Le 8 juin 1944, la Une du « Patriote des Pyrénées » titre sur « L’attaque anglo-américaine contre la côte normande » et annonce une circulaire du chef du gouvernement sur « les administrations et les services publics face à leur devoir ».

L’éditorial de Henri Sempé  » Nous n’avons qu’une chose à faire » insiste sur la nécessité de fidélité et d’obéissance au Maréchal Pétain.

 

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Reproduction de l’éditorial du 8 juin 1944 signé Henri Sempé.

 

Nous n’avons qu’une chose à faire.

Tout arrive, même les Anglo-Américains. Voici enfin venue l’heure qu’après l’avoir tant désirée, tant appelée de leurs vœux et de leurs prières, nos anglomanes les plus passionnés n’attendaient plus qu’avec crainte et tremblements, depuis que, par les bombardements aériens qui lui servaient de prélude et de préparation, ils pouvaient s’en faire une idée plus exacte. Nous voici entrés dans la phase ultime et décisive de la « libération » telle que trop des Français aveuglés par « un faux idéal patriotique » l’ont voulue et rendue inévitable. La plus grande bataille de cette guerre titanesque est engagée sur notre sol. La pauvre France, déjà ravagée, meurtrie, broyée, ensanglantée par le pilonnage incessant et aveugle des bombardiers libérateurs, va servir de champ-clos à la rencontre des plus puissantes forces de destruction et de mort qui se soient jamais affrontées. Sur ses villes et ses champs va passer l’effroyable ouragan de la guerre totale poussée à son dernier point de perfectionnement et à son dernier degré de férocité.

Au moment de cette nouvelle et suprême épreuve, par laquelle nous achèverons de payer non « le prix de la libération » comme on dit à Londres, mais notre obstination dans l’erreur, nous ne pouvons que répéter le conseil de vulgaire bon sens qui, depuis quatre ans, constitue le thème fondamental de nos articles quotidiens. Nous avons, dans notre infortune, dans notre impuissance et dans notre dénuement, la chance de posséder à notre tête un homme à la sagesse et aux vertus duquel les Français sont unanimes à rendre hommage. On en veut pour preuve que les acclamations délirantes qui, même à l’heure actuelle, montent vers lui, partout où il se présente, comme l’incarnation même de la patrie crucifiée mais immortelle, de sa grandeur passée et de ses espérances. Nous savons, d’autre part, ce qu’il en coûte de désobéir à ses ordres et de méprise ses avis.Le cyclone qui s ‘abat en ce moment sur la terre de France n’est que le châtiment de l’esprit d’indiscipline et d’orgueil. Si la dissidence ne s ‘était pas mise en travers de la politique du Maréchal, si elle n’avait pas ruiné ses efforts, la libération serait depuis longtemps chose faite aux moindres frais. Que de morts, que de souffrances, que de ruines nous nous serions épargné et dont on voudrait qu’elles fussent seulement inutiles !

Dès lors, si l’épreuve est terrible, le devoir est simple et clair. Nous n’avons qu’une chose à faire, ce que, jusqu’ici, pour notre plus grand malheur, nous n’avons jamais fait, du moins avec assez d’ensemble, d’exactitude et de loyauté : Obéir. Ce n’est qu’à force de discipline que, des conséquences de l’indiscipline, nous sauverons ce qui peut être sauvé.

Henri SEMPE

Encarts publiés à la une du numéro du 8 juin 1944.