Association BPSGM Les Basses Pyrénées dans la seconde guerre mondiale 64000 Pau
MARINELLI Yves, Général de corps d’armée.
Yves Marinelli est né le 9 décembre 1924 à Mondolfo (Italie) et décédé le 14 janvier 2023 à Pau.
Le résistant.
Il va suivre toute sa scolarité à Tulle où sont installés ses parents. Il n’a que 15 ans lorsque la guerre éclate. En 1942, les allemands arrivent à Tulle, il a alors 18 ans et décide de rentrer en contact avec la Résistance locale. Son engagement dans le scoutisme lui permet une prise de contact rapide. Le 7 janvier 1943, il intègre le réseau Martial Base Espagne en qualité d’agent P2, immatriculé à Londres, pour des missions de renseignement sur la Corrèze et la Dordogne. Ce réseau assure, en particulier, l’évacuation d’aviateurs et d’agents secrets vers l’Espagne et reçoit ses ordres du Bureau Central de Renseignements et d’Action (B.C.R.A.) en exil à Londres. Il commence par distribuer des tracts et des journaux clandestins puis ses missions deviennent plus importantes, notamment en informant le réseau sur les positions allemandes qui stationnent sur les barrages hydroélectriques de la Dordogne.
Mais le 17 avril 1944, avec un camarade, alors qu’il doit réceptionner, en gare de Tulle, une précieuse valise contenant un poste radio-émetteur en provenance de Londres, il est pris dans une souricière. Deux hommes en civil se dirigent vers lui, puis d’autres, il tente de fuir mais il est arrêté et conduit à l’hôtel Saint- Martin, siège de la Gestapo à Tulle. Il retrouve son père et son frère (13 ans) interrogés mais ils ne savent rien. Yves Marinelli sera torturé pendant 5 jours avec des passages à la baignoire. Le 21 avril 1944, il est emmené à la prison de Limoges où les interrogatoires sont encore plus éprouvants, il est matraqué à l’aide d’un gros câble électrique gainé de cuir mais il refuse de parler.
La déportation
Le 12 mai 1944, il rejoint en train, menotté deux par deux, le camp de transit de Compiègne Royallieu où il arrive le 15 mai : « Un havre de paix » confie-t-il. Après quatre jours de transport cauchemardesques à plus de cent par wagon, le 24 mai 1944, le convoi arrive au camp de concentration d’Hambourg-Neuengamme, numéro matricule 31203, qu’il faut tout de suite apprendre en allemand. Une semaine après, ayant déclaré qu’il était électricien, il part vers un nouveau kommando à Fallersleben pour travailler dans l’immense usine Hermann Göring au bord du Mittelandkanal au profit de la construction d’une usine Volkswagen où il va fabriquer des charpentes. La faim, la fatigue, le froid et la maladie vont être son lot quotidien, sans compter les brimades et les coups des S.S. : « Durant l’hiver, on s’habillait avec des sacs de ciment que l’on mettait sous notre tenue rayée, mais il ne fallait pas se faire prendre. ». Le 30 mars 1945, il est transféré, en train, au camp de concentration inachevé de Wöbbelin à 180 km au nord-ouest de Berlin où il arrive le 7 avril 1945 : « Nous sommes cent vingt par wagon et après un enfer de six jours, nous arrivons au mouroir de Wöbbelin. En 12 jours de 13000 déportés nous n’étions plus que 3000 ».
Le 1 er mai 1945, une nouvelle évacuation est prévue mais il décide de ne pas partir et se cache sous un entassement de cadavres : « Le 2 mai 1945, les américains de la 82 ème division aéroportée arrivent et je suis sauvé. Je faisais 35kg ». Cette libération des parachutistes américains marquera sa future carrière d’officier. Atteint du typhus, il est rapatrié par vol sanitaire au Bourget puis hospitalisé à la Pitié-Salpêtrière à Paris le 1 er juin 1945 où il retrouve son père qui, dans un premier temps, ne le reconnaît pas. Yves Marinelli rejoint Tulle en juillet 1945. Il aura vécu plus d’une année dans les camps.
Après la guerre
Après la guerre, il s’engage dans l’armée. Il est admis à l’Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr, Promotion 1943 « Veille au drapeau », et rejoint Coëtquidan en 1946 dans la nouvelle école créée par le général de Lattre de Tassigny. Promu lieutenant le 1er mai 1947, il rejoint l’Ecole d’Application du Génie à Angers. A sa sortie, il est affecté en Algérie au centre des spécialistes Aéroportés et obtient son brevet de parachutiste. Le 16 février 1949, il est affecté au 17ème Bataillon du Génie Aéroporté à Hussein-Dey, et participera, à plusieurs reprises, à la guerre d’Algérie. Il termine sa carrière militaire au grade de Général de Corps d’Armée.
Il prend sa retraite à Pau en 1982 mais un nouveau combat commence, celui du désir de mémoire. Il devient :
– Président des Combattants Volontaires de la Résistance
– Président de l’association départementale des déportés, internés et familles de disparus
– Membre du Bureau National de la Fédération des déportés Résistants
– Vice-président départemental des décorés de la Légion d’Honneur au péril de leur vie
– Président du Comité du concours National de la Résistance et de la Déportation de Pau
– Membre fondateur du Musée de la Résistance et de la Déportation de Pau et président d’honneur du musée depuis 1999
Toute sa vie aura été marquée par son engagement au service de la France et en mémoire de ses « compagnons de misère ».
Extrait de son discours prononcé lors de la remise des prix du Concours National de la Résistance et de la Déportation le 19 mai 2017.
« Nous avons témoigné tous les ans comme nous l’avions juré à notre libération. Nous avons aidé à définir ces crimes contre l’humanité, ce qui était indispensable au fonctionnement du tribunal de La Haye, donnant ainsi une force universelle à ses jugements. Des lois reconnues ont été ainsi substituées à la violence d’une guerre qui fit presque 50 millions de morts. Seules votre adhésion et votre mémoire renforceront votre paix. »,
Pour que cette mémoire demeure, le 8 mai 2023, et selon son souhait, ses enfants ont remis sa tenue de déporté au Musée de la Résistance et de la Déportation de Pau.
Sur la photo:
De gauche à droite : Gérard Glacial, Jean-Jacques Boisson, Aliénor et Pierre Marinelli
Ses décorations :
– La Croix de guerre 1939-1945 avec 1 citation
– La Croix de la valeur militaire avec 3 citations
– La Médaille de la Résistance française
– La Croix du combattant volontaire 1939-1945
– La Croix du combattant volontaire de la Résistance
– La Médaille de la Déportation et de l’Internement pour faits de Résistance
– La Médaille des blessés de Guerre
– La Médaille commémorative des Opérations en Algérie
– La Croix Chevalier de la Légion d’Honneur
– La Croix d’Officier de la Légion d’Honneur
– La Croix de Commandeur de l’Ordre National du Mérite
– La Croix de Commandeur de la Légion d’Honneur
A l’occasion d’une rencontre-témoignage avec des élèves, le Général Marinelli a écrit ses souvenirs de résistant et de déporté. Il a aussi relaté les conditions de sa libération en 1945. A l’occasion de cette même rencontre, le Général Marinelli a accepté que son témoignage soit enregistré.
Interview 1 Interiew 2 Témoignage écrit
N.B. : cette biographie a été rédigée et complétée à partir d’éléments fournis par le Général Bernard Peyrefitte, président du Comité de la Légion d’Honneur d’Oloron-Sainte-Marie qui a servi comme lieutenant sous les ordres du Général Marinelli, et par Gérard Glacial, président du Musée de la Résistance et de la Déportation de Pau, lors des oraisons funèbres prononcées le 19 janvier 2023 en l’église Saint-Martin de Pau. Nous les en remercions.
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