Association  BPSGM          Les Basses Pyrénées dans la seconde guerre mondiale         64000 Pau

Archives mensuelles : mars 2016

LOUSTAUNAU-LACAU Georges, un Français rebelle.

7296617358

Biographie rédigée par Didier Raillard à partir du livre « Mémoires d’un Français rebelle. Servitude et grandeur militaires entre PETAIN et de GAULLE », publié par Georges Loustaunau-Lacau en 1948.

 

Loustaunau-Lacau (Georges, Augustin, Anselme) est né le 17 avril 1894 à Pau, 8, rue d’Orléans.

 

 

Il effectue ses études secondaires au lycée de Pau, prépare le concours d’entrée à Saint-Cyr au lycée de Bordeaux. Il intègre l’école militaire en 1912 (promotion Montmirail). Dans le cadre de cette école, il effectue un an de service au 42ième de ligne à Belfort dans un contexte très marqué par l’esprit de revanche « Alsace-Lorraine ».

Le militaire.

A la déclaration de guerre, il est affecté au 132ième de ligne qu’il rejoint à Reims. Au cours du conflit, il passe par les champs de bataille de la Marne, de Verdun où il fait connaissance de Pétain, de l’Aisne, du chemin des Dames, de Lorraine. Il gravit la hiérarchie militaire au combat : sous- lieutenant le 15/08/1914, lieutenant le 02/07/1915, capitaine le 09/06/1916. Il est décoré de la croix de guerre avec palmes, il est promu à l’ordre de la Légion d’Honneur en avril 1917, sur le champ de bataille, à l’âge 23 ans. Il reçoit 5 citations au cours du conflit : 11/11/1914, 06/06/1916, 21/05/1917, 01/09/1917, 17/02/1918.

Pour consulter les citations .

4833Le capitaine Loustaunau-Lacau est affecté jusqu’en octobre 1922 dans unité de troupe d’occupation, en Allemagne. Il suit les cours de l’école de Guerre (promotion 20/24) avec de Gaulle comme condisciple et termine major de sa promotion. Après une nouvelle affectation en Allemagne (de novembre 1924 à juillet 1925), il part pour le Maroc (guerre du Rif) dont il rentre en janvier 1926.Il occupe ensuite différents postes d’Etat Major avant d’obtenir, après sa promotion au grade de chef de bataillon (22/12/1931) le commandement du 24ième régiment de chasseurs alpins de juin 1932 à septembre 1934. Il est élevé au grade d’officier de le Légion d’Honneur le 17 décembre 1933.

Loustaunau Lacau commence alors une carrière « de cabinet » au ministère de la guerre : Pétain, Maurin. Il quitte ce ministère à l’arrivée de Fabry en mars 1935 et entre alors au cabinet de Pétain, au conseil supérieur de la guerre. Dans cette position, Loustaunau-Lacau considère qu’il est prioritaire de lutter contre deux maux qui affligent les forces armées : une fausse conception de l’art militaire héritée du précédent conflit et en décalage avec les moyens mécaniques disponibles dont s’équipe l’Allemagne, une destruction du moral des troupes due en particulier à l’influence des idées communistes. A partir de ce double constat, il considère qu’il faut alerter l’opinion et nettoyer l’armée de l’influence communiste. Il publie des articles dans Le Figaro en 1937. Il crée, avec un réseau d’officiers acquis à ces idées, le réseau Corvignolles qui parvient par des actions de pression à faire dissoudre des cellules communistes œuvrant au sein de l’armée. Ces activités considérées comme subversives lui valent d’être mis en « non activité » par décret du 28 février 1938. Bien qu’ayant eu des contacts avec Deloncle, Doriot, La Roque, etc.. , Loustaunau-Lacau réfute toute compromission avec l’extrême droite comme il le répétera au procès du « Plan Bleu » en 1946.

Recherchant des vecteurs pour diffuser ses vues politiques et militaires, Loutaunau-Lacau crée les revues « Barrage» et « Notre Prestige » dans lesquelles il publie sous le pseudonyme « Navarre » des articles politiques et de stratégie militaire.

Réintégré dans les cadres d’active de l’armée, il est affecté au 123ième régiment d’infanterie sur la ligne Maginot en Lorraine puis en Alsace. En mars 1940, Loustaunau-Lacau est muté à l’état major de la 35ième division. Suite à des rumeurs de scandale politico-financier, il est arrêté sur ordre de Daladier, mis en forteresse à Mutzig, jugé en conseil de guerre à Paris et bénéficie d’un non-lieu.

De retour au front en pleine bataille de France, il rejoint le 9 juin 1940 le 12ième régiment de zouaves avec lequel et quelques troupes regroupées il dirige la bataille de Heilz-l’Evèque (13, 14 juin) au cours de laquelle il est gravement blessé. Fait prisonnier, il est hospitalisé à Mourmelon puis à Châlons-sur-Marne d’où il s’évade le 16 août.

Une entrée en résistance très précoce.

Après quelques semaines de convalescence à Oloron-Sainte-Marie, le commandant Loustaunau-Lacau rejoint Vichy à la mi-septembre. Avec l’appui de Pétain qu’il rencontre personnellement, il devient délégué général de la Légion des Combattants créée le 29 aout 1940. Cette position lui permet de parcourir la zone libre au prétexte de la mise en place des sections locales de la Légion. Ainsi, le 7 octobre 1940, avec son ami Henri Saüt, il crée l’antenne de Pau « organe secret de résistance » qui préfigure le réseau « Alliance ».

L’activation de ces réseaux met en évidence ambiguïté entretenue par Loustaunau-Lacau quant aux buts de cette initiative, entre fidélité à Pétain et résistance à l’occupant. Finalement, il est démis de ses fonctions au sein de la Légion à la mi-novembre 1940.

Tout en restant basé à Vichy qu’il ne quittera que le 28 mars 1941, le commandant Loustaunau-Lacau poursuit la mise en place des cellules locales du réseau « Alliance ». Son opposition à de Gaulle est telle que, malgré l’intercession de Fourcaud, son réseau reste indépendant de la France Libre. Par contre, il entre en contact avec l’Intelligent Service britannique et rencontre à Lisbonne, le 14 avril 1941, « le Commodore », en l’occurrence le Commander Cohen chef de la section française de l’I.S. Les Anglais acceptent alors de financer  et d’approvisionner en matériel le réseau qui a été mis en place et va se développer. A la date du 15 mai 1941, Loustaunau-Lacau estime que « le réseau de combat Navarre-Alliance est solidement implanté dans le sol de France. Les communications radio, entre son poste de commandement et la direction britannique, sont quotidiennes ». Il ne reste que l’Afrique du Nord à intégrer dans la mouvance du réseau.

Pour cette raison, Loustaunau-Lacau se rend à Alger, sous un faux nom (Lambin) le 22 mai 1941. Avec le commandant Faye, sous-chef d’état-major de l’Air-Afrique, déjà impliqué dans la mouvance « Alliance », il organise des rencontres préparatoires et, le 22 mai, au cours de la réunion décisive, ils sont arrêtés sur dénonciation. Avec l’appui du commissaire de police Achiary, il parvient à s’évader le 25 mai et rejoint son équipe à Pau.

Le 18 juillet 1941, Loustaunau-Lacau est arrêté par la police française. Il est incarcéré à Clermont-Ferrand et jugé par le tribunal militaire le 15 octobre 1941 en même temps que ses co-inculpés d’Alger pour menées anti-nationales . Le commandant Faye, condamné à une peine de principe, est libéré et reprend ses activités clandestines. Il est, quant à lui, condamné à 2 ans d’emprisonnement. Il bénéfice d’une remise de peine mais est assigné à résidence le 15 octobre 1942 à Vals-les-Bains.

La santé de Loustaunau-Lacau se dégradant du fait de ses blessures, il est transféré en clinique à Marseille puis à Toulouse et à Albi avant d’être à nouveau incarcéré, le 24 novembre, dans l’hôtel – prison d’Evaux-les-Bains où il côtoie Herriot, Champetier de Ribes.

La déportation.

mathausen_0001_NEW
Dessin original de M. de Riquier donné à son ami G. Loustaunau-Lacau.

 

Le 31 mars 1943, Loutaunau-Lacau est livré à la Gestapo. Il est placé sous la responsabilité de Geissler, le chef de la Gestapo pour la zone libre, est emprisonné à Clermont-Ferrand où il subit de nombreux interrogatoires et est victime d’exactions. Finalement, il est envoyé à Paris et déporté au campde Mauthausen sous le matricule 37788, le 15 octobre 1943.

Participant à un commando de travail à l’usine FOW dans la banlieue de Vienne, il parvient à survivre. Il évoque une ambiance de solidarité entre détenus français, mais aussi des actes de résistance, de sabotage, de trafic et de complicité avec les Français sous statut S.T.O. travaillant, eux aussi, dans le même complexe industriel. A l’approche des troupes soviétiques, le jour de Pâques (1er avril 1945), les S.S. évacuent le commando pour rejoindre Mauthausen au prix d’une des plus terribles marches de la mort.

 

 

 

Le retour.

en pied_NEW
Mai 1945

 

 

Le 9 mai 1945, Loustaunau-Lacau rentre en France et rejoint Pau. Il ne pèse plus que 38kg.

 

 

 

 

Loustaunau-Lacau est cité comme témoin au procès de Pétain en juillet 1945.

Résumé du témoignage

Il est mis en cause dans l’affaire dite « Plan bleu » en 1947, de nouveau incarcéré et jugé. Il est acquitté à l’issue de ce procès.

Loustaunau-Lacau est élu député des Basses-Pyrénées le 17 juin 1951 (groupe des Français Indépendants). Il décède le 11 février 1955, à Paris, le jour de sa nomination au grade de général.

dso

 

 

Le Général Loustauanu-Lacau a été promu membre du « Distinguished Service Order » par le Roi d’Angleterre Georges VI en septembre 1946.

 

 

 

Pour en savoir plus:

Loustaunau-Lacau, biographie de l’Assemblée Nationale.

Hommage de Marie Madeleine Fourcade. 6 mai 1984 .

Références bibliographiques:

 

:Belot (Robert), La Résistance sans de Gaulle; politique et gaulisme de guerre, Fayard, Paris, 2006, 668 pages.

Epstein (Simon), Un paradoxe français. Antiracistes dans la collaboration, antisémites dans la résistance, Albin Michel, Paris, 2008, 624 pages.

Loustaunau-Lacau (Georges, général), Mémoires d’un Français rebelle. Servitude et grandeur militaires entre PETAIN et de GAULLE, ROBERT LAFFONT,Paris, 1948, 365 pages.

Vergez-Chaignon (Bénédicte), Les Vichysto-Résistants de 1940 à nos jours, Perrin, Paris, 2008, 775 pages.

Weber (Mathieu), Biographie d’un Français rebelle, Mémoire de maitrise, Université Nanterre Paris X, 2003.

Du même auteur:

Au Maroc français – 1925.
L’Infanterie de la Reichswehr – ouvrage collectif – 1928.
La Chaîne : Fichier pour l’instruction complète des recrues de l’infanterie, à l’usage des instructeurs de tous grades et comprenant 24 programmes d’instruction, 1.000 fiches – ouvrage collectif – 1934-1939.
Chiens Maudits. Souvenirs D’un Rescapé Des Bagnes Hitlériens, Dessins de M. de Riquer, Éditions du Réseau Alliance, sans date.
Consuls, prenez garde ! Avec le colonel Georges-André Groussard, Grasset, 1952
Les Charbons de la Ruhr.

 

Prisonniers de guerre allemands au camp du Polo Beyris de Bayonne (dépôt 189) 1944 – 1947

     Contribution transmise par Claire Frossard et le collectif « Pour la Mémoire du Camp du Beyris ».     Le camp du Polo Beyris (1939 – 1947) Le quartier Beyris, aux limites de Bayonne et d’Anglet, disposait au début du XXème siècle d’un terrain de polo, sport équestre très prisé de la clientèle aristocratique qui fréquentait… Lire la suite

Aussevielle. 17 Août 1944. Sabotage de la Route Nationale 117.

  A Aussevielle, dans la nuit du 16 au 17 août 1944, une action de harcèlement de la Résistance provoque une interruption de la circulation routière sur la route nationale 117 (voie de Toulouse à Bayonne). Une explosion provoque des dégâts au tablier du pont routier qui enjambe la rivière « Ousse des Bois », des platanes… Lire la suite

Libération de Lescar. Incendie au quartier Saint Joseph.

  Les troupes allemandes d’occupation auraient, le même jour,quitté Lescar ainsi que Pau et les installations du champ d’aviation du Pont Long. Elles cantonnaient à Lescar au quartier Saint Joseph dans des bâtiments appartenant à la paroisse de Lescar. Avant de quitter les lieux, une partie de ces bâtiments a été volontairement incendiée. Louis Poullenot… Lire la suite

CAZABAN Maurice.

    Mr. Cazaban Maurice, né à Higuères-Souye le 06/05/1924. Texte dicté par Maurice Cazaban à son épouse Cathie et transmis à l’association par leur fille Michèle Cazaban en mai 2011. Récit d’un témoin oculaire des combats de Higuères-Souye du 10 juillet 1944.        Agé de 20 ans, je suis convoqué au Conseil… Lire la suite

ZANARDI André

    Zanardi André, né le 1er juillet 1927 à St-Rémy-de-Maurienne (73). Décédé le 21 décembre 2010 à Poey-de-Lescar       Déporté à Auschwitz à l’âge de 15 ans et demi, il fut un acteur important du devoir de mémoire auprès des jeunes de la région. Une implication sans faille Interné dans les camps de… Lire la suite