Association  BPSGM          Les Basses Pyrénées dans la seconde guerre mondiale         64000 Pau

12 novembre 1942. Compte rendu quotidien du préfet.

12 novembre 1942, lendemain de l’invasion de la zone libre, le Préfet Ducommun transmet son compte rendu quotidien à Vichy.

 

 

 

 

Lettre du Préfet

 

Pau, le 12 novembre 1942.

Le Préfet des Basses-Pyrénées

à Monsieur le Chef du Gouvernement, Ministre

Secrétaire d’Etat à l’Intérieur

Secrétaire général pour la Police,

  • Cabinet –

VICHY

Objet:Compte rendu de la journée du 12 novembre .

Comme suite à mon rapport de la journée du 11 novembre et à ma communication téléphonique de ce jour, j’ai l’honneur de vous rendre compte que j’ai reçu à 15h, la visite du FELDKOMMANDANT de BIARRITZ accompagné du KREISKOMMANDANT de SAINT-JEAN-de-LUZ et de trois de leurs collaborateurs.

De notre entretien, il résulte que la compétence du FELDKOMMANDANT s’étendrait d’ORTHEZ jusqu’à PAU et de PAU jusqu’à la frontière espagnole (Col du Portalet). Le KREISKOMMANDANT de SAINT-JEAN-de-LUZ s’installerait à PAU.

Faisant état des déclarations du Chancelier HITLER dans sa lettre au Maréchal, Chef de l’Etat, et dans son message au peuple français, j’ai demandé à l’un et à l’autre quelles seraient exactement leurs attributions.

Il m’a été répondu que le KREISKOMMANDANT de SAINT-JEAN-de-LUZ n’avait actuellement à se préoccuper que de la question des cantonnements.

Quant au FELDKOMMANDANT, sa principale préoccupation m’a paru être d’éviter et, le cas échéant, de réprimer les sabotages. A cet effet, il m’a demandé  un de ses collaborateurs qualifiés en rapport avec le Commandant de la Gendarmerie en vue de la détermination et de la garde des points sensibles l’intéressant plus particulièrement, en l’espèce, les centres de production, transformation et distribution de l’électricité.

A quoi j’ai répondu que la détermination des points sensibles étant faite sous son autorité, les contacts nécessaires devaient être pris avec mon Secrétaire Général ; toutes instructions utiles seraient ensuite données par mes soins à la Gendarmerie.

J’ai précisé que les auteurs de sabotage seraient arrêtés et qu’il leur serait fait application de des lois françaises.

J’ai aussitôt après demandé des explications sur quelques arrestations qui avaient opérées dans la région de LARUNS et des EAUX-BONNES. J’ai su, ensuite, que les personnes arrêtées ont été remises en liberté.

Après notre entretoise, le FELDKOMMANDANT a repris le chemin de BIARRITZ.

Je n’ai reçu qu’ensuite votre télégramme n°17.557 dont la teneur m’a pleinement confirmé que la position prise était celle que vous attendiez.

Avec la visite du FELDKOMMANDANT de BIARRITZ, le fait saillant a été l’occupation de la base aérienne du PONT-LONG à 8km au nord de PAU qui a été réalisée au début de la matinée par 200 hommes et 3 officiers. Un avion a atterri en fin de matinée transportant un général d’aviation et quelques officiers qui ont immédiatement pris possession du terrain et semblent dès maintenant envisager de l’utiliser.

Durant la matinée, par intervalles, des camions et des automobiles transportant des troupes des gendarmes allemands et même une compagnie cycliste ont traversé la ville de PAU se dirigeant vers TARBES.

Après 18h, une patrouille cycliste de 7 militaires allemands a parcouru la ville qui poursuit son activité normale.

A signaler qu’en divers points du département et de la ville de PAU, les nouveaux arrivants ont répandu des tracts imprimés reproduisant le texte du message du Chancelier HITLER aux Français, Officiers et soldats de l’armée française.

A la fin de la journée, demeuraient à PAU avec le KREISKOMMANDANT 60 gendarmes et 6 officiers allemands ainsi qu’une compagnie ; en outre, un bataillon stationne au camp d’IDRON à 4km à l’est de PAU.

Le logement des hommes et des officiers a été assuré par voie de réquisition de deux garages et de chambres d’hôtel.

Aucun changement au fort du Portalet où la section casernée à URDOS détache une sentinelle qui, le jour, se tient au corps de garde et qui, la nuit, prend faction à l’étage des deux détenus.

Aucun incident n’est à signaler. La population demeure calme mais aussi quelque peu surprise de voir s’installer à demeure des troupes et des services ; elle attend, non sans anxiété, les déclarations et décisions du Gouvernement.

Le Préfet

Sources : AD 64 1031W156

Editorial publié à la Une du Patriote des Pyrénées daté du 12 novembre 1942.

Pour accéder à la Une du Patriote des Pyrénées daté du 12 novembre 1942: cliquer ici.

 

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