Association BPSGM Les Basses Pyrénées dans la seconde guerre mondiale 64000 Pau
Le fusillé inconnu d’Idron. Léon CORAN?
CORAN Léon Georges
Né le 17 octobre 1899 à Preignac (Gironde).
Fils de Julien Coran et de Pascaline Labeyrie,
Marié à Léa Dufrechou (née le 4 avril 1913), le 12 octobre 1935.
Domicilié chez sa cousine Adèle Pabon-Labeyrie à Aire-sur-l’Adour –40-
Fils de garde-barrières.
Les indications sur celui qui était jusqu’à cette année l’Inconnu d’Idron sont parcellaires et peu précises mais les témoignages de la famille couplés aux quelques documents détenus permettent d’établir certains faits.
1939-40, Georges Coran est mobilisé comme Timonier au sein de la Marine nationale. Puis c’est la défaite de l’armée française puis l’armistice signé par le nouveau chef de l’Etat Français, le maréchal Pétain.
En 1942, Georges Coran se trouve Bordeaux, il y tient un café, cours du Maréchal Pétain qui s’appelle « Le petit bar ». Il est marié à Léa Dufrechou.
Son couple « bat de l’aile » et Georges Coran rejoint Aire-sur-l’Adour où une partie de sa famille vit. Il se met au service de Adèle Pabon-Labeyrie, cousine de son mari.
Avant la guerre, chaque année, Georges Coran était « tireur » de corde dans les courses landaises, son frère Joseph était un très célèbre écarteur. Il revenait donc au « pays » et servait de factotum chez Adèle Pabon-Labeyrie.
Des activités de résistance de Georges Coran on ne sait rien sauf que son cousin Raoul Pabon déclarera (aux gendarmes enquêtant en juin 1950 sur son arrestation par les Allemands) qu’il appartenait au Mouvement « Combat » ce que démentira à cette même époque le responsable de « Combat ».
Depuis une recrudescence d’attaques de convois allemands aux alentours d’Aire-sur-l’Adour, et la mort de plusieurs soldats, les allemands mettent sous état de siège la ville landaise dès le 13 juin 1944. Une kommandantur provisoire est installée à l’Hôtel Terminus, non loin de la mairie. Ils viennent de Pau et de Mont-de-Marsan.
Le maire René Méricam est menacé de mort, des fouilles, perquisitions ont lieu, dans des bâtiments, des maisons. Des barrages de filtrage ont lieu a toutes les entrées de la ville, et sur le Pont qui enjambe l’Adour.
C’est dans cet atmosphère lourde que Georges Coran se trouve Avenue du 13 juin (autrefois appelé route de Bordeaux), à côté de la « pension Dupouy » (actuellement face au « LIDL », la pension a été remplacé par le magasin « Passion Fleurs ») . Il travaille avec le nommé Gaston Mouchez dans une prairie pour le compte d’Adèle Pabon.
Une patrouille allemande les contrôle, les fouille, Georges Coran est roué de coups, il est ramené avec Gaston Mouchez, les mains sur la tête jusqu’au pont qui enjambe l’Adour puis à la Kommandantur. Il en sort quelques instants plus tard encadré par les Allemands et à le temps de lâcher en patois à son cousin présent devant l’hôtel Terminus, « quey soy foutut » (je suis foutu) .
Il est emmené à Pau ce même 14 juin. Il est interrogé et torturé le 15 juin puis sera fusillé à Idron au Lanot entre 18h00 et 20h00.
Qu’est ce qui a fait que les Allemands ont libéré Gaston Mouchez quelques jours après et qu’ils ont torturé puis fusillé Georges Coran ?
Gaston Mouchez est décédé en 1948 et n’a donc pas été entendu par les gendarmes qui enquêtèrent en juin 1950. Seuls des témoignages peu précis permettent d’établir que la fouille de Coran par les Allemands est déterminante. Il est fouillé puis battu et ramené manu militari.
La famille parle d’un carnet compromettant, d’une arme ou d’une lettre à son épouse dans laquelle il lui fait part de son intention de réserver une balle aux Allemands.
Le Maire de l’époque pense que Coran « avait en sa possession un carnet avec de vagues notes qui pouvait laisser penser qu’il appartenait à la Résistance ou, en tous cas, qu’il était hostile aux hitlériens ».
Quant à moi, je pense que Georges Coran, envoyait à sa femme qu’il essayait de reconquérir, une lettre dans laquelle il voulait joindre une balle peut-être en espérant impressionner et reconquérir sa femme.
Ce qui est sur c’est que si Georges Coran a été emmené à Pau par les Allemands, c’est qu’ils voulaient le « faire parler » et ce, suite à son contrôle et à la fouille dont il a fait l’objet. D’autre part, il se savait « foutu » quand il part pour Pau, il sait qu’il ne pourra pas s’en sortir, alors avait-il des secrets de Résistance à garder ? c’est du moins ce que les Allemands pensaient, sinon il l’auraient fusillés sur place.
Son corps non identifié à la Libération, il fut enterré avec les honneurs au cimetière de Pau à côté de la tombe de Michel Loustau. Le numéro d’exhumation et de sépulture est le N°49 (qui fait suite au 47 corps du charnier du Pont Long exhumés les mêmes jours d’août 1944). Ensuite, en juin 1962, son corps fut transféré dans une toute nouvelle nécropole à La Doua Villeurbanne sous le numéro carré E, rang 5, tombe 6
Les premiers indices ayant conduit à orienter les recherches vers la personnalité de Léon Coran sont contenus dans une lettre-carte adressée à M. Le Préfet des Basses Pyrénées en août 1944 au moment de l’exhumation des corps des charniers du Pont Long.