »

              M. Lasserre Joseph, 57 ans, hôtelier à Cauterets (H. Pyr.) nous a déclaré :

 » J’exerce la profession d’hôtelier à Cauterets et fréquente chaque mardi le marché de Nay. Ce matin, vers 8h30, en arrivant dans cette ville, j’ai appris que mon frère Pierre, âgé de 59 ans, qui habitait une maison m’appartenant située sur le territoire de Capbis avait été tué par des Espagnols appartenant au maquis. J’ai également appris que mon neveu Lasserre Jean, âgé de 24 ans, avait suivi le même sort. La grange et le hangar dont je suis propriétaire avaient été la proie des flammes. Je me suis rendu immédiatement sur les lieux et ai constaté la véracité du fait.

         Je suis assuré contre l’incendie à la Compagnie la Métropole. Le montant de l’assurance pour la totalité de la ferme est de 250.000f. Le préjudice que je subis par l’incendie s’élève à la somme approximative de 300.000f. »

         Plusieurs personne de la commune de Capbis sont unanimes à déclare que le feu a dû être allumé volontairement par les meurtriers de M. Lasserre, car les premières flammes ont été aperçues dès que les rafales de mitraillettes ont cessé.

Source: archives de l’association.

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