Association BPSGM Les Basses Pyrénées dans la seconde guerre mondiale 64000 Pau
Policiers-résistants de la 17ème Brigade de Pau. LAURENS Raoul.
Né le 27 mai 1912 à SAINT GAUDENS (Haute-Garonne),
Fils de LAURENS Maurice, Jules et de PEREZ Marie
Marié le 1er décembre 1934 à ROUGENET Louise à Toulouse ; divorcé en 1949 puis avec marié à Marguerite LAPLASSOTTE le 7 janvier 1950.
Enfants : un né le 20 août 1933, deux avec sa deuxième épouse Jean-François né le 24 avril 1949 et Yves né le 20 avril 1955.
Domicilié durant l’occupation : 53 rue Castetnau à PAU.
Il naît rue Victor Hugo à Saint-Gaudens d’un père militaire, sergent au 7ème Régiment d’Infanterie. Sa mère est née en 1888 et son père en 1886.
Fort de ses études secondaires, Raoul LAURENS fera son service militaire dans la Marine comme Matelot. Après avoir passé le concours de la Police il obtient celui d’inspecteur. Par arrêté du 22 mai 1935, il est nommé Inspecteur auxiliaire de 3ème échelon à Bourg-Madame (Pyrénées-Orientales) au début de sa carrière. Il est alors affecté aux Renseignements Généraux.
Il deviendra inspecteur-chauffeur stagiaire à la Surveillance du Territoire de Marseille et Nice avant de rejoindre celle de Pau le 1er novembre 1941.
Un an plus tard, le 1er décembre 1942, il est affecté à la 17ème Brigade de Police de Sûreté section Surveillance du Territoire.
Il sera révoqué comme ses compagnons le 12 juin 1944 (par arrêté du 19 juillet 1944) puis réintégré à la libération.
Il rejoindra alors la Surveillance du Territoire de Bordeaux puis de Dijon le 6 novembre 1945.
Il sera muté au C.E.R. de Rennes dans les années 50. Il est reclassé comme Officier de Police Adjoint en 1953 puis est muté à la Surveillance du Territoire de Rennes le 1er août 1955.
Il terminera modestement comme Officier de Police Adjoint classe exceptionnelle et admis à faire valoir ses droits à la retraite le 27 mai 1968.
Il décède à Rennes le 27 juin 1977.
Pourtant, durant l’occupation, Raoul LAURENS a été agent de liaison à différents réseaux, AJAX, ALLIANCE et les Mouvements Unis de Résistance. Il aura pour pseudonyme de résistance « YVES ».
Fin 1942, en novembre il fait partie de l’équipe que dirige déjà l’inspecteur Principal Radio ROIGNANT au sein de « Combat ».
Il procédera à l’évasion de prisonniers politiques, du renseignement jusqu’en juin 1944 ou il prendra le maquis. Il le principal artisan de l’enlèvement des armes, munitions et archives de la brigade. C’est lui qui prépare le matériel dans le nuit du 11 au 12 juin. Il prépare également les véhicules qui emporteront ses compagnons à Rébénacq. Il sera présent lors du combat du 14 juin.
Suite à son départ au maquis le 12 juin 1944, Il sera mentionné comme ayant abandonné son poste sur la circulaire de recherches Pol. Sur.5 N°762 du 5 juillet 1944 éditée par le Ministère de l’Intérieur. Il est titulaire de la carte de police N°1115 et détenteur du pistolet « Ruby » N°1931.
Il établira, avec précision, dans un rapport, son activité dans la Résistance après la Libération :
« Début 1942, M. DUBOIS, Commissaire de Police à la B.S.T. (brigade de surveillance du territoire) de Nice, actuellement secrétaire général pour la police à Rouen, m’a envoyé alors que j’étais inspecteur à la 17ème brigade de police de sûreté à Pau un de ses agents afin d’organiser un réseau clandestin de passage à la frontière franco-espagnole, dans la région de Mauléon (Basses-Pyrénées). »
«Cet agent m’a chargé d’organiser le réseau, à cet effet, j’ai loué sept chambres à Pau afin de recevoir les pilotes qu’il m’enverrait pour passer la frontière. J’ai contacté le passeur Mariano de Mauléon actuellement sous-lieutenant à la Première Armée. Ne voyant pas arriver les jeunes gens qui m’étaient annoncés, j’ai utilisé les chambres pour les personnes qui désireraient rejoindre les Forces Francaises libres au Maroc. L’agent de M. Dubois m’avait remis avant son départ la somme de 5000 euros pour couvrir mes premiers frais généraux. Pour des raisons qui me sont inconnues, je n’ai plus revu cet agent et comme mes moyens ne me permettaient pas de garder ces chambres, je n’ai plus effectué avec Mariano que quelques passages individuels ».
« Peu de temps après, j’ai également été contacté par M. VALENTIN, commissaire divisionnaire qui me demandait également de lui fournir des renseignements de ce qui se passait dans la région, il me demandait en outre de me mettre en relation avec le commissaire LERMS de la brigade de surveillance du territoire de Toulouse. J’ai accepté mais il ne m’a été possible de toucher à temps voulu le Commissaire LERMS.
« Fin 1942, le colonel BOUDOUBE (Ex-Ramena) m’a demandé de travailler pour lui afin de lui fournir tous renseignements utiles pour la résistance. C’est ainsi que j’ai pu lui signaler les départs de train allemands de munitions, opérations de police dans le maquis, mouvements de troupes allemandes etc…
« J’ai travaillé avec cet officier supérieur jusqu’à la libération de Pau, c’est à dire jusqu’au 20 août 1944.
« Début 1943, le commissaire de police LEMOINE, commissaire de police à la 17ème brigade de police de sûreté à Pau, m’a contacté afin de servir d’agent de liaison entre le P.C. de Pau et des membres du réseau AJAX à Toulouse. J’ai effectué une mission avec ce fonctionnaire au camp de concentration de Saint-Sulpice la Pointe, où nous devions faire évader des patriotes. Nous étions accompagnés dans cette mission par le nommé « MARTIN », Chef de réseau à Toulouse (plus tard arrêté et déporté par les Allemands). C’est à M. SALLES demeurant 21 rue Saint-Jérôme à Toulouse connu sous le nom du « BOULANGER » avec qui je devais effectuer les liaisons Pau-Toulouse.
« Au cours du mois d’août 1943, j’ai été averti par un informateur que dans la région de Toulouse la Gestapo était sur le point d’arrêter un certain nombre de patriotes, j’ai remis la liste des personnes qui devaient être arrêtées à M. SALLES qui lui, a fait le nécessaire. Cette liste portait environ une vingtaine de noms.
« J’ai eu cette activité jusqu’au moi de mai 1944, à cette époque là la Gestapo ayant découvert une partie de notre activité, nous avons du cesser pendant quelques temps de paraître.
« C’est alors que nous avons décidé pour notre propre compte d’organiser un convoi pour rejoindre les Forces Françaises Libres au MAROC. J’ai contacté à Pau diverses personnes, entre autres l’inspecteur GAIMARD, actuellement à la B.S.T. de Bordeaux, ainsi que trois inspecteurs de la P.J. de Toulouse.
« Le 6 juin 1944, le débarquement des alliés ayant eu lieu nous avons annulé notre départ et je suis rentré à Pau.
« Le 10 juin, les allemands ont effectué une opération de police dans un immeuble attenant à la Brigade Mobile de Pau, nous avons cru qu’ils venaient cerner le service et nous nous sommes enfuis. M. SPOTTI, Commissaire Principal de la Brigade a pris aussitôt le maquis en compagnie de l’Inspecteur MAYALI.
« Le soir même les inspecteurs ROIGNANT, FAUVEL, GERVAIS et moi-même avons décidé de contacter les camarades de la 17ème afin de connaître ceux qui désireraient nous suivre au maquis. Je fus chargé de cette mission. Le dimanche 11 juin, j’ai réussi à convaincre 21 inspecteurs sur 40 environ »
« Le départ ayant été fixé après accord avec le colonel BOUDOUBE, au 12 juin au matin, dans la nuit du 11 au 12 j’ai préparé les voitures, je les ai amenées dans un garage où mes camarades avaient rendez-vous dans la matinée, puis de retour à la brigade, j’ai chargé la dernière voiture avec des armes et munitions de notre service.
« J’ai soustrait dans le Bureau du Patron les dossiers concernant la Résistance ».
« Le 12 juin à 05h30, accompagné des inspecteurs ROIGNANT, GAIMARD et LOUSTAU (fait prisonnier, torturé et fusillé par les allemands), j’ai conduit cette voiture au dépôt d’armes de Rébénacq où nous étions attendus par le Lieutenant AURIN, commandant la compagnie Robespierre. J’ai remis armes, munitions et dossiers à cet officier. Quelques instants plus tard, les voitures portant nos camarades sont arrivées et c’est par eux que j’ai su qu’une demi heure environ après mon départ, les allemands s ‘étaient présentés à la Brigade mobile pour venir m’arrêter et qu’en même temps ils avaient effectué une perquisition à mon domicile, situé au 54 de la rue Castetnau à PAU.
« De concert avec l’inspecteur ROIGNANT, j’ai assuré la liaison entre notre groupe et la compagnie Robespierre »
« Le 13 au matin, nous avons reçu l’ordre du colonel BOUDOUBE de rejoindre le P.C. qui se trouvait situé à une vingtaine de kilomètres de notre camp. Le soir même vers 19h00,(il s’agit en fait du 14 juin, et non du 13) alors que nous nous apprêtions à exécuter l’ordre reçu, nous avons été attaqués par 300 S.S. Le combat a duré environ deux heures, mais la supériorité des ennemis en nombre, en armes et en munitions, nous avons été obligés de nous retirer en abandonnant un mort et trois prisonniers (les inspecteurs COTONAT, MOURLHON et LOUSTAU fusillés tous trois 2 jours après avoir été affreusement torturés). (ici encore, l’inspecteur LAURENS fait une erreur car c’est le lendemain du combat que ces trois inspecteurs sont fusillés).
« Avec l’inspecteur GERVAIS, nous nous sommes réfugiés dans une ferme du village de HAUT-DE-GAN. Après nous être mis en rapport avec le P.C., nous avons reçu l’ordre de rester sur place et de fournir des renseignements sur la région. »
« Durant ce laps de temps c’est à dire du 13 juin au 25 juillet 1944, j’ai participé à une attaque contre des camions allemands qui allaient attaquer le maquis de BUZY. Les allemands ayant découvert notre retraite, je suis allé me réfugier à IDRON. C’est dans ce village, que, en faisant du renseignement, j’ai découvert la fosse commune où étaient enterrés nos trois camarades, MOURLHON, COTONAT et LOUSTAU ainsi que deux maquisards inconnus. »
« Le 20 août, Pau étant libéré, je suis rentré et je me suis mis à disposition de mon Chef de Service qui était également de retour du Maquis »
La notation administrative de l’inspecteur LAURENS pour l’année 1944 montre un policier loyal et républicain. Sa vie privée, comprendre sa moralité est notée bonne à 17/20 comme sa tenue et son éducation. Ses aptitudes physiques sont évaluées à 19/20. Il est qualifié d’instruction primaire mais d’une culture générale étendue, il affiche là, un 18/20.
Sur la valeur professionnelle il obtient 17/20 avec les appréciations suivantes : « fonctionnaire dévoué et intelligent. Depuis la Libération, il fait fonction d’inspecteur de la Surveillance du Territoire ; il s’est révélé enquêteur de premier ordre. Très psychologue et un sens policier développé, a parfaitement réussi dans les enquêtes qui lui ont été confiées. Confiance entière. Excellent inspecteur S.T.
Sur ces appréciations, le commissaire divisionnaire précise qu’agent de la Résistance, l’inspecteur LAURENS n’a pas été promu à ce titre ; il démontre des sentiments républicains sûrs.
Les attestations faites par le lieutenant-colonel BOUDOUBE, par l’inspecteur Principal ROIGNANT, par le chef de la 17ème Brigade de PJ SPOTTI, par le Commissaire LEMOINE de cette même brigade mais appartenant au réseau « Alibi » mais également par des officiers des F.F.I. de Haute-Garonne viendront étayer une Résistance active de l’inspecteur.
Dans ces faits de Haute-Garonne il est question notamment de sauvetage de « pas mal » de résistants entre autres un boulanger de Bessières et un jeune réfractaire de Labarthe de Rivière.
La suite de cette période trouble de l’occupation verra des règlements de compte, des vengeances etc.. L’inspecteur LAURENS sera accusé de vols commis en 1943 et 1944. Une enquête diligentée entre 1945 et 1946 sur des accusations de vols commis lors de perquisitions notamment pendant la clandestinité viendront ternir le déroulement d’une carrière exemplaire même si aucune poursuite judiciaire ne sera engagée contre lui.
En effet, une plainte est déposée en décembre 1945 pour des faits du 20 septembre 1943 ! c’est une dame veuve Saint-Marc demeurant à Arthez d’Armagnac ; une somme de 11000 francs aurait alors disparue alors que des inspecteurs venaient enquêter sur un vol précédent d’un montant de 60000 francs !
Les inspecteurs BERTON et LAURENS saisis de l’enquête s’étaient rendus sur place. La somme de 11000 francs aurait disparu lors de la perquisition.
Une enquête menée par le Parquet de Pau puis de Mont de Marsan et les services de Police Judiciaire de Bordeaux ; aucune charge ne put être retenue contre les inspecteurs et un non-lieu fut rendu le 14 mai 1946 par le Juge d’Instruction finalement saisie de l’affaire ;
En parallèle une deuxième affaire est instruite contre l’inspecteur. En effet, il est mis en cause pour avoir avec d’autres commis des vols de numéraire au préjudice de deux cultivateurs, PELOUS Joseph et LOUSTALE Pierre de LASSEUBETAT.
Le premier déclarait avoir subi une attaque de deux hommes armés le 25 juillet 1944 vers 22h00 ; ils se présentaient comme deux hommes du maquis ; l’un tirait au plafond pour exiger de l’argent ; la famille délivrait finalement 66000 francs aux deux hommes.
Ces hommes remettaient aux PELOUS un bon de réquisition siglé des Francs-Tireurs et Partisans (d’obédience communiste) signé du chef départemental Maurice Roger. Un troisième homme se tenait à l’extérieur.
Les faits déclarés par le sieur LOUSTALE datés du 17 août 1944, également vers 22h00, sont quasiment identiques, y compris le coup de feu au plafond. Là, c’est 90000 francs qui sont saisis avec un nouveau bon de réquisition des FTP.
L’enquête diligentée par la Gendarmerie de Lasseube n’a pas permis de découvrir le mystérieux Maurice Roger.
Sur des planches photographiques où étaient présentées plusieurs photographies l’inspecteur LAURENS était reconnu et désigné par les deux familles comme le responsable du groupe de FTP. Les co-auteurs non reconnus. Cette affaire sera également classée par la suite aucune preuve n’ayant été trouvé.
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