Association  BPSGM          Les Basses Pyrénées dans la seconde guerre mondiale         64000 Pau

Femme tondue à Monein. Procès verbal d’auditions de la gendarmerie. Septembre 1944.

Une femme tondue à Monein ayant porté plainte auprès du Procureur de la République, la gendarmerie procède à l’audition des témoins. Septembre 1944.

 

 

 

Transcription du procès verbal d’audition de témoins rédigé par la brigade de gendarmerie de Monein. 22 septembre 1944.

 

GENDARMERIE NATIONALE

18ème Légion

Compagnie des Bas-Pyr

Section d’Oloron

Brigade de Monein

22/09/1944

Procès verbal de renseignements (Affaire Melle. DIEUSABOO, Zoé, couturière à Monein B.P.)

Cejourd’hui, 22 septembre 1944,à 9heures.

Nous, soussigné : BLANCHOU, Pierre

et MENE, Henri

gendarmes à la résidence de Monein, département des Basses-Pyrénées, revêtus de notre uniforme et conformément aux ordres de nos chefs, et pour répondre à une demande de renseignements de M. Le Procureur de le République à Pau, en date du 14/9/1944, n°5992/3 du 16 du même mois, avons recueilli les renseignements suivants :

Melle. DIEUSABOO, Zoé,41 ans, couturière, à Monein, déclare :

« C’est bien moi l’auteur l’auteur de la lettre adressée à Monsieur le Procureur de la République à Pau, le 12-9-44. Je voulais signaler à ce magistrat les faits suivants : le lundi 28 août 1944, vers 21 heures, M. Magnéris, Jean de Monein, est venu seul chez moi, en me demandant si personne n’était venu ; je lui répondu négativement ; il a ajouté : ils m’ont joué une farce et il est reparti. Dix minutes environ après, M. Bagnéris, Paris, armé d’un revolver, Brandou, Paloumet, Laubion et Puyalet sont venus chez moi. Sous la menace du revolver tenu par M. Paris, ces jeunes gens m’ont conduite devant le salon de coiffure de M. Lavigne à Monein. J’ai été obligée de m’asseoir et c’est M. Puyalet qui a commencé à me tailler les cheveux avec une paire de ciseaux. Brandou, muni d’une tondeuse m’a complètement rasé la tête. Étant maintenue très fortement par les jeunes gens cités plus haut, je n’ai pu opposer aucune résistance. Aussitôt que j’ai eu la tête rasée, ils m’ont laissé repartir. Je ne vois aucun motif pour qu’on m’ait fait subir cette épreuve.

Je n’ai jamais collaboré avec les allemands ; je me rendais une fois par semaine à Lagor, chez Mme Puyau. Quelques allemands y venaient pour y acheter des chaussures. Je certifie n’avoir jamais parlé avec les allemands. Auparavant, je me rendais à mon travail chez des clients à Monein ; je n’ose plus sortir et ceci entraîne des difficultés pour mon gagne-pain. Je porte pleine contre M. Paris pour menaces de mort ce dernier m’ayant dit qu’il allait me tuer si je ne le suivait pas. Je voudrais savoir qui c’est qui a donné l’ordre à ces jeunes gens pour qu’ils me tondent.

Des renseignements sur mes agissements avec les allemands peuvent être demandés à Lagor chez M. Laborde et M. Haget.

M.Paris a ajouté que Mme Haget avait déjà été tondue.

Lecture faite, persiste et signe.

Madame PARIS Léontine, 48 ans, ménagère à Monein, déclare : »Mon fils Pierre est parti le mardi 29 août 1944 pour rejoindre la formation des F.F.I., à Oloron (détachement Lieutenant Joly). Depuis son départ j’ignore son adresse. »

Lecture faite, persiste et signe.

Monsieur BAGNERIS Jean, 19 ans, employé de mairie à Monein, né au lieu-dit 1/6/25, fils de Laurent et de Marie Courrèges, déclare :  « Le lundi 28 août 1944, vers 21h, je suis allé chez Mlle Dieusaboo, Zoé, avec Paris et Brandou, pour aller la chercher pour lui couper les cheveux devant le salon de coiffure de M. Lavigne à Monein. Je ne me suis pas occupé de tondre cette personne, mais mon rôle principal était de me rendre compte si elle était à la maison. Les ordres de couper les cheveux à cette femme nous avaient été donnés par le Lieutenant Joly, Chef de la Résistance à Monein. Je certifie que M. Paris, mon camarade, n’avait pas de revolver ».

Lecture faite, persiste et signe.

Monsieur PUYALET , Alfred, garçon boulanger chez M. Barrouilh, à Monein, né au lieu-dit le 23/3/1925, fils de Jean et de Louise Bésy, déclare : « Le lundi 28 août, vers 21h, en compagnie de Bagnéris, Laubion, Brandou et Paloumet de Monein, je me suis rendu au domicile de Melle Dieusaboo à Monein. Nous avons conduit cette personne devant le salon de coiffure de M. Lavigne à Monein. Je reconnais avoir couper les cheveux de Dieusaboo, Zoé, à l’aide d’une paire de ciseaux. Le motis pour lequel j’ai tondu cette personne, c’est qu’elle m’avait avoué avoir fréquenté les allemands à Lagor. N’étant resté que devant le domicile de Dieusaboo, je ne puis vous dire si Paris avait un revolver ».

Lecture faite, persiste et signe.

Monsieur LAUBION, Pierre, 20 ans, forgeron chez M. Vignau à Monein, né au lieu-dit le 20/11/1924, fils de Joseph et de Marie Bacholet, déclare : « Le 28 août 1944, vers 21h, je suis allé en curieux devant le domicile de Melle Dieusaboo ; les nommés Brandou, Paris et Paloumet se trouvaient à la cuisine de cette personne et discutaient avec elle. Voyant que la discussion semblait violente, je me suis retiré et je ne puis vous dire comment s’est déroulé l’incident. Je n’étais nullement au courant qu’ils allaient tondre cette cette femme ».

Lecture faite, persiste et signe.

Monsieur BRANDOU, André, 24 ans, maçon à Monein, né au lieu-dit le 6/11/1920, fils de Bernard et de Marie Cazeaux déclare : « Le lundi 28 août 1944, vers 21h, M. Paris de Monein m’a demandé si je voulais l’accompagner chez Melle. Dieusaboo à laquelle on devait couper les cheveux. Je ne lui ai pas demandé qui avait donné d’effectuer cette opération. J’ai suivi M. Paris, nous avons pris cette personne et lui avons tondu la tête devant le salon de coiffure de M. Lavigne de Monein. J’avoue avoir employé une tondeuse pour effectuer ce travail ».

Lecture faite, persiste et signe.

Monsieur PALOUMET , Jean, 19 ans, mécanicien à Monein, né au lieu-dit le 6/6/1925 fils d’Alphonse et de Sespiau Marguerite déclare : » Il est exact que le 28 août 1944, j’ai assisté en curieux à la coupe des cheveux de Melle Dieusaboo qui s’effectuait devant le salon de coiffure de M. Lavigne à Monein. Je ne me suis rendu au domicile de Melle Dieusaboo ; celle-ci fait erreur en me désignant dans sa plainte comme lui ayant coupé les cheveux avec des ciseaux ; ce n’est que lorsqu’elle se retirait que je lui ai fait tomber une serviette qu’elle tenait sous le bras. »

Lecture faite, persiste et signe.

Monsieur JOLY, Léopold, 31 ans, Chef Cantonal de la Résistance (Lieutenant des F.F.I., de la Compagnie de Monein, actuellement à Oloron), déclare : »C’est moi qui ai donné des instructions pour que Melle Dieusaboo, Zoé, de Monein, ait la chevelure rasée. Cette opération a été effectuée parce que cette femme entretenait des relations avec les allemands qui étaient stationnés à Lagor B.P. »

Lecture faite, persiste et signe.

Monsieur SARRAILH, Henri, Maire de la commune de Monein déclare : « Je connais depuis longtemps Melle Dieusaboo. Je suis au courant que cette dernière a été tondue le 28 août 44. Je ne sais d’où venait l’ordre pour exécuter cette opération. J’avais entendu dire par la rumeur publique que cette personne se rendait souvent à Lagor chez chez Mme Puyau. Je ne puis vous dire si elle avait des relations avec les allemands qui se trouvaient dans cette localité, mais à mon avis, je crois que Melle Dieusaboo n’a jamais fait des choses préjudiciables au bien-être des citoyens. »

Lecture faite, persiste et signe.

Nous transmettons la 1° expédition au Commandant de la Brigade de Gendarmerie de Lagor, pour continuation de l’enquête.

Deux expéditions destinées : 1°) à Monsieur le Procureur de la République à Pau. La 2°) aux archives.

Signé : MENE Signé : BLANCHOU

Pour accéder à l’original: cliquer ici.

Source: archives Baradat déposées à l’association.

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