Association  BPSGM          Les Basses Pyrénées dans la seconde guerre mondiale         64000 Pau

Archives mensuelles : septembre 2016

LAULHE Benoit. Résistance spirituelle 45: Mgr Edmond Vansteenberghe.

   vansteenberghe                                                                                                                                     

     MGR EDMOND VANSTEENBERGHE

 

Benoit LAULHE – La Résistance dans les Basses-Pyrénées – Master U.P.P.A. – 2001 –

Fiche n°45.

 

 

                Si le haut clergé français est longtemps critiqué pour son attentisme ou pour son manque de résistance face à l’occupant, il est dans notre département un exemple-type de ce qu’est un véritable opposant au régime nazi, un résistant dévoué et obstiné : l’évêque de Bayonne, Monseigneur Edmond Vansteenberghe.

            Il est le symbole du courant résistant doctrinal1 dans les Basses-Pyrénées.

            Nommé évêque de Bayonne le 15 octobre 1939, trois mois après le décès de Mgr Houbaut, ce chanoine, originaire du Nord (Wirmezeele), docteur en théologie, spécialiste d’histoire moderne et professeur à l’université de Strasbourg, montre dès son arrivée dans le diocèse, par son prône d’entrée dans la cathédrale², le 21 décembre 1939, son engagement et sa volonté de lutter contre le fascisme. Critiquant notamment les pratiques totalitaires allemandes, il évoque dans son texte le retour de l’athéisme et du « culte des nouvelles idoles qui s’appellent le sang et la race » dans « un immense pays jadis chrétien »². Cette dénonciation est peu de temps après confirmée par la première lettre pastorale du nouvel évêque, le 7 janvier 1940.

            Ainsi, durant toute la guerre, Mgr Vansteenberghe ne cesse de réaffirmer son refus et sa condamnation. Son poste son statut et son influence font ainsi de son action résistante symbolique, un exemple pour tous les croyants et les ecclésiastiques de la région.

            Toutefois, une ombre ternit peu de temps après sa nomination la grande aura de ce prélat. Son accueil favorable au maréchal Pétain, mais surtout son invitation à la prière pour ce dernier et pour la réussite de son gouvernement, avec un hommage à son action, fin 1940, donnent en effet à l’évêque une image de maréchaliste convaincu. Il est vrai que Mgr Vansteenberghe espère trouver au début de la guerre dans le chef de l’Etat une source de renouveau pour les valeurs traditionnelles afin de modifier cette société dite sclérosée moralement. Il s’en écarte cependant, comme beaucoup de Français à l’époque, lorsque le maréchal et son gouvernement se lancent dans une politique de collaboration et de rapprochement avec l’Allemagne et lorsqu’il prend part aux mesures contre les juifs et pour le STO (Service du Travail Obligatoire).

Rentrant alors avec plus de virulence dans l’opposition à l’occupant et à ses alliés, l’évêque de Bayonne travaille pour rendre publiques ses idées de résistance et pour entraîner derrière lui un maximum de croyants. Dans la résistance, cela se concrétise dans un premier temps par la lecture d’oraisons très engagées telles Contra paganos (Contre les païens), diffusée et réaffirmée lors de nombreux offices dans le département, mais aussi par des lettres pastorales qui font allusions aux « mythes néo-­païens », aux « faux prophètes »¹ et dans l’ensemble aux nombreux dangers du nazisme. Cependant, l’une de ses prises de positions les plus marquantes et les plus courageuses reste sans doute celle liée à la parution le 10 septembre 1942, de l’article Fraternité dans le bulletin diocésain. Dans ce dernier il s’élève contre les persécutions des juifs, suivant ainsi le modèle des évêques Saliège et Théas.

Cette ferme condamnation des «injustices» contre la « personne humaine inviolable et sacrée »³, la seule d’un évêque en zone occupée, tout en restant pacifiste et non violente, amène l’occupant à interdire la production et la diffusion du bulletin. Le chef de la propagande allemande (la Propagandastaffel du capitaine Meyer) justifie par la suite son choix en adressant à Vansteenberghe une lettre dans laquelle il lui reproche, en citant les passages, une prise de position trop antiallemande qui peut inciter les lecteurs à la désobéissance.

L’évêque réagit à cette mesure en adressant à son tour à l’état-major allemand à Biarritz, une lettre de protestation dans laquelle il évoque l’interdiction de parution comme une « persécution religieuse »², qui n’empêche en rien la diffusion du message puisque le texte circule d’églises en églises par les prêches des prêtres. Cependant, les différents recours et moyens de contestations épuisés et sans résultats, l’évêché décide en réaction d’éditer en zone non occupée, à Pau, un nouveau bulletin baptisé A l’est de la ligne qui diffuse les communications épiscopales et les décisions qui émanent du diocèse, outrepassant ainsi en partie les sanctions allemandes.

Critiqué par la presse collaborationniste qui ne voit en lui qu’un « prélat imprudent, fidèle speaker de Churchill » ou encore un « émigré juif »4  (Lucien Combelle), harcelé par les Allemands qui placent en permanence une sentinelle devant l’évêché et à son domicile, déstabilisé par l’administration militaire qui cherche à plusieurs reprises à le destituer par l’envoi de nombreuses lettres de critiques adressées à l’épiscopat français et au gouvernement de Vichy, Mgr Vansteenberghe mène jusqu’au bout son combat sans jamais céder à la pression.

L’une de ses dernières et plus importantes manifestations reste sa Solennelle exhortation adressée le 14 mars 1943 à la cathédrale de Bayonne à la « jeunesse du STO déportée en pays lointain » 5. Dans son prône, il demande à ces victimes de trouver dans les exemples des nombreux « peuples enchaînés mais victorieux » présent dans la bible, l’espoir qui leur permet d’affronter cette épreuve. Le 25 avril, il pousse son engagement jusqu’à conseiller aux jeunes de refuser et de fuir le départ et la déportation. Cet acte extrêmement dangereux pour les Allemands amène ces derniers à exercer de fortes pressions pour le faire partir. Cette action reste malgré tout vaine. L’évêque se montre alors en effet encore plus hostile en refusant à l’occupant la cathédrale pour la célébration de ses cultes. Les nazis sont donc obligés à chaque fois de réquisitionner militairement le lieu de prière pour leurs propres offices.

Résistant jusqu’au bout de ses forces, Mgr Vansteenberghe décède naturellement en plein combat, le 10 décembre 1943. A son enterrement, devant une immense foule, Mgr Choquet reconnait dans son homélie qu’il « était fortement imprimé dans son âme de revendications de liberté, même quand l’autorité, quelle qu’elle soit, outrepasse ses droits ou abuse de sa puissance » 6.. Remplacé par Mgr Terrier, lui aussi résistant, il reste malgré tout pour les croyants et tous les membres du clergé du diocèse, un modèle et un symbole de dévouement et d’engagement, un résistant doctrinal exemplaire, malheureusement trop isolé.

1 Moreau R. L’âme basque, Bordeaux, Ulysse éditions, 1982, 704 p.

²  Fabas P. Aspects de la vie religieuse dans le diocèse de Bayonne, 1905-1965, Bordeaux, Thèse de l’université de Bordeaux III, 1989, 538 p. Prône d’entrée dans la cathédrale de Bayonne, le 21 décembre 1939.

³ Vansteenberghe Mgr.  “Fraternité”, in  Bulletin diocésain, septembre 1942

4  Fabas, Idem, Article paru dans un organe de presse collaborationniste écrit par Lucien Combelle

5   Idem, Prône  aux requis pour le STO prononcé à la cathédrale, le 14 mars 1943

6  Idem, Homélie prononcée à l’enterrement de Mgr Vansteenberghe par Mgr Choquet le 10 décembre 1943

 

 

Bruges-Capbis-Mifaget. Meurtre et incendie par des maquisards espagnols. 25 juillet 1944. Rapport de gendarmerie.

Rapport de gendarmerie établi à la suite du meurtre, le 25 juillet 1944, de Lasserre Pierre cultivateur à Capbis. Ce meurtre est concomitant d’un incendie volontaire de bâtiments agricoles . Les auteurs de cet attentat sont désignés comme étant 2 Espagnols appartenant à un maquis. Le frère de la victime, hôtelier à Cauterets, propriétaire de la… Lire la suite