Association BPSGM Les Basses Pyrénées dans la seconde guerre mondiale 64000 Pau
11 novembre 1942. Compte rendu quotidien du préfet.
11 novembre 1942, j
our de l’invasion de la zone libre, le Préfet Ducommun transmet son compte rendu quotidien à Vichy.
P.L./L.G. Pau, le 12 novembre 1942
C.S.D./ 028
Le Préfet des Basses-Pyrénées
à
Monsieur le Chef du Gouvernement, Ministre,
Secrétaire d’État à l’INTERIEUR
Cabinet du Ministre
à Vichy
Objet : Compte-rendu de la journée du 11 novembre.
Conformément aux instructions que vous avez bien voulu m’adresser à ce sujet, les mesures d’ordre et les précautions nécessaires ont été prises en vue d’éviter dans mon département, toutes les manifestations à l’occasion de la journée du 11 novembre.
Celle-ci s’est déroulée dans le plus grand calme et aucun incident notable n’est à signaler, en dehors, bien entendu, du passage des troupes allemandes qui ont franchi la ligne de démarcation au cours de la journée.
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A 7h50, la gendarmerie d’AIRE/ADOUR signalait le passage de troupes allemandes se dirigeant vers LABASTIDE d’ARMAGNAC (z.n.o. Des Landes) – Pau après 8h, était signalé par la gendarmerie de MAULEON, le passage d’un autre contingent, vers NAVARRENX et et OLORON (B.P.).
A 8h45, 2 colonnes motorisées sont arrivées simultanément à PAU par 2 voies différentes (R.N. N° 117 et 645).
Après un arrêt d’une heure dans cette ville, ces deux colonnes sont reparties en direction de TARBES.
Pendant ce temps, la colonne parvenue à OLORON se divisait en deux éléments qui se dirigeaient, l’un et l’autre vers les frontières pyrénéennes – le premier sur URDOS (Vallée d’Aspe), le second vers LARUNS (Vallée d’Ossau).
Au poste frontière de PEYRANERE (commune d’URDOS) 10 douaniers allemands se sont installés à coté du poste français de Gendarmerie ; ces douaniers ont demandé au Chef de Poste français de disposer de 10 literies complètes et d’un stère de bois de chauffage – Satisfaction leur a été donnée.
Au village d’URDOS, les hommes se sont installés à l’Hôtel des Douanes.
Enfin, toujours dans la même commune, un détachement s’est arrêté au Fort du PORTALET et a pris contact avec les autorités militaires de la Forteresse.
Il a été convenu entre celles-ci et le chef du détachement que le personnel militaire de surveillance resterait sur place et que, seuls 3 agents allemands demeureraient à l’intérieur du Fort pour s’assurer de la présence des 2 détenus.
A LARUNS, 30 hommes, commandés par un officier ont organisé leur cantonnement ; aucun contact n’a eu lieu, dans cette localité, avec la gendarmerie.
Aucune difficulté n’est survenue, aucun incident n’est à signaler.
Les officiers commandant les 2 colonnes qui ont traversé PAU dans la journée n’ont pris contact qu’avec les autorités militaires ( 18ème R.I.) ; ils ne se sont pas mis en rapport avec les autorités civiles ( Préfecture, Mairie, etc..) -Il en a été de même à OLORON.
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La population, au cours de cette journée, est demeurée parfaitement calme ; son attitude semble, au moins partiellement, due à l’effet de surprise et de stupeur causées par le passage inattendu des troupes occupantes.
Dans les localités importantes (PAU, OLORON, etc…) les services d’ordre organisés aux abords des Monuments aux Morts n’ont pas permis de manifestations, même individuelles de quelque nature que ce soit.
A TARDETS, chef lieu de canton, voisin de MAULEON, une gerbe de fleurs a été déposée devant le Monument aux Morts, au cours de la nuit du 10 au 11 novembre ; elle a été enlevée dès le matin du 11 par la Gendarmerie qui a ouvert une enquête sur l’auteur de ce geste.
Au cours de la même journée, des inscriptions gaullistes ( V et Croix de Lorraine) ont été tracées sur les chaussées dans quelques points de la ville de PAU.
A une douzaine de kilomètres de cette ville, à MORLAAS, 20 ouvriers des Chantiers ruraux se sont présentés au Directeur local des chantiers à l’heure normale du travail et lui ont fait connaître qu’ils entendaient chômer à l’occasion du 11 novembre – Ces travailleurs ont rejoint individuellement leur foyer sans autre manifestation. – Une enquête de Gendarmerie est en cours à leur sujet.
A l’usine de établissements C.M.V.O. à IZESTE, des ouvriers sont arrivés avec une heure de retard ; – Une enquête est effectuée afin d’établir l’origine des consignes qui ont motivé ce dernier.
A PAU, en début d’après-midi, une tentative de rassemblement peu importante a été faite par des élèves du Lycée de garçons qui se sont immédiatement dispersés en voyant arriver les gardiens de la Paix qui n’ont même pas eu à intervenir.
En résumé, les directives données par les éléments communistes et gaullistes pour la journée du 11 novembre n’ont aucunement été suivies dans la zone non occupée des Basses-Pyrénées et des Landes.
Je crois devoir vous signaler de manière particulière que l’officier de douane allemand, chef du détachement installé au Poste frontière de PEYRANERE (route du Somport) a prévenu les gendarmes de ce poste que la frontière était fermée pendant 48 heures ( en attendant, a-t-il déclaré, des instruction qu’il recevrait ultérieurement de ses Chefs).
Un fonctionnaire français (l’Ingénieur des ponts et Chaussées de MAULEON) s’étant rendu à un chantier situé près de la frontière, au-delà du Poste de PEYRANERE, a été prévenu, à son retour, par l’officier de douane allemand, qu’il ne pourrait, le lendemain, se rendre au-dit chantier.
En l’absence de directives au sujet de la conduite à tenir à l’égard des militaires et des fonctionnaires allemands nouvellement arrivés en zone libre, je n’ai pas cru devoir intervenir dans cette affaire qui n’a, d’ailleurs, donné lieu à aucun incident regrettable.
Toutefois, afin d’éviter tout équivoque, je vous serais très obligé de me faire parvenir, par l’un des plus prochains courriers, vos instructions à cet égard, notamment en ce qui concerne la surveillance des postes frontière.
Le Préfet
Ce courrier porte la mention manuscrite « confidentiel »
Sources : AD 64 1031W156
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