Association  BPSGM          Les Basses Pyrénées dans la seconde guerre mondiale         64000 Pau

Archives mensuelles : janvier 2025

Procès d’un collaborateur. Réactions de la Résistance au verdict condamnant Fernand Main.

Le procès du collaborateur Fernand Main, dénonciateur de Henri Fraisse et Henri Lacabanne en 1943, est condamné en 1949 à 5 ans d’emprisonnement par la cours de justice de la Seine. Ce verdict, jugé trop clément, motive les réactions émises par les instances de la Résistance du département des Basses-Pyrénées.

 

 

Fiche signalétique de Fernand MAIN.

 

 

Fiche signalétique établie par la commission d’épuration du CDL des Basses-Pyrénées.

 

 

 

 

Réactions suscitées par la condamnation de F. Main à 5 ans d’emprisonnement.

 

 

Après l’affaire Fraisse et Lacabanne à Pau, selon un article paru le 5 février 1949 dans « le Berry républicain » , Main est condamné par les Allemands à 5 années de travaux forcés à la suite d’un cambriolage dans la Vienne puis déporté et il réussit à se faire rapatrier comme STO en 1945.

 

 

 

 

Fernand Main est arrêté début mars 1946 à Alger où il a trouvé refuge. Article du journal « Ce Soir » du 2 mars 1946.

 

 

 

 

La Cour de Justice de la Seine condamne F. MAIN à 5 ans d’emprisonnement le 5 février 1949. A. Bordelongue a été appelé à déposer comme témoin au cours de ce procès.

Le Comité Départemental de Libération(CDL), les associations de Résistants s’insurgent contre le verdict condamnant F. Main qu’ils estiment clément au regard de ses responsabilités dans la déportation et de la mort de H. Fraisse et de H. Lacabanne

 

Protestation du CDL. 

 

Comité département de la Libération Nationale

Parlement de Navarre

Pau

L’Association des Veuves de Fusillés, les Déportés de la Résistance, les membres des Organisations et Mouvements de Résistance des Basses-Pyrénées et des réseaux de résistance, profondément indignés par le verdict rendu le 5 février 1949 par la Cour de Justice de la Seine contre Fernand MAIN, coupable d’avoir arrêter les armes à la main et livrer à la Gestapo, les chefs résistants palois : FRAISSE et LACABANNE et d’être entièrement responsable de leur exécution par les Allemands.

Considérant que Fernand MAIN est le plus abominable des criminels puisqu’il a volontairement travaillé contre des Français patriotes pour le compte de l’ennemi et que sans aucun doute possible il a accompli un double crime :

Considérant que Fernand MAIN ne devrait sous aucun prétexte échapper à une condamnation à mort :

Protestent de toute leur force, étant sur d’exprimer l’opinion de toute la population patriote du béarnaise, contre l’indulgence inexplicable de la Cour de Justice de la Seine :

Demandent que tout soit mis en œuvre pour rechercher les cause et les responsabilités du verdict qui ne condamne MAIN qu’à 5 ans de prison :

Demandent aux autorités compétentes de rechercher les moyens de ramener MAIN devant une nouvelle Cour de Justice :

Se déclarent prêts à soutenir dans le pays une campagne de protestation jusqu’à ce que satisfaction leur soit donnée :

Assurent les veuves des Résistants FRAISSE et LACABANNE de leur dévouement et de leur sympathie devant l’injure qui d’être faite à la mémoire de leurs chers martyrs.

Liste de s signataires

A. BORDELONGUE, Président du CDL des Basse-Pyrénées et Chef Départemental MUR

H. BARADAT, Secrétaire général du CDL des Basses-Pyrénées et Président de la Fédération Nationale des Anciens de la Résistance

BOUDOUBE, Chef départemental FFI

COURET, Président de la commission d’épuration départementale

CHASSAGNE, Président du MLN

CLUCHAGUE, Président du Front National

DUPREUIL, Président de l’Association Départementale des Déportés de la Résistance

BERDANCE, Président de l’Association départementale de Déportés et Internés Patriotes

HUBERT, Président de l’Association Départementale des « Fils de Tués »

BERTRUC, Président de l’Amicale des Réseaux de Résistance

NECTOUTE, Président de l’Association Rhin et Danube et Corps Franc Pommiès

SALLENAVE L., Président des Anciens du Maquis « Le Béarn »

DICQUELOU, Président des Anciens FTP

VIGNAU, Président de l’Association Départementale des Anciens Militants de la Résistance

SIAIR, Président de l’Amicale du Corps Franc Raména

LAPORTE, Président de l’Association des Évadés de France

Allocution prononcée lors de la manifestation de protestation.

 

La Résistance départementale accomplit aujourd’hui un devoir douloureux. Ce devoir n’est pas seulement le sien. Il est aussi celui de tous les Français qui professent le culte de la patrie, sentiment irrésistible qui les fait se rejoindre et se confondre sans étiquettes d’opinions et de croyances au moment des dangers qui la menacent dans sa pérennité.

FRAISSE et LACABANNE restent dans nos cœurs comme un symbole du patriotisme.

Pour eux, la Patrie était à la fois un mot puissant et magique qui ne peut se discuter. Ils ne la concevaient que dans la pleine liberté de ses enfants.

PATRIE et LIBERTE furent le noble postulat qui les conduisit à cette vie tourmentée qui fut la leur.

La Patrie était meurtrie dans son honneur et dans ses biens. La Liberté n’était plus qu’un souvenir. Pour défendre la Patrie et reconquérir la Liberté, tous les sacrifices leur parurent légers.

C’est ici, dans ce restaurant de l’As de Trèfle, que se termina leur action patriotique dans les conditions douloureuses connues de tous aujourd’hui. Et chose plus douloureuse encore parce que plus abjecte, ce furent des Français qui trahirent leur confiance, qui les arrêtèrent revolver au poing, qui les frappèrent avec une brutalité inouïe et révoltante, qui les hissèrent ainsi que des loques humaines dans les voitures et qui les livrèrent inertes à la Gestapo allemande.

Et ce fut ensuite le douloureux calvaire, toute le gamme des tortures les plus odieuses leur fut appliquée. Mais le secret, ce secret que l’on attendait, et que, sans doute les souffrances atroces aiguillaient vers les lèvres se heurta toujours à des lèvres fermées et obstinément muettes.

Eux sont morts en héros pour avoir trop aimé et servi la France.

Pour les avoir trahis et pour avoir trahi la France, MAIN Fernand, a été condamné à cinq ans de travaux forcés seulement.

Deux veuves pleurent, deux enfants pensent au papa qui leur a été ravi.

Qu’importent cette affliction et ces regrets.

Dans deux ans, sans doute, MAIN Fernand sera libre ? A nouveau, il pourra reprendre cette vis de débauche qui a tari en lui toute dignité. A nouveau, à l’occasion, il pourra trahir la France, il pourra trahir d’autres Français puisqu’il en coûte si peu.

L’esprit se refuse à cette injustice des hommes, car ce sont des hommes du peuple qui ont jugé.

Un appel a minima s’imposait. Il n’a pas été interjeté par le Commissaire du Gouvernement, seul qualifié.

Il appartient au Gouvernement lui-même, dont la responsabilité morale tout au moins se trouve engagée, dans ce procès d’exception de réparer cette injustice. Elle constitue une atteinte grave à la mémoire de nos morts, à la douleur de leurs veuves et de leurs enfants.

Envers et contre toutes les règles de la procédure, nous lui demandons de reconsidérer ce verdict, de préciser les responsabilités pour que triomphent enfin dans ce pays et la morale et la justice.

Tous, dans l’ordre et le silence digne d’une telle manifestation, nous allons nous diriger vers la Préfecture pour y déposer une protestation motivée et signifier à M. le Préfet notre volonté résolue.

Réaction de l’association des Combattants de la Paix.

 

Combattants de la Paix et de la Liberté                                                                                                     Pau, le 15 fév. 1949

Anciens FFI – FTPT

9, rue Latapie M. Baradat

23, av. de la Résistance

Monsieur et cher ami,

Les Combattants de la Liberté et de la Paix vous invitent à assister à la réunion qui aura lieu jeudi soir à 17h30 et aura à son ordre du jour la question suivante :

ACTION A ENGAGER pour OBTENIR condamnation à mort

de Fernand MAIN dénonciateur et responsable de la mort

de FRAISSE et LACABANNE

Nous pensons qu’à la suite du verdict rendu par la Cour de Justice de la Seine , vous comprendrez l’importance de cette réunion.

En effet, l’indignation des Palois est certaine, il importe de la manifester.

Comptant sur vous, nous vous prions de croire l’assurance de nos sentiments patriotiques.

                                                                                                                                                                           Pour le secrétariat

                                                                                                                                                                                   Dicquelou

 

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