Association BPSGM Les Basses Pyrénées dans la seconde guerre mondiale 64000 Pau
Bénéjacq. Crash de l’avion mystérieux. 6 mars 1944.
Contribution de M. Noël Paradis-Cami, Président de l’association « Patrimoine en Ribère-Ousse »
Chronologie de l’affaire :
Il y a quelques années, notre curiosité avait été attirée par un article paru dans « L’Essor Bigourdan » n° 3032 du jeudi 14 novembre 2002. L’article intitulé « Trésor de Guerre » relatait un combat aérien et la chute de l’appareil dans le bois de Bénéjacq. Il relatait également les patientes recherches quelques 58 ans après de Jean Barraque l’ancien boulanger de Bénéjacq qui inventa les restes de l’épave de cet appareil abattu par on ne savait qui . Il les nettoya et les identifia avec passion.
L’année suivante, le 1er septembre 2005, on pouvait lire dans la République des Pyrénées-Atlantiques, un article de notre ami Maurice Triep-Capdevielle chroniqueur local de la région Nayaise: Plaine de Nay. Chronique d’un temps pas si lointain. « L’avion Mystérieux ».
Dans son article, Maurice, relatait les faits de cette affaire et surtout l’empressement que mirent les occupants à repérer la zone du crash de l’appareil abattu et d’évacuer rapidement l’épave ou ce qu’il en restait. Il racontait également les patientes et passionnées recherches de Jean Barraque le boulanger qui tous les après-midi après sa sieste, partait sur les lieux de l’impact qu’il connaissait bien, et pour cause, juste au-dessus était située la palombière paternelle. Là pendant de longues heures, il cherchait, grattait, piochait et extrayait des éléments de cet appareil. En fin d’après-midi, il ramenait à la maison ses trouvailles, les nettoyait et les protégeait.
Quelques jours plus tard, le 11 octobre 2005, paraissait dans ce même hebdomadaire le témoignage d’un lecteur (Monsieur Dubarbié de Bidos) qui se rappelait, alors qu’il était étudiant au Collège d’Oloron Sainte Marie, du raid de bombardiers Américains partis de Londres dont un appareil avait attaqué une nuée d’avions école Allemands non armés au-dessus des bois du côté d’Esquiule. Ce fait s’étant déroulé de jour, il devait s’agir du raid aérien ayant pour objectif Pau. Les bombardiers avaient auparavant bombardé l’aéroport de Biarritz-Parme le 27 mars 1944.
Par la suite, au printemps 2011, nous avons rendu visite à M. et Mme Jean Barraque. Jean atteint par la maladie, n’était pas en mesure de nous renseigner plus précisément, son épouse Juliette nous a reçus avec gentillesse et intérêt, nous a fait découvrir les objets en sa possession et nous a donné une photocopie d’un article technique écrit par un ami, Jean Louis Pouchou le 13 octobre 1999. Cet article de 4 pages intitulé « Mystère autour des débris d’avion retrouvé dans le bois de Bénéjacq », augmentait d’autant plus cette ambiance mystérieuse autour de cet événement ?
Par la suite j’ai été contacté par M. Yves Lacrouts, adjoint au Maire de la Commune de Bénéjacq, qui me proposa pour l’association Patrimoine en Ribère-Ousse les vestiges mis à jour par Jean Barraque, lequel en avait fait don à la Commune. Un peu embarrassé car ne connaissant pas le volume de ces restes, je me réservai la réponse pour la fin de l’été. Entre temps Gilles Collaveri, de l’association Toulousaine Terre d’Envol, avait contacté par le biais de Christian Falleiro ancien Maire de Jarret (65), M. Yves Lacrouts pour savoir si la mairie avait des renseignements sur ce crash. Là ils évoquèrent l’existence de ces vestiges. A partir de ce moment-là, Gilles Collaveri était partant pour les récupérer, et je me mis d’accord avec Yves Lacrouts pour les lui céder.
Par la suite nous avons collaboré et nous sommes réunis le 28 octobre 2011 à la Mairie de Pontacq. Les trois associations présentes (+ 2 indépendants) se sont mises d’accord pour travailler ensemble sur ce sujet, les trois associations présentes étaient : Terre d’Envol de Toulouse, le Comité d’Aviation de Pau et Patrimoine en Ribère-Ousse. Les vestiges de l’appareil identifié (un Arado 96) furent cédés à un passionné qui construit un exemplaire de cet appareil.
Des contacts furent pris avec la presse locale et au travers d’articles de presse, les quotidiens locaux lancèrent des appels à témoignages. Ceux-ci furent nombreux et même nous fûmes invités à visiter des restes d’appareils Allemands de la dernière Guerre Mondiale, stockés dans une grange.
Ce qui a suscité cet élan et notre intérêt quelques 70 ans après pour ces événements, ce sont les nombreux témoignages sur les avions qui se sont crashés sur notre région et plus particulièrement dans notre vallée de l’Ousse, entre Espoey (64) et Lourdes (65).
Dans un premier temps Gilles Collaveri, ingénieur des ventes chez ATR, fit jouer ses contacts en Allemagne, là miracle !! Il trouva sur un fichier de la Luftwaffe envoyé par un de ses correspondants, à la date du 6 mars 1944, le crash d’un Arado 96B-3, numéro de série 964379, portant le n° 22 blanc, crashé à Pontacq, 7 Km à l’Ouest de Lourdes et à 24 Km de Pau, victime d’un tir d’armes, détruit à 100%. Dans ce petit rapport nous avons découvert le nom du pilote. Il s’agissait de Hans Wesser. Nous apprendrons par la suite qu’il était élève pilote à la JG 101, stationné sur l’aéroport de Pau. Gilles, à partir de ce moment-là, lança des recherches pour tenter d’identifier sa famille, Mme Barraque nous avait proposé dans le cas où nous la retrouverions de rendre les quelques objets personnels en sa possession (bracelet, lunettes, etc..). A ce moment-là ces recherches n’ont rien donné.
Pendant ce temps, nous continuions à récupérer des témoignages sur d’autres crashs de notre vallée et ils sont nombreux. Gilles réalisa un cadre souvenir pour la Mairie de Bénéjacq, un pour M. et Mme Jean Barraque et enfin un pour notre association. Vous auriez vu la lueur de joie dans le regard de Jean quand avec Marcel nous leur avons offert ce petit cadeau. Ce cadre est composé d’une photo d’Arado 96 B en vol sur lequel sont fixés des débris de l’épave. Malheureusement M. Jean Barraque l’inventeur des restes de l’épave devait s’éteindre victime de la maladie. Je ne devais apprendre son décès que quelques temps après.
Au début du printemps 2012, je reçus un appel de Monsieur Justin Fouert-Pouret qui ayant lu les articles dans la presse locale, voulait bien nous livrer son témoignage sur ce crash du bois de Bénéjacq. Nous nous sommes rendus à son domicile avec Marcel Cazala le 20 mars 2012 et là nous avons enregistré son témoignage (à lire en PJ). Dans son témoignage il est affirmatif pour le mois de mars, là où il a pu commettre une erreur, c’est sur le jour car il nous a raconté les faits qui se seraient déroulés après une répétition de musique. Avec un de ses camarades, ils se rappellent que les répétions avaient lieu le mardi et le jeudi soir ? Dans un premier temps nous avons pu croire que l’attaque avait pu se dérouler la nuit du bombardement des usines Morane Saulnier à Ossun (65), c’est-à-dire dans la nuit du 10 au 11 mars 1944, par la suite nous verrons que c’est bien la date du
lundi 6 mars 1944 qui est à retenir. Il assista un matin avec son père, alors qu’ils faisaient du bois non loin du lieu du crash, à l’évacuation de la dépouille du pilote par deux militaires Allemands en armes.
Puis le 23 octobre dernier, Gilles Collaveri me demande des renseignements sur des articles de presse que je lui avais adressés au départ de cette affaire, il prépare un article sur ce sujet pour la revue « Monnaies et Détection » de fin d’année. Le 23 au soir je lui envoie les renseignements demandés, le lendemain (24 mars) quelque chose m’incite à faire d’autres recherches sur internet, cette fois-ci, je prends comme critères de recherches « 6 mars 1944 Pau ». Après quelques minutes de recherches et après avoir visionné plusieurs sites, je tombe sur un petit forum en Anglais d’anciens pilotes du 418° Squadron d’Edmonton et justement ils parlent de cette soirée du 6 mars où un certain Lou Luma aurait abattu un F.W. 190 au cours d’une mission de nuit. Un de ses collègues après recherches, avait trouvé qu’il y avait une erreur, ce n’était pas FW 190 qui avait été abattu mais un avion école Arado 96 B de la J.G. 101 de Pau (escadrille école Allemande), par contre il ne savait pas si l’élève pilote était seul et il ne connaissait pas l’identité de ce pilote. Je
m’empressai de recopier l’adresse mail de ce forum que j’envoyai aussitôt à Gilles Collaveri. Il qualifia cette découverte de majeure et m’appela à 22h30 au téléphone, là je lui livrais mes explications. Nous étions en pleine euphorie et dans un certain état d’excitation après cette découverte, pensez 68 ans après faire une telle découverte, nous l’aurions jamais cru !!! Dame chance m’a favorisé ce soir-là.
Dès le lendemain 25, Gilles fait jouer ces contacts, le soir même il m’envoie par mail le C.R. de la mission en Anglais et l’adresse de deux sites sur lesquels on parle de Lou Luma (James Forest), par la suite Gilles aura un contact avec l’épouse du peintre Roy Grinnel qui lui donna les coordonnées du pilote toujours vivant aux USA. Bien sûr Gilles s’empressa de le contacter, ce dernier lui promit de lui envoyer une photo.
Aussitôt je me mets au travail, rédige un petit C.R. agrémenté de photos des appareils, du pilote et du navigateur, je trace et calcule avec l’ami Christian Falleiro (passionné d’aéronautique)l’itinéraire du Mosquito depuis sa base de départ Ford en Angleterre et son retour sur un seul moteur, puis je dessine le croquis de l’attaque entre le chasseur et sa victime, j’ai collationné toutes les pièces de cette affaire de manière à réaliser un petit dossier.
Christian Falleiro, cité précédemment, à qui j’avais envoyé mon petit C.R., l’a envoyé en copie à Alain Vossard, écrivain aéronautique et membre comme Christian du « Comité d’Aviation de Pau » qui le 08 novembre m’envoya un mail amical dans lequel il souligna l’utilité du travail réalisé et une correction sur la D.F.C. Distinguished Flying Cross (décoration US) dont Lou Luma fut gratifié pour le résultat de sa mission. Par la suite, il introduisit un correctif à ce propos dans Wikipédia,source de mon renseignement.
Dernièrement à l’occasion d’une manifestation du 3° âge, j’ai appris qu’il y avait un autretémoin de cette affaire sur la commune de Saint-Vincent, nous devons prendre contact avec cettepersonne pour recueillir son témoignage.
Nous avons rendu visite à cette personne qui n’était autre qu’Henri Bidot-Naude. Trèsgentiment, il nous a livré son récit et vous trouverez son témoignage dans ce dossier.
Cette mission de chasseur de nuit, à la recherche d’un F.W. 190 qui avait abattu précédemment, de nuit, deux bombardiers alliés, avait été certainement programmée par la RAF pour préparer le raid sur les Ets. Morane Saulnier à Ossun (65) dans la nuit du 10 au 11 mars 1944, c’est-à-dire 4 jours plus tard. Ce n’est pas moins de 23 bombardiers Lancaster de type III transportant chacun 4 296 Kg de bombes explosives de 100 Kg et incendiaires, qui survolèrent le complexe aéronautique, ils larguèrent leur chargement destructeur en 9 vagues lui infligeant de très importants dégâts (pour en savoir davantage, lire le C.R. du bombardement des usines Morane Saulnier à Ossun par la RAF en mars 1944 par J. Rousse et L. Bottari).
N’oublions pas que nous devons cette histoire à la ténacité et à la passion de Jean Barraque qui fut à l’origine de cette découverte. Un grand merci également à son épouse Juliette qui nous aida au début de nos recherches.
En fin de document, vous pourrez découvrir l’article qu’a écrit notre ami Gilles Collaveri de l’association Toulousaine « Terre d’Envol » qui a paru dans le magazine « Monnaies & Détection » des mois de Février/Mars 2013. Et là on peut lire que Hans Wesser était natif d’Eisenberg, qu’il avait perdu un frère en bas âge, qu’il avait eu une sœur nommée Ruth née en 1927 et décédée en 1987, sans enfants, la famille Wesser n’a pas eu de succession.
Ceci est le résumé du fruit de nos 3 années de recherches, merci à tous ceux qui ont bien voulu se joindre à notre groupe pour nous aider à mener à bien ces recherches (voir la liste en fin de document), je crois que nous avons bien réussi à la vue du résultat.
Pontacq Janvier 2013 Noël Paradis-Cami
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