Association  BPSGM          Les Basses Pyrénées dans la seconde guerre mondiale         64000 Pau

LESCAR. UNE EXPLOSION DETRUIT LA GARE. 9 JUIN 1944

 

LESCAR. 9 JUIN 1944.

Une explosion détruit la gare.

 

 

Cet événement n’est pas répertorié par Louis Poullenot dans Basses-Pyrénées, Occupation, Libération, 1940-1945, J & D Editions,  Biarritz, 1995, 366 p.

Par contre, il est mentionné (page 147) par Denis Labau dans Lescar, chronique d’une cité du Béarn au XXème siècle, Marrimpouey Successeurs, Pau, 1985, 232p.

 

 

Le journal « L’Indépendant des Basses-Pyrénées » en donne la relation suivante dans son édition du 10 juin 1944.

 

Une formidable explosion détruit

la gare de Lescar.

Trois morts et deux blessés graves.

               Vendredi matin, vers 1 heure, des requis civils en faction sur la ligne de chemin de fer de Pau à Bordeaux, découvraient sur la voie à proximité de Lescar, une dizaine de bombes. Pensant que ces engins étaient inoffensifs, ils s’en emparèrent et les transportèrent dans les locaux de la gare où les autorités qu’ils avaient l’intention de prévenir, aux premières heures de la matinée, pourraient en prendre possession.

                Ce n’est qu’une heure plus tard, au moment de la relève que l’accident se produisit. Dix hommes, ceux qui venaient de terminer leur faction et ceux qui allaient la prendre, se trouvaient réunis au rez-de-chaussée de la gare où ils se passaient les consignes, lorsque les pétards firent soudain explosion.

                La formidable déflagration pulvérisa entièrement la salle dans laquelle ils se trouvaient. Lorsque, alertés par cette détonation, des habitants du village arrivèrent sur les lieux, ils ne trouvèrent qu’un amas de décombres sous lesquels gisaient les malheureux requis. Les secours s’organisèrent aussitôt. Après de longs efforts, on réussit à dégager les victimes parmi lesquelles se trouvaient trois morts et deux blessés graves. Tous sont domiciliés à Lons. Les morts sont MM. Cassou René, 46 ans, tanneur, Saint-Martin, 40 ans, ouvrier chez M. Cassou et Schmoulivitz Pierre, 19 ans. Les blessés, MM. Saignalet Gabriel, 40 ans, cultivateur et Bonnelucq Joseph, 36 ans, atteints par des éclats furent immédiatement transportés à l’hôpital où leur état fut jugé grave.

                Parmi les autres victimes de ce tragique accident, signalons également M. le chef de gare de Lescar, sa femme et son enfant qui n’ont fort heureusement été que très légèrement contusionnés.

                Dès que la nouvelle de cet accident a été communiquée M. le Préfet s’est immédiatement rendu sur les lieux. Après s’être incliné devant les corps des victimes, il a présenté ses vives condoléances aux familles.

Denis Labau publie, dans l’ouvrage cité en référence, le témoignage de Bonnelucq Joseph qui fut grièvement blessé lors de cette explosion.

               «  Sous l’occupation allemande, les communes riveraines de la voie ferrée devaient assurer la surveillance de la voie contre tout acte de sabotage. Pour cela, le maire réquisitionnait huit hommes. Quatre, pour la première garde qui avait lieu de 21 à 2 heures, et quatre autres assuraient la seconde garde de 2 à 7 heures.

                  Dans la nuit du 8 au 9 juin 1944, muni d’un ordre de mission qui servait de laisser-passer, je me rendais à la gare de Lescar, pour prendre mon service de garde à 2 heures. Quand je suis arrivé, le chef requis m’a montré un chapelet de bombes qui avait été trouvé par la première équipe de garde, sur la voie ferrée à hauteur de l’allée menant au château d’Ariste, et déposé dans la salle d’attente; au même moment, les bombes explosaient, tuant trois hommes, en blessant deux, dont l’un grièvement (moi) et détruisant la gare en grande partie; j’ai été enseveli sous les décombres.

                A 100 mètres de là, se trouvait le dépôt d’essence Shell, occupé par les Allemands qui furent pris de panique. Ils tiraient des rafales de mitaillette et lançaient des grenades de tous côtés. Ils me prirent pour un terroriste et me blessèrent grièvement. Je reçus les premiers soins du Docteur Barrère, avant d’être évacué sur l’hôpital de Pau où je fus soigné par les médecins F.F.I. Jacques Petit et Pierre Gaucher ».

A Lons, une plaque apposée rue du Souvenir rappelle cet événement et la mort des 3 victimes.

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