Association  BPSGM          Les Basses Pyrénées dans la seconde guerre mondiale         64000 Pau

Les policiers fusillés d’Idron. Pierre COTONAT

COTONAT Pierre

Né le 06 février 1905 à Barbazan (Haute Garonne)

Fils de Emmanuel Cotonat (boulanger) et de Cardoux Jeanne

Marié avec Parache Joséphine en décembre 1928.

Ils ont deux enfants, René né le 23/05/1933 à Saint-Clar (32) et Christiane née le 02/01/1940 à Arbas (31).

Catholique.

 

Après son service militaire dans la Marine Nationale effectué sur le bâtiment « Loiret » en 1925, il rejoint Barbazan mais ses parents réserve la boulangerie familiale au frère jumeau Alphonse.

Le 31 mai 1928, l’ex-matelot est nommé garde républicain à pied stagiaire à la 2ème Légion de Garde Républicaine Mobile, Peloton mobile N° 52 sis à Bergerac.

Le 30 juin 1928, il est enfin arrivé et « pris en solde » à Bergerac. Il sera titularisé garde à pied le 29 juin 1929. Il prête serment à Bergerac devant le Tribunal de Première Instance en juillet 1929.

Le 1er décembre 1930, il est nommé sous-officier de carrière.

 

jeunerue pasteur

Le 04 mai 1931, il est à Royan au Centre d’Instruction Physique. Il en sortira instructeur.

Le Peloton Mobile de Pierre Cotonat est envoyé à Marseille sans que les militaires ne sachent le but de ce déplacement. Ils resteront plusieurs jours dans cette ville. Pierre Cotonat a la chance de croiser un « barbazanais » et copain qui finira général de gendarmerie Emile Cathoulic (1904-1983) et qui, comme officier connaît la raison de ce déplacement.

Dès le 06 novembre, Pierre pourra envoyer des nouvelles à sa femme et son prochain départ pour l’ile de Beauté.

Du 07 novembre 1931 au 02 février 1932, la Garde Républicaine Mobile où le garde Cotonat est affecté est envoyée en Corse en …sous marin. , le Calypso.

Le 28 juin 1932, Pierre Cotonat obtient le trop fameux « certif » ; le Certificat d’Etudes Primaires, il a 27 ans et c’est dans la Gendarmerie qu’il l’obtient !

Puis, le 08 août 1932, il est affecté à la 17ème Légion de Gendarmerie. Il sera affecté successivement à la brigade de Saint-Clar (Gers) où naîtra un fils René en mai 1933 , Luchon où il se trouvera en « première ligne » pour accueillir les réfugiés espagnols fuyant la guerre civile. Leur travail consiste alors à désarmer les Républicains fuyant leur patrie et les canaliser ; Le Gouvernement français les fera interner dans des camps comme à Gurs, au Vernet etc..

Il confiera à sa femme Joséphine son émotion devant la détresse de ces familles parties sans rien emporter, accompagnées parfois d’enfants en bas âge. Le garde Cotonat prend alors son service le matin pour canaliser cet afflux de personnes et prend, soit du pain, soit des fruits pour les distribuer à quelques enfants de réfugiés qui arrivent exténué dans le plus grand dénuement.

C’est ainsi que les jours et les mois passent à Luchon.

L’autre événement qui marquera Luchon et ses gendarmes, en 1938, c’est la mort du docteur Arlaud, célèbre pyrénéiste qui se tuera aux Gourgs-Blancs. Les gendarmes recueilleront la dépouille du praticien toulousain, avant-gardiste, créateur du G.D.J. (Groupe des Jeunes).

Ensuite le gendarme Cotonat est affecté à Brigade d’Arbas, entre Comminges et Ariège. Le climat y est bien plus agréable qu’à Luchon. Il y restera jusqu’en 1941. C’est là également que naît, le 2 janvier 1940 sa fille Christiane.

De septembre 1939, date où l’Angleterre et la France ont déclaré la guerre à l’Allemagne, au 10 mai 1940, la période dite de la « drôle de guerre », le quotidien à Arbas ne change pas beaucoup. Les mobilisés sont en attente dans les casemates de la Ligne Maginot et dans les casernes.

Les gouvernants et parlementaires français clament pour une majorité que les Français gagneront la guerre contre les Allemands puisque la Ligne Maginot est là et plus simplement parce que « nous sommes les plus forts ».

Il faudra un mois à la puissante armée allemande mécanisée pour écraser la défense française, qui contrairement à la légende s’est battu héroïquement. Pas loin de cent mille morts en un mois !

La suite, c’est le discours du Maréchal Pétain, dans lequel il dit qu’il va demander « un armistice, dans l’honneur » ; Joséphine Cotonat confiera il y a quelques années que cette scène au moment de l’annonce du vainqueur de Verdun a bouleversé son mari.

C’est en août 1941 que le gendarme Cotonat offre sa démission fort de sa réussite au concours d’Inspecteur de Police après avoir suivi des cours par correspondance. Il jette alors son képi par la fenêtre de leur appartement.

C’est par arrêté du 16 août 1941 que Pierre Cotonat est nommé Inspecteur de la Police Nationale stagiaire des Renseignements Généraux, à la Surveillance du Territoire à PAU. A l’époque ces deux entités ne sont pas des directions indépendantes.

C’est une vie nouvelle qui s’ouvre à la famille Cotonat. C’est à Pau, 13 passage Fossié, dans le quartier « Alsace-Lorraine » que la famille s’installe.

Le service où travaille Pierre Cotonat est situé au 19 rue Pasteur à Pau, entre la rue Montpensier et la rue Carnot.

C’est peu de temps avant que le Maréchal Pétain, Chef de l’Etat Français se rend dans les Basses-Pyrénées en visite officielle.

Son chef hiérarchique amené à le juger au bout de « …moins de trois mois… » estime que « …venant de la gendarmerie [il] serait davantage à sa place dans une brigade de P.J. …»

En 1942, il lui accorde une confiance entière ; c’est un policier sérieux et travailleur, qui fait de son mieux. Toutefois –c’est confirmé par le Préfet- ses capacités acquises dans la gendarmerie seraient mieux utilisées s’il était dans une autre branche de la police. Il est vraisemblable que dans les circonstances de l’époque, l’Inspecteur Cotonat ne doit pas « faire de zèle » ; sa mort apportera la preuve de son engagement pour la résistance.

En 1943, il est noté « ponctuel, discipliné. Remplit sa tâche de son mieux, avec conscience… » mais l’Intendant Régional de Police estime qu’il « ne paraît pas à sa place dans un service de police de sûreté » (la P.J. avait pris cette nouvelle appellation en octobre 1942).

La situation empire pour Pierre Cotonat en 1944 puisque le Secrétaire Général au Maintien de l’Ordre (Jospeh Darnand, milicien) ordonne au Préfet de Toulouse (la P.J. de Pau dépend à cette époque de la Direction sise dans la Ville Rose) d’ « inviter l’intéressé [Cotonat] à faire preuve de plus de zèle et d’activité dans l’exercice de ses fonctions…. » il est menacé que « …dans le cas où il ne tiendrait pas compte des observations qui lui ont été adressées…il serait radié des cadres… ».

La réponse du Commissaire Spotti à sa direction toulousaine puis au Secrétaire Général du M.O. montre que le chef de service gagnait du temps en « couvrant » ses subordonnés, la voici :

« Le Préfet Régional de Toulouse, Intendance de Police à Monsieur le Chef du Gouvernement, ministre de l’intérieur, Secrétariat Général au maintien de l’Ordre, Direction générale de la Police Nationale, Direction du Personnel, du Budget et du contentieux de la Police, 1er bureau, Vichy ».
Objet : A/S de M. COTONAT
Ref : votre dépêche N°5085 du 21 mars.

« En réponse à votre dépêche citée en référence, j’ai l’honneur de vous faire connaître que l’inspecteur Cotonat Pierre, de la 17ème Brigade Régionale de Police de Sûreté à PAU à amélioré ses connaissances professionnelles et qu’il accomplit actuellement sa tâche avec conscience et bonne volonté. »
« Son chef de brigade se déclare satisfait de ses services et sans vouloir préjuger de l’avenir, il semble que l’inspecteur Cotonat dont les notes professionnelles étaient insuffisantes, ne donnera pas dorénavant nature à reproche. »
« Signé P/ le préfet Régional, l’Intendant de Police Délégué ».
L’inspecteur Cotonat appartient au mouvement « COMBAT » puis au Noyautage des Administrations Publiques (NAP) comme Agent P1 ( Agent temporaire d’un réseau de renseignements qui conserve sa profession normale) du 01/12/1942 au 13/06/1944 où il devient Agent P2 (Agent permanent d’un réseau de renseignements entièrement payé par le réseau et ne s’occupant plus que du renseignement) ; il sera Sous-Lieutenant de la Résistance (Forces Françaises Combattantes) à la date du 1er juin 1944.

Le 10 juin 1944, il est de ceux qui s’échappent par les fenêtres du 19 rue Pasteur à Pau où siège la Police Judiciaire avec son chef le commissaire SPOTTI et une quinzaine d’inspecteurs alors que les Allemands bouclent le quartier. Il reviendra à son service le 12 juin avec des collègues pour s’emparer des armes, des voitures et du matériel de la brigade avant de rejoindre provisoirement le Maquis de Rébénacq.

L’attaque du maquis par les Allemand débute le 14 juin 1944 alors que le contingent des « mobiliards » palois s’apprête à rejoindre le P.C. de la Résistance à Saint-Faust.

Ils sont quelques uns à être aux avant-postes, au bord de la route alors que le gros du maquis se trouve sur une colline.

L’Inspecteur Cotonat est blessé au bras lors du combat et fait prisonnier tout comme ses camarades Michel Loustau et Louis Mourlhon. Il seront conduits à Pau, torturés puis fusillés le lendemain entre 18h00 et 20h00 au Bois du Lannot sur la commune d’Idron. Les inspecteurs Narp et Gaimard sont blessés mais parviennent à s’enfuir.

L’inspecteur Fauvel, camarade de maquis est arrêté ce même 15 juin puis sera enfermé au Fort du Hâ de Bordeaux puis transféré par le « Train Fantôme » à Melk (annexe de Mathausen) où il mourra le 25 décembre 1944.

Pierre Cotonat est Chevalier de la Légion d’Honneur, Médaillé Militaire, Croix de Guerre avec Palme, Médaille de la Résistance (1946), Médaille de la Police Nationale, Médaille des Internés-Résistants et Internés-Politiques.

 

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