Association BPSGM Les Basses Pyrénées dans la seconde guerre mondiale 64000 Pau
13 novembre 1942. Compte rendu quotidien du préfet.
13 novembre 1942, surlendemain de l’invasion de la zone libre, le Préfet Ducommun transmet son compte rendu quotidien à Vichy.
Lettre du Préfet
P.L./ L.G. PAU, le 13 novembre 1942.
C.D. N°1037Cab
Le Préfet des Basses-Pyrénées
à Monsieur le Chef du Gouvernement, Ministre
d’Etat à l’Intérieur
Secrétaire général pour la Police
Cabinet.
Objet : Compte rendu de la journée du 13 novembre 1942.
J’ai l’honneur de vous confirmer et de compléter, par les renseignements ci-dessous, le compte rendu téléphonique que j’ai fait, ce jour, enfin d’après-midi à votre Cabinet.
Contrairement à ce qui m’avait été déclaré, hier, par le FELDKOMMANDANT de BIARRITZ dont je vous relatais la visite dans mon compte rendu de la journée du 12 novembre, celui-ci n’est pas rentré à BIARRITZ, mais a couché à PAU à l’hôtel de France dans la nuit du 12 au 13.
Ce matin, dès 9h , il a manifesté le désir de se rendre dans la Vallée d’OSSAU afin d’y visiter les usines de production d’énergie électrique, il m’a demandé, à cet effet, de le mettre en rapport avec un technicien qualifié.
Je lui ai fait alors proposer de se rendre à la sous-préfecture d’OLORON où il trouverait, avec le Sous-Préfet, un ingénieur spécialiste des Ponts-et-Chaussées dont le siège se trouve dans la même ville ; tous deux l’auraient accompagné et se seraient rendu compte de ses intentions.
Le Feldkommandant de BIARRITZ a effectué sa visite accompagné de ses seuls officiers ; mon collaborateur l’a attendu vainement à la Sous-Préfecture.
Prévenu du passage du Feldkommandant à LARUNS, il s’est rendu lui-même dans cette localité, mais à son arrivée les officiers avaient terminé leur inspection et étaient repartis sur PAU.
Des postes de garde allemands ont été, d’ores et déjà, installés dans les différents usines de production d’énergie électrique de la S.N.C.F.:3 hommes à ARTOUSTE, 2 au HOURAT et un détachement plus important à MIEGEBAT.
Je signale à votre attention que les troupes stationnées à LARUNS y effectuent des vérifications d’identité, opérations de police qui, selon vos instructions, sont de l’exclusive compétence des autorités françaises.
A URDOS, de même, les postes allemands fonctionnent comme poste de police à la sortie de France et ont arrêtés un certain nombre de voyageurs qui, munis régulièrement d’un visa de sortie, se dirigeaient vers CANFRANC – 14 d’entre eux ont été arrêtés, 9 ont été relâches et les 5 autres auraient été dirigés sur ORTHEZ (zone occupée) ; il s’agirait d’une famille d’israélites français et d’un israélite d’origine suisse qui étaient parfaitement en règle du point de vue des lois françaises.
Je me propose de faire établir quels ordres ils ont reçu et de quelles autorités , en vue d’obtenir le respect de vos instructions.
A AIRE-sur-l’ADOUR, un officier de la Base aérienne allemande de MONT-de-MARSAN est venu visiter le terrain d’aviation en vue, semble-t-il, de procéder à son occupation et à son utilisation par les Forces aériennes allemandes.
Du fait de ces projets, j’ai demandé et obtenu de la Direction de la Défense passive, le classement d’AIRE-sur-l’ADOUR dans les localités dites de Ière urgence.
Je tiens à vous signaler, d’autre part, que la situation actuelle de la ligne de démarcation est susceptibles de donner lieu à de nombreux incidents.
Les autorités militaires françaises ont, en effet, replié leurs troupes et la Gendarmerie se propose d’en faire autant ; il ne restera donc plus, sur la ligne, que des douaniers en nombre nettement trop faible et qui, du fait de leur répartition, ne peuvent actuellement assurer un service suffisant ;
Je me propose d’examiner avec l’Inspecteur divisionnaire des Douanes, un plan d’utilisation de ses effectifs qui permette de contrôler les principales voies d’accès ; étant donné, cependant, la faiblesse des effectifs il ne peut s’agir là que d’une solution provisoire dont le maintien ne saurait être envisagé sans de graves inconvénients.
En effet, de nombreuses personnes, convaincues de bonne foi de la suppression de la ligne de démarcation, se sont engagées en direction de la zone occupée, au delà de la limite autorisée et ont été appréhendées par les douaniers allemands en patrouille.
Par ailleurs, un flux de marchandises semble se produire vers la zone occupée où les tarifs plus élevés constituent un élément d’attraction important.
J’espère, par le contrôle des points de passage principaux, arrêter cette évasion de marchandises nécessaires à la vie économique de de la région paloise. Il semble qu »une mise au point serait nécessaire afin de prévenir les populations riveraines des conditions actuelles de la circulation interzone.
En ce qui concerne la circulation transfrontalière, rien de spécial n’est à signaler. Les passages continuent à s’effectuer régulièrement pour les passagers munis des titres nécessaires.
Les autorités espagnoles semblent manifester une certaine satisfaction des événements d’Afrique du Nord ; elles pensent obtenir, à la suite de ces événements, une nette amélioration du ravitaillement de leur pays.
L’officier allemand, commandant la section d’URDOS, a rencontré aujourd’hui, au col du SOMPORT, le Gouverneur de la province d’HUESCA en présence de carabiniers. L’entretien a été bref ; les intéressés se sont ensuite séparés pour rejoindre leurs résidences respectives.
Les Allemands du poste de PEYRANERE ayant constaté que les gendarmes français se repliaient sur les FORGES-D’ABEL (poste situé à 3km en deçà de la frontière) ont désiré faire de même et ont présenté une demande de réquisition pour un immeuble des FORGES-D’ABEL en vue d’y abriter des effectifs qui occupaient le Chalet de PEYRANERE.
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Du point de vue de la répartition des effectifs à PAU, les hôtels BRISTOL et BEAUMONT sont réquisitionnés par la Kommandantur ; le Princess-Hôtel abrite l’Etat major du Bataillon stationné dans le département.
Les officiers sont répartis dans de nombreuses chambres d’hôtel en ville et les sous-officiers et hommes de troupe sont logés dans différents bâtiments, réquisitionnés à cet effet.
Les effectifs qui s’étaient installés au camp d ‘IDRON ont demandé à se replier sur PAU où ils ont été logés dans deux bâtiments (Hôtel des Champs-Élysées et hôtel SOUVESTRE).
Le Préfet
Sources : AD 64 1031W156
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