Association BPSGM Les Basses Pyrénées dans la seconde guerre mondiale 64000 Pau
CANTON Henri, SAINT-CRICQ Germain. Miliciens tués en mission de maintien de l’ordre.
Canton Henri et Saint-Cricq Germain, miliciens originaires des Basses-Pyrénées, ont été tués, en février 1944, lors des combats de Lully (74) entre la Milice et un maquis F.T.P.F. local.
Henri Canton est né à Monein le 24 septembre 1916.
Mobilisé, il fait la campagne de 1939 – 1940 au 24ème d’artillerie. Il intègre la Milice des Basses-Pyrénées le 8 mars 1943 comme franc-garde permanent.
Après un stage de formation à l’école des Cadres d’Uriage, il est nommé chef de trentaine à Foix (09). Il part de l’Ariège avec sa troupe pour participer aux opérations de maintien de l’ordre engagées en Haute-Savoie. Dans le cadre de cette mission, il est tué le 22 février lors de l’attaque du chalet de Foges, commune de Lully en Haute-Savoie.
A titre posthume, Henri Canton est cité à l’ordre de la nation et décoré de la Légion d’Honneur par le régime de Vichy.
Ses funérailles officielles sont célébrées le 2 mars 1944 en l’église Saint-Martin de Pau.
Germain Saint-Cricq est originaire de Cadillon.
Agé de 20 ans, Saint-Cricq intègre la Franc-Garde des Basses-Pyrénées en mai 1943. A sa création en juillet 1943, il s’engage volontairement au 1er Régiment de France qu’il quitte rapidement pour retourner dans les rangs de la Milice.
Il participe aux combats du chalet des Foges, commune de Sully en Haute-Savoie dans les rangs de la Milice.
Le combat du chalet des Foges.
A compter du 31 janvier 1944, un état de siège qui va durer trois mois est décrété en Haute-Savoie. Dans un premier temps, les missions de maintien de l’ordre sont confiées à des forces françaises: Milice et G.M.R. Les forces d’occupation ne participent à ces missions qu’à compter du 12 mars 1944, début des combats du plateau de Glières.
Après quelques succès (Féternes, Bonne sur Menoge), les détachements de la Milice attaquent le 22 février 1944 le camp F.T.P.F. installé dans un chalet d’alpage à Foges. Les combats durent toute la journée.
C’est au cours de ces combats que les miliciens bas-pyrénéens Canton et Saint-Cricq sont tués.
Michel Germain fait un récit détaillé des combats des Foges dans son livre « Histoire de la Milice et des forces du maintien de l’ordre en Haute-Savoie, 1940 – 1945« .
Les extraits ci-dessous sont issus de cette publication.
CR du combat du chalet de Foges.
. Maurice Garro, chef du 2ème bataillon F.T.P.F., fait pour le 1er sous-secteur F.T.P. un rapport de ces événements. Bien qu’il y ait quelques erreurs, bien compréhensibles du fait de la concision du texte et de l’ampleur des combats engagés, nous le livrons in-extenso. Après avoir rappelé les noms et les matricules des maquisards engagés, le chef écrit :
« {Ils les résistants FTPF}… se sont retirés au lieu-dit Foges, au-dessus de Lully, depuis le 18 février, suivant les ordres reçus. Le 22 février, à 6h30, nous sommes sommés de nous rendre par un détachement de la Milice de 250 hommes. Nous refusons et commençons le combat. La première phase dure jusqu’à 9h30 et coûte aux assaillants 7 tués dont le tireur d’un F.M. et son servant placé à trente mètres du chalet. Le feu cesse au bout de quelque temps. 4 volontaires, 2925116 (César Bois) 292518 (Joseph Boreau) 2925220 (Paul Baudin) et 292552 (Pierre Durand) s’offrent à tenter une sortie pour s ’emparer du F.M. Placé hors de notre vue et ils sont tués sur le coup. Le combat reprend de plus belle jusqu’à midi, où de nombreux renforts parviennent aux miliciens : environ 150, ce qui porte le total de leurs forces à 400. Ils commencent à pilonner le chalet à coups de mortier (3 mortiers) ; le combat devient de plus en plus acharné. Vers 14h, Delabotte Joseph tombe, frappé d’une balle en plein front à son poste de combat. Il est remplacé par Ange. Celui-ci déserté son poste peu après. Les miliciens ne trouvant plus de résistance sur la face ouest, tentent une attaque et parviennent jusque dans la cuisine, d’où ils sont délogés à la grenade, laissant plusieurs morts sur place. Néanmoins, ils réussissent à mettre le feu à nos paillasses avec de l’essence et emmènent Ange. Celui-ci se rend en déclarant qu’il est notre prisonnier(il est fusillé le samedi à Thonon). Voyant l’impuissance de leur attaque, les miliciens nous bombardent d’obus fumigènes.
Vers 14h30, Blase Léon [Léon Biolley} tombe à son tour. Nous restons 5 et menons un combat acharné sous les rafales des F.M, les obus de mortier et les grenades V.B. Le feu gagne peu à peu le chalet. La fumée nous aveugle et nous devons cesser le feu vers 18h.
Après perforation du plancher, nous gagnons un réduit d’où il nous est impossible de continuer le combat.Les miliciens s’approchent du chalet qui flambe presque entièrement et achèvent de mettre le feu à la face est. Nous restons jusqu’à 19h30 dans ce réduit au milieu des flammes et de la fumée. A 7h la situation devient intenable et nous décidons d’en sortir. A notre grand étonnement , il n’y a plus un seul ennemi aux alentours et nous regagnons le village. »
Jeudi 24, le secrétariat général de Darnand publie le communiqué suivant :
« De nombreux miliciens ont fait preuve de courage et de dévouement dans l’exercice de leur devoir. Ainsi, le gouvernement a voulu récompenser les une et les autres. Il a d’abord cité à l’ordre de la Nation, monsieur Henri Canton, chef de la trentaine de la Franc-Garde permanente de la Milice française, d’un entrain et d’un courage remarquables, il a été mortellement blessé à la tête de sa troupe en attaquant une position fortifiée tenue par des hors-la-loi à Foges.
Il a accordé en outre un certain nombre de médailles d’or pour courage à plusieurs titres posthumes, à Philippe de la Fléchère, Marcel Prévon, Saint Crique (sic il s’agit de Saint-Cricq) Gilbert Villari, d’Auvergne, d’autres médailles d’or ont été attribuées à M. Jacques Ponsolle, chef de trentaine,Barbier, de Crosoët, François Despierre, Fauconnet et Laurent Vinçon, qui se sont distingués au cours d’opérations périlleuses. »
Références bibliographiques.
Bouysse Grégory, Encyclopédie de l’Ordre nouveau, Histoire du S.O.L., de la Milice française et des mouvements de la collaboration, Volume 11, Independently published (20 juillet 2021), 215 pages.
Pour accéder à la présentation de cet ouvrage: cliquer ici.
Germain Michel, Histoire de la Milice et les forces du maintien de l’ordre. Guerre civile en Haite-Savoie, Editions La Fontaine de Siloé, 73803 Les Marches, 1997. Voir pages 202 à 206.
Citation de Henri Canton à l’ordre de la nation:
« Milicien de la toute première heure, Canton avait tout sacrifié à la réalisation de son idéal révolutionnaire nationale. Il sut de plus gagner le cœur de ses Francs-Garde, et l’enthousiasme avec lequel, le mois dernier, ils partirent sous ses ordres pour participer aux opérations de maintien de l’ordre en Haute-Savoie démontra le degré de cohésion et de fraternité, en même temps que l’excellente formation de l’unité. Les premiers engagements avec les hors-la-loi furent pour Canton l’occasion de prouver ses qualités de soldat et d’entraîneur d’hommes. Aussi, est-ce à la tête d’une Centaine dont il venait à peine de prendre le commandement, qu’il trouva la mort héroïque que la Radio et la Presse ont déjà relatée. »
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